La monnaie n’est ni neutre ni transparente, contrairement à ce qu’affirment certains ; et à mesure que les masses monétaires augmentent, la monnaie elle-même se déprécie.
Nous ne sommes bien entendu plus en système capitaliste : nous sommes dans un autre système.
Ce nouveau système, pour arnaquer les gens, a popularisé un mythe – il en a même assuré la transmission académique. C’est le mythe de la neutralité de la monnaie et du crédit. Il a invisibilisé la monnaie afin de mieux en assurer les fonctions spoliatrices.
Non, la monnaie n’est ni neutre ni transparente. Non, le crédit n’est pas la mobilisation de l’épargne. Monnaie et crédit sont des outils opaques, de transfert de richesse de la poche des uns vers celle des autres.
Le marché boursier américain fait la fête pendant que l’Amérique brûle – c’est du moins ainsi que les choses semblent à beaucoup de gens.
Bien sûr, c’est une apparence.
La valeur réelle des « actifs » boursiers, ce n’est pas ce qui est donné chaque jour par le Wall Street Journal ; la valeur réelle, c’est ce qui se manifestera au travers des oscillations de hausse et de baisse au cours du cycle complet, c’est-à-dire au cours des 12 prochaines années.
Là, on verra que cette valeur réelle, déflatée, est bien inférieure à ce qu’elle paraissait être en 2020 ou 2021. Je dis bien déflatée – corrigée de la valeur de la monnaie qui sert à exprimer/quantifier les valeurs.
Promesses et appauvrissement
Comment voulez-vous que la masse des actifs financiers – qui n’est qu’une masse de promesses sur le futur – puisse traduire un enrichissement réel alors que le monde entier s’appauvrit… et que cet appauvrissement va accélérer avec la destruction en cours, la destruction des chaînes de production globales, la destruction par l’idéologie du climat.
Les actifs financiers, c’est le passif, c’est la somme des promesses – inconsidérées – que fait le système. C’est une inversion familière du système capitaliste… Ce qui est dû, ce qui est une dette – soit sous forme d’action, soit sous forme d’obligation – est considéré comme un actif !
Le morceau de papier contractuel, qui ne vaut en lui-même rien, est considéré comme un fétiche qui vaut en lui-même.
La vraie richesse, cependant, ce ne sont pas les promesses, mais les moyens de les honorer ! Or ces moyens sont en train de s’effondrer.
Les productions de richesses chutent avec les PIB. Les actifs matériels sont dépréciés car ils tournent moins et deviennent obsolètes, caducs et, pour couronner le tout, l’idéologie climatique va pousser les élites à gaspiller des ressources considérables qui vont nous appauvrir durablement.
L’avenir du monde réel, celui de l’actif du système, ce n’est pas, ce n’est plus la richesse, c’est plus de rareté. Plus de frugalité.
Comment comprendre tout cela ?
C’est simple, c’est l’éléphant dans la pièce, mais comme toujours, on ne le voit pas. Une masse boursière s’écrit de la façon suivante :
X promesses financières = Y signes monétaires
Exemple : S&P 500 = 3 000
Une masse boursière trace une équivalence dont personne ne prend conscience. C’est un échange entre d’un côté une promesse/activité, et de l‘autre côté une quantité de monnaie.
L’équivalence est radicale, absolue, elle se lit dans les deux sens.
Autrement dit, sans vous en rendre compte, quand vous achetez le S&P 500, vous échangez de la monnaie contre autre chose. Vous donnez une valeur à la monnaie.
Si vous faites monter le prix de l’actif qu’est le S&P 500, il est évident que sa réalité ne varie pas : il est ce qu’il est. Mais sans vous en rendre compte, vous dépréciez la monnaie.
Le fonctionnement de la dépréciation
Plus vous faites monter le prix des actifs réels, plus vous dépréciez la monnaie. Le fait que les prix à la consommation, les prix des biens et services actuels, ne montent pas ne change rien à l ‘affaire.
Il est évident qu’ils ne montent pas puisque, dans ces périodes de crises terribles, presque toute la monnaie est stockée, neutralisée ; c’est comme si elle n’existait pas. Pour brouiller le tout, on dit en langage obscur que la vitesse de circulation de la monnaie (vélocité) ralentit.
Dire que la vitesse de circulation de la monnaie ralentit revient à dire qu’il y a trop de monnaie par rapport à la production de richesses actuelle.
Cette monnaie excédentaire, où va-t-elle ? Là où elle ne peut qu’aller, c’est-à-dire dans le marché boursier, dans l’immobilier, dans les œuvres d’art, dans l’or, etc.
Cette monnaie excédentaire créée par les élites pour masquer la crise va faire une hernie dans le prix des biens énoncés ci-dessus.
Il n’empêche qu’elle est potentiellement dévalorisée et que, un jour ou l’autre, cela va se manifester. C’est une certitude, une nécessité… mais personne ne sait quand. Tout ce qu’on sait, en raisonnant par l’absurde, c’est que la situation actuelle ne pourra durer pendant un nouveau cycle de 10 à 12 ans.
La hausse des Bourses ne signifie rien d’autre que ceci : il y a beaucoup plus de monnaie à échanger que d’actifs boursiers disponibles. Il n’y a pas assez de profit dans le système pour qu’il y ait plus d’actifs boursiers, donc ils deviennent relativement rares.
Il y a un rapport que jamais aucun économiste n’a étudié entre la masse d’actifs boursiers disponibles, son prix, la masse de profit dans le système et la masse de monnaie imprimée par les élites et leurs larbins.
Pourquoi cette situation ? C’est ce que nous verrons dès demain.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]