– On peut interpréter ces mouvements comme le signe que nous venons d’entrer dans un marché baissier, et non dans une correction. Jusqu’à présent, la situation ressemblait à une correction. Mais si les choses empirent, cela signifie que le marché va désormais tenir compte du pourrissement du système financier mondial — en particulier sur les marchés du crédit. Les actions pourraient chuter de 5% supplémentaires, voire de 10%.
– Le marché post-11 septembre 2001 s’est effondré de 18%. Il a ensuite repris 21% d’un coup ou presque début 2002, avant de retomber — de 22% cette fois-ci.
– Le passé n’est pas toujours un prologue. Mais vous pouvez voir le parallèle. Le choc du crédit, en août dernier, a effacé tous les gains boursiers de 2007. Ensuite est arrivé le faux rebond. L’ordre a régné à nouveau pendant un temps. A présent, la réalité refait surface, une réalité qui s’aperçoit, comme avec le 11 septembre, que quelque chose a fondamentalement changé dans le monde et dans notre manière d’y fonctionner.
** Quelle est cette différence ? Le prix de l’argent grimpe. Il en va de même pour la perception du risque. Un indice visible : le yen, qui est en train de grimper.
– Ce sont de mauvaises nouvelles pour les marchés émergents et les actifs spéculatifs. Les traders empruntent en yens (où les taux d’intérêt sont bas) pour investir dans des actifs aux rendements plus élevés. La vigueur du yen signifie que les investisseurs mondiaux fuient éperdument les actifs risqués.
– Le yen se renforce par rapport à tout un panier de devises — en particulier le dollar et l’euro. Plus le yen se renforce, plus les marchés boursiers risquent de s’affaiblir. Cette phase de renforcement a commencé dès la crise du crédit, en juillet. Depuis, à part une brève pause, les traders sont sortis de leurs positions risquées pour se positionner dans… dans quoi ?
– C’est une question à poser à quiconque gère votre fonds d’investissement. Les gestionnaires professionnels détestent les liquidités — ça, c’est bon pour les banques. Mais il aurait été sensé, de la part de ces gestionnaires, d’augmenter leurs positions en liquidités à la fin de l’année dernière. Peut-être est-ce ce qui est en train de se produire actuellement : une liquidation/réduction simultanée de la quantité d’argent que les investisseurs ont placée dans les actions.
– Les investisseurs se retirent. Nous pensons qu’il serait raisonnable d’examiner de près les valeurs que vous voulez détenir pour le long terme. Mais nous savons que c’est difficile. Psychologiquement, regarder les cours chuter est fascinant. Emotionnellement, c’est très douloureux. Rationnellement, il faut garder la tête froide.
– Lorsque la crainte s’empare des foules, mieux vaut vous tenir hors de leur chemin et garder un œil sur votre capital. "Soyez avide lorsque les autres sont craintifs, et craintif lorsque les autres sont avides". Cependant, pour les investisseurs de très long terme, cette semaine pourrait vous présenter certaines des meilleures opportunités d’achat des dix prochaines années.
– Une panique financière mondiale — est certainement possible. Mais nous sommes à un moment où il peut se révéler payant d’ignorer les cris et gesticulations des médias. Prenez un peu de recul. Bon nombre d’investisseurs paniquent, en ce moment. Les actions sont survendues. Même si nous croyons fermement au marché baissier du crédit, nous ne sommes pas baissier par pur réflexe. Les ventes sont déjà allées trop loin. A présent, il faudra surtout entrer au bon moment, sur les bonnes entreprises. [NDLR. : se positionner au bon moment et sur les bonnes entreprises, c’est la spécialité de Jean Chabru, expert en petites valeurs… et alors que les midcaps sont injustement massacrées, les bonnes occasions se multiplient — n’attendez pas pour en profiter !]
– A cet égard, il n’y a pas particulièrement besoin de se précipiter. Laissez les vendeurs s’épuiser. Cela arrivera tôt ou tard.