** Les défauts de paiement de prêts hypothécaires ont doublé en octobre, par rapport à l’an dernier. Ce n’est pas une bonne chose.
* Le Dow a chuté la semaine dernière. Ce n’est pas non plus une bonne chose.
* La Fed a injecté 41 milliards de dollars dans le système financier… et c’est probablement une chose épouvantable.
* La Fed ne jette pas des bouées de 41 milliards de dollars à la mer sans que quelqu’un soit vraiment en train de sombrer. Et si nos soupçons se vérifient, quelques grandes institutions financières pourraient risquer de disparaître sous les vagues.
* Actuellement, bon nombre de grandes institutions financières cherchent désespérément des bouées… mais les marchés financiers refusent obstinément de leur en fournir.
* La grande communauté des investisseurs du monde refuse de financer les titres adossés aux prêts hypothécaires, quelles que soient leur taille, leur description ou leur notation. Voilà pourquoi la Réserve fédérale est en "mode sauvetage". Ces 41 milliards de dollars constituaient l’injection la plus conséquente depuis septembre 2001 (avec les attentats). De manière assez révélatrice, la manœuvre de la Fed a eu lieu sur fond de rumeurs concernant Citigroup, qui pourrait réduire son dividende pour préserver son capital. Et — au passage — le Dow a dégringolé de 362 points juste après une toute nouvelle baisse de taux censée tout arranger.
** Il n’en a rien été. La baisse n’a rien arrangé… parce qu’elle ne le peut pas. Une baisse des taux ne peut pas transformer un prêt subprime qui a mal tourné en actif valable. Elle ne peut pas convertir un CDO plein de titres toxiques et surévalués en véritable valeur AAA… et surtout, une baisse des taux ne peut pas transformer des menteurs en gens disant la vérité.
* Nous ne savons pas où les menteurs peuvent être ; mais nous sommes assez certain que bon nombre d’entre eux perçoivent un salaire de la part d’institutions financières détenant beaucoup de titres adossés aux créances hypothécaires. Et tandis que le marché des prêts hypothécaires passe de mauvais à pire… à catastrophique, nous sommes convaincu que de nombreux dirigeants des institutions financières ne disent pas la vérité, rien que la vérité et toute la vérité sur la valeur de leurs titres adossés aux créances hypothécaires.
* Plutôt que de confesser leurs pertes massives, de nombreuses sociétés financières ont recours à des plans de sauvetage désespérés. La stratégie de "gestion de crise" de Citigroup, par exemple, semble consister à se présenter devant la porte du secrétaire au Trésor US avec un bouquet, une boîte de chocolats et des yeux de cocker.
* Le Secrétaire Paulson a réagi avec sympathie… et un plan de secours à plusieurs milliards de dollars. Mais ces efforts ne peuvent pas remplacer l’intégralité des marchés de capitaux. Même le Trésor US et la Fed combinés ne peuvent pas remplacer les marchés de capitaux (certains ont essayé cette tactique en Russie il y a quelques années, et cela n’a pas très bien marché). Tant que le Trésor US et les grandes banques jouent à ce jeu de cache-pertes, les marchés de capitaux resteront en grève. Tant que les agences gouvernementales et les grandes entreprises financières collaboreront pour masquer la véritable valeur des titres adossés aux créances hypothécaires, le marché pour ces titres continuera à glisser vers le désastre.
* Dans ce contexte, la baisse de dividende potentielle de Citigroup prend une stature pseudo-héroïque. Le dividende prend une importance apparente bien supérieure à son importance réelle. Le dividende de Citigroup est plus symbolique que substantiel. Pourquoi ? Parce que Citigroup est probablement confronté à une crise bien plus grave que de savoir si oui ou non ils vont payer à leurs actionnaires 5,6% par an, ou 4,6% ou 0%. Au total, Citigroup distribue près de 10 milliards de dollars par an en dividendes. Si bien qu’une modeste baisse ne rapporterait que deux à trois milliards de dollars. C’est du véritable argent. Mais les grandes banques pourraient avoir besoin d’argent "encore plus véritable" — le genre de somme que seule une complète élimination du dividende pourrait rapporter.
* Dans le meilleur des cas, Citibank n’accordera pas de vastes crédits dans un avenir proche — tout comme Bank of America, Countrywide Financial ou toute autre grande société de prêt américaine. Dans le pire des cas ? Ne demandez pas.
* C’est là que les vrais problèmes commencent.
* Sans crédit "frais", qu’adviendra-t-il du consommateur américain ? Comment pourra-t-il continuer à se surendetter ? Et que deviendra l’économie américaine sans des millions de consommateurs surendettés ?