▪ Le marché du pétrole est un marché régulé ! Et qui dit régulation, dit contrôle des prix. La régulation… vaste question. C’est le thème central choisi par le G20 cette année. Nicolas Sarkozy, à grands coups d’envolées lyriques et de menaces ciblées, a condamné sans nuance les spéculateurs de l’énergie.
« Haro sur les spéculateurs ? » Très bien, sauf que le marché est déjà extrêmement contrôlé… par les producteurs eux-mêmes ! Les producteurs du Golfe ne peuvent pas se permettre une baisse du baril. La structure de leur pouvoir est déjà contestée par les révoltes dans le monde arabe. Une baisse des cours leur ferait perdre leur seul outil de pouvoir. Ainsi, les cours du pétrole sont étonnement restés calmes depuis deux mois, alors qu’ils sont censés se faire l’écho de l’activité économique mondiale.
Pourtant les occasions de baisse n’ont pas manqué. Septembre a tout emporté sur son passage. Métaux, softs, auto… tous ont chuté. Mais si le pétrole a finalement perdu 10% en septembre, il est resté étonnement stable comparé au décrochage des Bourses.
Aujourd’hui, les fondamentaux plaident déjà pour une stabilisation du pétrole. Les acteurs pourraient avoir souffert à tort des krachs d’août et de septembre. Après leur violent dévissage de l’été, octobre pourrait être le mois des opportunités. Suivez le guide !
▪ Septembre a fait le tri
Les résultats du secteur de l’énergie en septembre ont été pour le moins déroutants. Alors que le baril passait brièvement en dessous de plusieurs seuils psychologiques (80 $ pour le WTI et 100 $ pour le Brent), les valeurs du pétrole s’éparpillaient sur les marchés.
Le STXE Oil & Gas a reculé de 1,6% et son équivalent américain, le NYSE Energy, a perdu 13%. Mais ces baisses gomment des différences importantes. Alors que des sociétés comme GDF Suez ou Tullow sont arrivées à arracher quelques points de hausse, le secteur des parapétroliers a sombré corps et biens.
Le PHLX Oil Service Sector a perdu plus de 20% en septembre, coulé par des vedettes comme Valourec ou CGGVeritas.
Si cette baisse s’explique par des capacités excédentaires dans le secteur de l’exploration, le marché a cependant clairement donné des bons points à certaines valeurs. Et ce alors que les craintes grandissent sur un possible ralentissement mondial…
▪ Incertitudes sur l’activité économique…
C’est toute la question de ces derniers mois : où va l’économie mondiale ? Si le FMI a mis les pieds dans le plat mercredi en parlant d’une possible récession dans les pays développés en 2012, la bonne santé de l’économie mondiale reste incertaine.
Et lorsque l’on parle d’économie mondiale, on parle de la Chine. Les inquiétudes sur sa santé commencent à être oppressantes. Encore lundi dernier, Le Monde titrait : « et si le moteur chinois calait lui aussi ? »
Tension, crispation et panique… pourtant le baril semble épargné.
▪ … mais confiance sur le pétrole
Les producteurs du Golfe l’ont confirmé, en dessous d’un baril en dessous des 100 $, les gouvernements ont du mal à boucler leur fin de mois. Ce constat n’est pas anodin. Les pays producteurs s’inquiètent de la trop grande volatilité des cours. Lors de la crise libyenne, l’Arabie Saoudite a déployé ses réserves supplémentaires pour contrôler la flambée des cours du Brent. Mais l’inverse est vrai aussi. Si les cours baissent trop, les pays producteurs prendront des mesures. Et le regain de tension en Syrie les pousse actuellement à garder un baril cher.
Mais au côté de la problématique arabe, les fondamentaux du marché plaident pour une stabilité du baril. L’explication, elle est simple : les stocks sont vides !
▪ 2011 n’est pas 2008
La croissance européenne et américaine risque de caler, réveillant les vieux démons de 2008. Et pour tout dire, la comparaison est cohérente.
Hypertrophie de la dette, assèchement des liquidités, affolement politique… oui, les scénarios ont des éléments de ressemblance, sauf pour le pétrole ! L’offre apparaît bien moins abondante.
Les stocks de pétrole américain révélés mercredi dernier sont en nette baisse comparés aux estimations de l’Energy Information Administration. Ils ont chuté de 4,7 millions de barils, alors que l’agence américaine attendait une hausse de 1,5 million de barils. Il n’en fallait pas plus pour que le WTI remonte au-dessus des 80 $.
De manière générale, les stocks de pétrole de l’OCDE sont bien plus bas qu’en 2009. Alors qu’ils représentaient 200 millions de dollars en mars 2009, ils sont en baisse de 25 millions de barils cette année. Peu probable de voir les cours tomber vers les 40 $. Pour 2012, J.P. Morgan a même publié des prévisions voyant un Brent à 115 $ en 2012.
Devant ce relatif optimisme, les plus confiants vont vouloir profiter des décotes des acteurs de l’énergie. Attention, le choix est large, mais les vraies opportunités rares.
▪ Quelle valeur suivre ?
La demande en pétrole n’est pas répartie équitablement sur le globe. Encore une fois, les émergents sont à la manoeuvre. Ainsi les producteurs et les acteurs exposés aux émergents possèderont clairement une longueur d’avance sur un possible rebond de l’énergie.
Total (-2,2% en septembre) ou Shell (-0,4% à Amsterdam) représentent des valeurs sûres du marchés, bien exposées aux émergents. Leurs productions attendues en hausse dans les années à venir devraient également rassurer les marchés.
Pour les investisseurs plus spéculatifs, des sociétés plus petites pourraient profiter d’un rebond de l’énergie en fin d’année.
Ainsi BG Group, qui a perdu plus de 6% sur le mois, pourrait se redresser rapidement grâce à sa diversification et son exposition aux émergents.
Première parution dans l’Edito Matières Premières du 06/10/2011.