Les banques centrales n’ont pas d’autre choix que d’en passer par de nouveaux assouplissements quantitatifs : bonne nouvelle pour le métal jaune…
Nous avons commencé à parler hier des assouplissements quantitatifs des banques centrales – les QE, ou autrement dit sur les achats de titres à long terme – et leur influence sur les marchés et l’économie. Penchons-nous sur le sujet et allons à l’essentiel.
Un QE consiste pour la banque centrale à acheter des titres longs qui rapportent un certain rendement et à payer ces achats par de la monnaie fraîchement créée, tombée du ciel.
La banque centrale met à l’actif de son bilan des fonds d’Etat qu’elle achète ; au passif de son bilan, elle crédite le compte de l’institution qui les lui a vendu. Cela signifie qu’elle retire du rendement dans le portefeuille mondial de valeurs mobilières.
En contrepartie, elle injecte de la monnaie, des réserves qui, elles, ne rapportent rien (je laisse de côté la rémunération des réserves : c’est un outil de régulation qui complique les choses mais ne change rien au raisonnement). Cela signifie donc créer une pénurie de rendement puisque l’on en retire pour le remplacer par quelque chose qui ne rapporte rien.
Un QE, c’est la création d’une soif, d’un besoin de rendement. Un swap, un échange dans lequel on troque quelque chose qui rapporte contre quelque chose qui ne rapporte rien.
A votre avis, que se passe-t-il alors ? Ceci : ceux qui reçoivent ces liquidités ne savent pas quoi en faire… et s’ils les gardent, ils perdent ! Ils se dépêchent donc d’utiliser ces liquidités pour acheter des titres qui rapportent encore un peu dont… des fonds d’Etat.
C’est ainsi que les QE font monter les cours des fonds d’Etat et chuter leur taux de rendement.
Vous comprenez que plus vous achetez vite, avant les autres, plus vous gagnez – ou moins vous perdez.
Acheter avant les autres quelque chose qui rapporte encore un peu, non seulement c’est bien mais cela vous assure une plus-value qui vous dédommage de la perte de rendement des fonds d’Etat en général. Vous perdez sur les rendements mais vous gagnez en capital.
C’est ainsi que les liquidités injectées par la banque centrale produisent mécaniquement une hausse des cours des actifs financiers et une baisse des rendements, de proche en proche, de tout ce qui rapporte encore un peu.
Qui voudrait la patate chaude ?
C’est la concurrence pour avoir du rendement. Elle est mécanique car les liquidités, les réserves, la monnaie sont, comme le dit l’analyste John Hussman, « la patate chaude », le mistigri dont il faut se débarrasser.
Et cette « patate chaude », on s’en débarrasse par avance quand on sait que les QE vont arriver.
La baisse des rendements du 10 ans US, l’inversion, c’est tout simplement l’anticipation des futurs QE.
Ce sont les initiés, les banques, l’argent intelligent, les ultra-riches qui achètent par avance en prévision des futurs achats des banques centrales. Rien d‘autre. Cela ne signifie rien d’autre que ceci : le système est pourri. Il fait des cadeaux aux riches et ultra-riches. Certains font des plus-values colossales simplement parce qu’ils sont structurellement initiés. Ils connaissent les ressorts de la finance et de la monnaie.
Powell est en retard
S’il y a inversion, c’est-à-dire si les taux du long terme passent sous les taux du court terme, c’est parce que Powell a commis une énorme erreur : il est en retard !
Il n’a pas baissé les taux courts assez vite. Il a été pris de vitesse par la spéculation, par les ultra-riches, par les banques et même par certains gouvernements qui spéculent. C’est scandaleux car la spéculation qui produit ces plus-values est équivalente à une « tonte » du public.
Voici le type de commentaire qui accompagne l’inversion et la chute de la Bourse – commentaire pourri, bien sûr, dont la fonction objective est de forcer la main de notre malheureux Powell :
« Historiquement, l’inversion de la courbe américaine a toujours été perçue comme un signal de récession et il reste à voir si c’est toujours le cas. Ce qui est certain, c’est que le monde semble moins sûr », commente un stratège macro chez State Street Global Advisors.
Donc Powell, avec la chute de la Bourse, va prendre peur ; il va baisser les taux courts en catastrophe ; il n’est ni courageux ni intelligent, il n’est pas un bon joueur de poker, il ne va pas oser en appeler du bluff des marchés, il n’a pas l’estomac de « baiser » la spéculation !
Il va faire ce que l’on attend de lui – et, certainement, il va devoir baisser les taux de 50 points de base d’un seul coup… peut-être même en panique, entre deux réunions du FOMC.
Ah, les braves gens !
Trump, lui, est un bon joueur de poker. Il voulait une forte baisse des taux, et il va pavoiser car il aura fait céder Powell. C’est la raison pour laquelle il a insisté et attaqué la Fed : il veut se donner le bénéfice du gain et montrer qu’il est un « winner ».
La situation de Powell et de ses subordonnés ne va faire qu’empirer.
Le ralentissement de la croissance mondiale, l’inflation faible, les tensions commerciales internationales, des facteurs comme l’impact redouté du Brexit, l’action des autres banques centrales comme la BCE – tout cela va nourrir les anticipations de baisses de taux, entraînant un reflux massif des rendements des emprunts d’Etat.
La courbe de rendement inversée indique que la Réserve fédérale est loin du compte. Elle n’a pas terminé son programme de réduction des taux.
Pour rétablir simplement une « pente positive » sur la courbe, le FOMC devrait immédiatement abaisser le taux des fonds fédéraux au jour le jour d’au moins 75 points de base… et il ne le fera pas car cela provoquerait une panique !
Attention, cette partie n’est pas de même nature que tout ce qui a précédé
Je m’avance, je ne suis plus tout à fait dans le raisonnement objectif. Je vous préviens donc de mon changement de registre.
Tout ceci signifie pour moi qu’il va y avoir de bonne nouvelles pour les investisseurs en or et en argent-métal. Les taux négatifs risquent de se généraliser.
L’ensemble des courbes de rendement est désormais négatif dans des pays tels que la Suisse, l’Allemagne et les Pays-Bas.
Les taux d’intérêt négatifs constituent la meilleure justification fondamentale à la détention physique de métaux précieux.
Les taux mondiaux vont être encore plus profondément inversés, avec des rendements suisses et allemands négatifs de -1,00%. La récession mondiale risque de devenir évidente pour tous, comme je le dis souvent.
En réponse à cette pression déflationniste, la seule réponse des banquiers centraux sera l’impression monétaire, l’argent surabondant, la monétisation directe de la dette et les QE. Ce sera leur politique car c’est la seule qu’ils connaissent.
Et qu’est-ce que cela signifiera pour les métaux précieux ? Des prix plus élevés.
L’or revient à la mode ; il atteint de nouveaux sommets lorsqu’il est libellé dans des devises telles que la livre sterling, le dollar canadien et le dollar australien.
La détérioration de la situation économique et l’effondrement des taux d’intérêt signifient que l’or atteindra bientôt un nouveau sommet sans précédent en termes de dollars américains.