▪ L’histoire du pétrole, c’est l’histoire d’une offre de plus en plus chère et d’une demande toujours plus élevée. Andrew Hall nous a raconté cette histoire. Il est président de Phibro, une entreprise de négoce de matières premières. Sa présentation a souligné tous les pièges de notre ravitaillement en pétrole pour le moins précaire. Le Royaume-Uni, la Norvège et le Mexique sont tous sur le déclin, et chacun de ces pays était un producteur majeur de pétrole brut il n’y a pas si longtemps. L’Indonésie, l’un des membres fondateurs de l’OPEP, est désormais un importateur de pétrole net.
Il est vrai que plusieurs nouvelles découvertes ont été faites. Comme le signale Hall, ce sont toutes des sources de pétrole onéreuses. Et toutes les nouvelles découvertes vont avoir du mal à compenser le déclin des sources existantes. Ajoutez-y le risque potentiel de retards et de dépassements de coûts et Hall pense qu’il y a peu de chances d’avoir de bonnes surprises.
La clé de cet argument réside dans la courbe actuelle des coûts de remplacement du pétrole mondial. Le coût marginal moyen pour produire 84 millions de barils de pétrole par jour — la demande actuelle — est de 70 $ par baril. En d’autres termes, si le prix du pétrole passe au-dessous de ce niveau et y reste un certain temps, la production marginale devient coûteuse… ce qui signifie que la production va certainement chuter.
Qui plus est, le coût de production continue à augmenter. Il y a moins de 10 ans, le coût marginal était de seulement 25 $ le baril. La courbe n’a donc fait que monter depuis.
▪ Il y a également une sorte de réaction en boucle. Les coûts les plus élevés, dans la production du pétrole, sont le prix du fer et le prix du pétrole lui-même. Donc, comme le prix du pétrole augmente, cela signifie que le coût de l’extraction augmente lui aussi. Le rendement obtenu sur l’énergie investie est un autre élément en plein déclin. Dans les années 30, ce rendement était au-dessus de 100/1. Dans les années 70, il est tombé à 30/1. Aujourd’hui, le "retour énergétique sur l’énergie investie" se situe dans les dizaines. Il semble clair qu’à l’avenir, nous allons dépenser encore plus d’énergie pour obtenir de l’énergie.
La grande toile de fond de la demande reste les marchés émergents. Ils n’en sont encore qu’au début de la courbe de croissance, en ce qui concerne la demande en pétrole. Comme le dit Hall, les marchés émergents en sont à des niveaux per capita où la demande en pétrole va augmenter rapidement.
Ces données, ajoutées aux problèmes d’offre, offrent une perspective haussière pour le pétrole. C’est pourquoi Hall a conclus sa présentation en disant : "la remontée du prix du pétrole est quasiment garantie".
Nous verrons. Mais comment investir ? Hall a recommandé d’acheter des actions pétrolières américaines ou canadiennes. Les actions du secteur des services pétroliers restent attirantes, puisque ce sont les pioches et les pelles de l’industrie du pétrole. Il conseille d’éviter les raffineries, qui se retrouveront en mauvaise posture dans les années à venir. Et il n’est pas non plus très fan des actifs du secteur intermédiaire (les pipe-lines, par exemple), puisqu’ils ne participeront pas tant que ça à l’augmentation du prix du pétrole.
Autre chose concernant le pétrole : comme l’or, il représente une couverture contre l’inflation. Quand on lui a posé la question du pétrole en tant que couverture contre l’inflation, Hall a répondu : "en théorie, tous les actifs tangibles vont bien s’en sortir. Le prix du pétrole a été multiplié par quatre dans les années 70, puis une fois encore par quatre".
Des choses improbables se produisent. Pourquoi pas une augmentation des prix du pétrole face à une économie faible ? Improbable, diraient la plupart des gens. Inévitable, voilà ce qu’a promis la présentation de Hall.