▪ Qui croit à la "reprise" aujourd’hui ?
Robert Reich (ancien secrétaire d’Etat au Travail de Bill Clinton) :
"Si l’économie n’est pas déjà dans une récession de ‘double creux’, c’est uniquement à cause de trois stimulants temporaires : le plan de relance fédéral (dont 75% ont été dépensés), des taux d’intérêt proches du zéro (ce qui ne peut se poursuivre très longtemps sous peine de déclencher des bulles spéculatives) et des remplacements (les consommateurs ont dû remplacer leurs voitures et appareils ménagers, tandis que les entreprises ont dû remplacer leurs stocks vides). Oh, et il y a aussi tous ces agents du recensement (qui se retrouveront sans rien dans un mois environ)".
Oui, c’est bel et bien la fin pour les adeptes de la "reprise rapide". Le monde entier a le blues.
"Les plans de relance hâtivement mis en place étaient un retour à un keynésianisme naïf", ajoute Jeffrey Sachs. "Le fait est que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Espagne, la Grèce et les autres ont trop emprunté durant une décennie — si bien qu’un déclin de la consommation après 2007 n’était pas une anomalie à combattre mais un ajustement à accueillir à bras ouverts".
Mais personne n’a fait bon accueil à la Grande Correction — sauf nous. Les autres ont tous prétendu qu’il s’agissait d’une récession… et même d’une Grande Récession. Ils l’ont traitée comme une invasion de cafards ou des toilettes bouchées. Ils pensaient pouvoir s’en débarrasser.
Ce n’était pas aussi facile, toutefois. Non monsieur. Nous voilà confrontés à "une récession ‘en W’", selon la presse grand public.
Une fois encore, les experts se trompent. On peut s’en rendre compte en lisant leurs conseils. S’ils savaient ce qui se passe vraiment, ils n’auraient pas de conseils à donner. Comme le disait M. Sachs lui-même, c’est "un ajustement à accueillir à bras ouverts", non à combattre.
▪ Mais même M. Sachs ne peut résister à une bonne bagarre — surtout si ce sont les autres qui paient. Comme tout le monde, il a une bombe d’insecticide entre les mains. Le gouvernement devrait faire ceci… le gouvernement devrait faire cela… Il pense que le gouvernement devrait se livrer à toutes sortes de pitreries, notamment "insister pour que les riches paient plus d’impôts sur le revenu et sur la fortune — et même beaucoup plus".
Nous n’avons pas le moindre doute que les autorités vont s’attaquer aux riches — mais quel genre d’économiste défendrait une telle tactique ?
Ils doivent se considérer comme une sorte de Robin des Bois, dérobant l’argent des riches pour subventionner la classe moyenne. Ils ne semblent pas comprendre que l’histoire de Robin des Bois fait un bon film… mais une politique économique insensée. Si prendre de l’argent aux riches rend une société plus prospère, comment se fait-il que le Venezuela soit ruiné ? Et Cuba ?
Ici à Baltimore, après avoir ajouté les impôts locaux à la taxe fédérale, votre correspondant abandonne près de la moitié de chaque dollar gagné. Combien peuvent-ils encore prendre ? Même la France a une loi selon laquelle on ne peut payer plus de la moitié de ses revenus en impôts.
Mais revenons-en à l’économie : même si l’on ajoute un "V" au "W", on n’a toujours pas une récession. Elle n’est pas causée par l’Europe. Et elle ne disparaîtra pas, même si l’on taxe les riches et que l’on dépense de l’argent qu’on n’a pas en "plans de relance".
Nous en sommes arrivés à la fin du fantasme de la reprise. Nous devons réaliser que nous vivons une correction… une correction qui a du culot et un programme bien chargé. Le problème, c’est que nous ne connaissons pas le programme en question.