Par Jean-Claude Périvier (*)
Il faut environ 10 ans pour passer de la découverte d’un gisement à l’exploitation opérationnelle d’une mine. Avec ce décalage technique, il est pratiquement impossible à l’offre de contenir la demande.
Jusqu’à récemment, les prix de marché reflétaient bien cette rareté de l’offre face à la demande, ayant atteint le sommet de 137 $ la livre en juin 2007.
Mais ensuite, en dépit de ce phénomène, les prix ont piqué du nez : une baisse de 70% du yellowcake, qui a entraîné dans son déclin les cours des sociétés minières d’uranium. La crise financière est passée par là. Certains projets ont été abandonnés faute de financements, ou différés. Des mines ont été arrêtées, d’autres ont carrément fermé (notamment aux Etats-Unis, au Colorado et en Utah), pour d’autres la production a été réduite.
Evidemment, les hedge funds sont montrés du doigt : ils ont vendu à tout va pour générer du cash. Les banques le sont aussi, pour avoir renoncé à financer les projets d’investissement des compagnies minières. Mais regardez, les projets sont gelés, ou différés, certes.
Cependant, l’uranium est toujours là, le gisement attend. Et pendant ce temps, la demande se prépare à bondir, quand tous les réacteurs en construction vont entrer en service dans quelques années.
Il faudra bien que les opérateurs payent le prix pour disposer du précieux combustible…
Le prix de l’uranium est tombé à 40,50 $ la livre, actuellement. Historiquement, quand les prix de la matière première montent, les cours des sociétés minières d’uranium en font de même avec un effet démultiplicateur. Donc, attendez-vous à voir le prix des minières rebondir sérieusement dès que le prix de l’uranium se remettra à aller de l’avant, ce qui est inévitable avec la croissance de l’industrie nucléaire mondiale dont je vous ai parlé.
Mais attendez… des ressources minières limitées, parfois difficiles d’exploitation, un savoir-faire technique tout au long de la filière si pointu qu’il est restreint à certains pays, une demande croissante avec la multiplication des centrales nucléaires en chantier ou en commande dans les pays émergents comme dans les pays développés (441 réacteurs en activité actuellement, 36 nouvelles centrales en cours de construction, 93 à l’état de projet avancé et 218 à l’état de proposition).
A moyen terme, le parc nucléaire va presque doubler…
En réalité, un supply crunch de l’uranium (équivalent du credit crunch dont on vous a beaucoup parlé depuis six mois) se prépare, en raison d’un effet de ciseau entre l’explosion prochaine de la demande et les coupes sombres dans la production assorties d’inquiétudes, voire de doutes, sur les ventes provenant l’appareil militaire de la Russie.
Ces dernières s’arrêteront normalement en 2013, et la compagnie d’Etat Rosatom a déjà prévenu qu’il n’y aurait pas de prolongation, car ce n’est pas l’intérêt de la Russie… Je cite Jerry Grande, le CEO du premier producteur mondial, le Canadien Cameco : "quand vous voyez des annulations de projets, vous voyez l’expansion de la production dérailler, vous voyez des projets qui vont ralentir. Cela revient tout simplement à supprimer de la production future, c’est-à-dire à semer le vent de la prochaine tempête qui projettera le prix de l’uranium vers des sommets". Et si jamais la spéculation s’emmêle à nouveau (ce qui est probable)… tout est en fait réuni pour que la matière première uranium se reprenne et se mette à flamber.
Alors que les futures tendent déjà vers un prix de 70 $, nous sommes sans doute voisins du point bas (40,5 $ la livre de yellowcake actuellement) ; investir maintenant dans l’uranium a un sens certain.
[NDLR : Et pour vous aider à profiter de cette conjoncture idéale pour se positionner sur l’uranium, retrouvez les valeurs sélectionnées par Jean-Claude ce mois-ci dans sa lettre, Défis & Profits]
Meilleures salutations,
Jean-Claude Périvier
Pour la Chronique Agora
(*) Parallèlement à sa carrière dans le conseil aux entreprises et l’intelligence économique, Jean-Claude Périvier s’intéresse à la Bourse et à l’investissement depuis 1986. Analyste de talent, il excelle à détecter et anticiper les tendances futures… pour en déduire les meilleures opportunités de gain dans sa toute nouvelle lettre d’information, Défis & Profits.