L’or ne ressent ni pitié ni émotion. Tandis que les crises économiques et géopolitiques secouent le monde, il reste impassible, mais brille plus que jamais.
Le numéro 79 du tableau périodique est remarquablement dépourvu de coeur. Les pauvres ? Qu’ils trouvent un emploi. Les sans-abri ? Qu’ils dorment dans des troncs d’arbre creux. Les sacs mortuaires à Gaza ? C’est leur problème.
L’or est indifférent aux souffrances des autres. Il est aussi insensible qu’un tortionnaire, aussi désemparé qu’un démocrate. Pourquoi l’équipe Trump ne voudrait-elle pas trouver un meilleur endroit pour loger les Palestiniens ou donner la préférence aux réfugiés sud-africains blancs, même après avoir supprimé le programme d’aide aux réfugiés ?
L’or hausse les épaules face à toutes ces questions.
Vous vous enrichissez ? Vous êtes plus pauvre ? Les actions sont-elles en hausse ? Nvidia, est-ce un bon choix ? Est-il temps d’encaisser vos gains ?
Inutile de poser la question à l’or. Il ne sait pas… et il s’en moque.
Et pourtant, parfois, l’or brille. Hier matin, par exemple. Markets Insider rapporte :
« L’or atteint un niveau record après que Trump a menacé d’imposer des droits de douane sur l’acier et l’aluminium
Les prix des matières premières ont grimpé et les devises connexes se sont affaiblies par rapport au dollar lundi après que le président Donald Trump a déclaré qu’il imposerait des droits de douane de 25% sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis. »
Mais cet éclat n’est pas le fruit du hasard.
Depuis janvier 2000, le Dow Jones (qui permet de mesurer les actions américaines) a augmenté de 290%.
Le pétrole a également augmenté, passant de 29 dollars le baril à 71 dollars.
Et les obligations ? Elles viennent de subir la pire liquidation de leur histoire. The Wall Street Journal rapporte :
« La chute des obligations fait trembler le monde. »
Mais l’or a brillé. De 282 dollars l’once en 2000, il se négocie aujourd’hui à près de 2 900 dollars – un gain de 900%, soit plus de trois fois ce que vous pourriez obtenir en achetant des actions.
CBS News explique :
« La hausse remarquable et record du prix de l’or en 2024 s’est poursuivie cette semaine, le prix du métal précieux atteignant 2 871,74 dollars l’once. L’or a dépassé la barre des 2 700 dollars en octobre dernier et, dans l’ensemble, il a augmenté d’un peu moins de 40% par rapport à son niveau de départ en janvier 2024, lorsque le prix du métal était de 2 063,73 dollars pour la même quantité d’or. Il est possible, voire probable, que l’or dépasse bientôt le seuil des 3 000 dollars si certaines conditions économiques s’aggravent. »
Auriez-vous mieux fait d’investir dans Nvidia, Tesla ou le Bitcoin ? Mais il s’agit là d’investissements individuels ; vous auriez pu avoir de la chance… ou pas.
Prenons l’exemple de Facebook. L’action se négociait à 23 dollars lorsque Barron’s l’a jugée trop chère. Il a conseillé à ses lecteurs de « rester à l’écart de cette action ». Aujourd’hui, Facebook (désormais Meta) se négocie à 717 dollars. Qui l’eût cru ?
Essayer de choisir les actions en vogue est une proposition perdue d’avance. Il y a peu de gagnants, et beaucoup de perdants.
C’est la répartition des actifs, et non la sélection des actions, qui fait la différence pour la plupart des investisseurs. Ce qui compte vraiment, c’est d’être au bon endroit au bon moment. Et parmi les principales places du XXIe siècle – actions, obligations, or, matières premières – rien ne bat l’or.
Ce qui est très étrange. Après tout, l’or n’est pas seulement dépourvu de sympathie, d’empathie et d’autres types de pathologie ; il est également improductif et presque totalement inutile, sauf en tant qu’argent.
Quelle chose étrange… Comment une chose par ailleurs inutile, sans aucune prétention à une quelconque activité, pourrait-elle battre une entreprise, et tous ses employés intelligents, ses brevets, ses as du marketing, ses innovations et son capital – une organisation complexe, dynamique et sophistiquée, délibérément mise en place pour accroître la richesse ?
Notre point de vue est le suivant : il y a des progrès et des reculs. Il y a la vertu et le péché, la beauté et la laideur. Il y a le profit et la perte. La vie et la mort.
Il y a un temps pour tout sous les cieux. Un temps pour semer et un temps pour récolter. Il y a un temps pour les garder, un temps pour les replier… un temps pour s’en aller, et un temps pour acheter de l’or.
A l’automne 1999, les actions américaines n’avaient jamais été aussi chères. Il était temps de se lever de table, de se détourner des actions et de réinvestir notre fortune dans l’or, la vraie monnaie.
Nous n’essayions pas de faire fructifier notre argent. Nous ne cherchions pas à réaliser des plus-values ou à toucher des dividendes. Nous ne nous attendions pas à un rendement particulier. Nous voulions simplement protéger notre argent.
C’est ce que l’argent réel est censé faire. Ne pas monter. Ne pas baisser. Ne pas disparaître, tout simplement.
La plupart du temps, il devrait y avoir de meilleurs placements. Mais aujourd’hui ? Le mieux que vous puissiez faire serait-il d’enfouir vos possessions dans le sol ?
L’or a surpassé les actions pendant un quart de siècle. N’est-il pas temps qu’il baisse ?
3 commentaires
Toujours les bonnes questions. Si, comme soutenu récemment, l’or est aussi une monnaie, il doit s’apprécier, et comme la hausse sera insuffisante pour ce faire, c’est l’argent qui va suivre. Si l’or sert de garantie à une nouvelle monnaie de réserve, sa valeur reste également insuffisante, donc toujours l’argent et le retour à un bimétallisme ou plus si affinité. Si le dollar, monnaie de réserve l’emporte, ce qui ne peut être exclu, nul ne sait, mais baisser !!! Et encore l’argent, matière première, dans tout cela. Je reste sur les métaux précieux et…. les antiquités, délaissant, à tort sans doute, les « technologiques ».
C’est assez comique mais dans le portrait que Bill Bonner dresse de l’or, cette espèce d’indifférence à tout doublée d’un caractère immuable, on pourrait presque penser à … Dieu.
Si ce n’est que l’or reste matériel, et je pense à un autre objet financier qui en reprend les caractéristiques tout en étant immatériel si ce n’est une rareté encore plus grande et, qui plus est, en étant doté d’une certaine ubiquité.
Dans tous les cas, je trouve qu’il est bon de toujours avoir un peu de l’un et de l’autre avec soi.
« L’or a surpassé les actions pendant un quart de siècle. N’est-il pas temps qu’il baisse ? »
L’or est immuable et éternel. Un quart de siècle, pour lui, ce n’est rien… surtout pour réparer plus d’un siècle de folies monétaires.