▪ Nous allons vous révéler le fond de notre pensée : nos enfants iront cracher sur nos tombes !
Tout d’abord, les Américains ont fait une énorme erreur dans les années 1990 et 2000. Ils ont fait la fête, ils ont dépensé, ils ont emprunté et ont accumulé des dettes colossales dans le secteur privé. La plupart des enfants doivent tirer un trait sur un quelconque héritage de la part de leurs parents ; ils ont tout dépensé il y a des années. La génération du baby-boom a aussi gâché l’une des plus grandes réussites de l’histoire du monde : les Etats-Unis d’Amérique.
Dans les années 1960 et 1970, quand les enfants du baby-boom ont commencé à grandir et à prendre le pouvoir, les Etats-Unis étaient toujours au sommet. Leur balance commerciale penchait du bon côté, ils avaient des investissements importants à l’étranger et les entreprises les plus puissantes du monde.
Ils ont tout gâché. L’industrie financière a pris le dessus et a remplacé l’industrie manufacturière. Au lieu de fabriquer des choses que nous pouvions vendre pour faire des bénéfices, Wall Street a vendu de la dette… et principalement à nous ! Dans le gouvernement, les ambitions de pouvoir ont mis au placard la retenue et le bon sens de la bonne vieille république. Des bases militaires ont été installées dans 120 pays étrangers. Nous menons maintenant des guerres impossibles à gagner, qui coûtent des milliers de milliards de dollars, et pourraient durer indéfiniment.
Tout le monde se tourne vers le gouvernement pour qu’il résolve tous les problèmes. Trente cinq millions d’Américains — presque l’équivalent de la population de l’Espagne — dépendent du programme de bons alimentaires des dirigeants pour pouvoir manger tous les jours. Au moins, la plupart des Américains font pénitence dans leur vie privée. Les bons vieux jours, quand les Etats-Unis étaient la bouche du monde, sont terminés.
On ne peut plus compter sur nous désormais pour acheter chaque gadget produit dans le monde. Nous redécouvrons les bonnes vieilles vertus de l’épargne et de la sobriété. La frugalité est de nouveau à la mode.
Si cela continue, la génération du baby-boom ne laissera rien à la génération suivante — mais au moins, elle ne leur laissera pas d’énormes dettes.
▪ Mais dans le secteur public, le niveau de la dette monte. Les enfants du baby-boom veulent que le gouvernement — ce qui signifie la génération suivante — paye pour leur sécurité sociale, leur assurance chômage, leurs renflouements et leurs subventions. Le déficit de cette année est estimé à environ 1 500 milliards de dollars. L’année prochaine, ce sera à peu près pareil.
Les dirigeants disent qu’il est trop tôt pour mettre un terme aux efforts de relance. Les crédits immobiliers et les assurances chômage viennent juste d’être rallongés. Un remaniement de plusieurs milliers de milliards de dollars du système de santé est en route. Même en cas d’une réelle reprise — ne retenez pas votre souffle — les déficits sont censés atteindre les 1 000 milliards de dollars par an pour les dix prochaines années. Il est plus probable, comme nous l’avons déjà dit ici il y a quelques semaines, qu’il soit de 2 000 milliards de dollars par an.
Le temps que le trentenaire d’aujourd’hui ait une famille, une maison, et une hypothèque, il aura aussi sa part d’un déficit de 2 0000 milliards de dollars — sans compter les obligations hors-budget du gouvernement américain — un total de plus de 100 000 milliards de dollars !
▪ Mais attendez, ces efforts de dépenses n’ont-ils pas d’effets ? La relance n’aide-t-elle pas l’économie américaine à revenir dans la zone de sûreté ? Ces programmes de dépenses du gouvernement ne créent-ils pas un monde plus prospère et plus sûr ?
Ah, dites donc ça aux enfants ! "Nous voulions seulement remettre l’économie sur pied, pour que vous puissiez trouver un emploi dans une économie florissante", leur dirons-nous.
Prenez deux jeunes, n’importe lesquels, entre 16 et 24 ans. Il y a de grandes chances qu’un des deux n’ait pas d’emploi. Le chômage parmi les jeunes a atteint les 53% — un record depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sept millions d’emplois ont disparu au cours des 24 derniers mois. Les employeurs réduisent toujours les salaires. Et quand les affaires vont reprendre, quel genre d’emploi vont-ils offrir ?
Est-ce que la génération suivante va entrer en compétition contre les Chinois pour la production à bas prix ? Est-ce qu’ils vont se mesurer aux Européens pour la production de produits de moyenne et haute qualité ? Est-ce qu’ils vont développer plus de titres adossés à des créances hypothécaires ? Ou bien vont-ils enfiler des tabliers de serveurs pour prendre la commande de clients qui ne dîneront plus au restaurant ? Les bons boulots vont devenir difficiles à trouver. Parce que la croissance de la période de la bulle, de 2001 à 2007, était une arnaque.
Au lieu d’amasser du capital fixe et de créer des emplois, les gens ont emprunté de l’argent, puis l’ont flambé. Et maintenant la reprise est aussi une arnaque. Le gouvernement injecte du crédit bon marché dans l’économie, emprunte des milliers de milliards et gaspille l’argent dans des programmes de relance insensés.
Et jour après jour, la dette augmente. Bientôt, elle sera trop grosse pour qu’on puisse la gérer. Puis, ces jeunes gens qui n’ont même pas la possibilité de poser le pied sur le barreau le plus bas de l’échelle sociale vont devoir porter ce lourd fardeau de dettes laissé par leurs parents.
Vous pouvez donc imaginer leur réaction : ils iront cracher sur nos tombes !