Tandis que les banques se numérisent laborieusement, les néobanques s’achètent des licences bancaires et commencent à proposer prêts et assurances.
Nous avons vu que face à la concurrence des fintechs, les banques traditionnelles ont pris conscience du fait qu’elles allaient devoir réduire certains de leurs frais et poursuivent leur transformation numérique. Cependant, ces développements restent bien timides face aux innovations réalisées par les néobanques.
La concurrence des néobanques pousse-t-elle vraiment les banques traditionnelles à innover ?
C’est ce qu’avançait le journal Le Monde dans un article en date du 6 février.
Or, avec les Eko (Crédit Agricole), Compte CIC Mobile (CIC et Crédit Mutuel), Soon (Axa Banque) et autres Max (Crédit Mutuel Arkéa) que nous avons abordés au fil de cette chronique, on a plutôt l’impression que les innovations en interne, en particulier chez les banques françaises, sont assez maigres face à la déferlante de nouveautés apportées par les fintechs.
Quoi de neuf chez les grands groupes français ? En rattachant fin janvier sa cellule d’innovation à sa direction générale, la Société Générale a confirmé ses velléités de transformation numérique en favorisant l’émergence d’idées en interne, mais elle semble assez isolée dans le paysage bancaire français.
BPCE, le seul groupe bancaire français qui ne dispose pas encore de sa propre banque en ligne, a annoncé fin janvier qu’il renonçait pour le moment à lancer une vraie banque mobile. Face à la multitude d’acteurs en place, BPCE se contentera de lancer sur le marché français une version light de Fidor Bank, la banque mobile allemande rachetée par le groupe en 2016.
Comme les Compte-Nickel, Morning, Anytime et consorts, Fidor ne sera pas un établissement de crédit mais un simple établissement de paiement. Son offre n’intégrera donc pas d’offre de crédits, ni d’autorisation de découvert, de chéquier ou de carte à débit différé. Les raisons avancées sont le retard dans le développement du projet et la crainte de cannibalisation de l’activité de détail de ses réseaux Banques Populaires et Caisses d’Epargne, un sujet « ultra-sensible en interne », selon La Tribune.
L’arrivée d’Orange Bank n’a pas été le coup de fouet escompté
En mai 2017, l’agence D-Rating, spécialisée dans la performance digitale, publiait les résultats d’une étude sur « Les nouveaux standards de l’expérience client dans la banque mobile ». Il en ressortait que « l’écart aux nouveaux standards de l’expérience client mobile continue de se creuser [entre néobanques et banques traditionnelles] ».
Source : D-Rating
Mais D-Rating estimait à l’époque que l’arrivée d’Orange Bank allait contribuer à accélérer la digitalisation du secteur. Presque un an plus tard, on a en fait l’impression que les choses n’évoluent que très lentement et que les acteurs historiques misent plutôt sur le rachat de jeunes pousses de la fintech.
C’est que confirme une étude Ogury publiée fin décembre. Les auteurs y relèvent que « les Français font partie des mobinautes qui consultent le plus les sites des fintechs, mais l’Hexagone affiche un retard dans le domaine des applications mobiles ».
Tandis que les banques traditionnelles peinent à se digitaliser, les néobanques affirment de plus en plus clairement leurs ambitions vis-à-vis des prés carrés bancaires.
Les néobanques deviennent à leur tour des bancassureurs… plus innovants que les autres !
Si vous êtes encore client d’une banque physique, votre conseiller ne manque sans doute pas de vous rappeler à chaque rendez-vous qu’il se tient à votre disposition pour vous renseigner en matière d’assurance automobile, d’assurance habitation, de complémentaire santé, d’assurance prévoyance ou encore qu’il peut vous proposer le meilleur forfait téléphonique.
Si elles ne diversifient pas encore leurs sources de revenus en commercialisant les offres de Canal+ et de Netflix, les banques traditionnelles vendent pléthore de produits qui n’ont pas grand-chose à voir avec leur coeur de métier.
Il est donc de bonne guerre que les néobanques se mettent à faire de même, en devenant à leur tour intermédiaires en assurances. Là se trouvent de véritables innovations.
Ainsi Revolut a-t-elle ajouté mi-janvier un deuxième produit d’assurance à son offre. Outre une assurance téléphone à 1 £ par semaine, la néo-banque britannique propose désormais une assurance voyage à l’étranger à la journée et géolocalisée !
Une fois que Revolut aura détecté grâce à la fonction de géolocalisation de votre smartphone que vous venez de quitter le territoire national, la néobanque activera automatiquement cette assurance qui vous permettra de bénéficier d’une couverture médicale et dentaire pour 1 € par jour ! (enfin dans les grandes lignes) « Une première mondiale » assez bluffante par son côté pratique et par sa simplicité, n’est-ce pas ?
Néobanques : bientôt des offres de crédit immobilier sur votre smartphone ?
Nous avons vu précédemment que les banques traditionnelles mettent tout en oeuvre pour attirer les emprunteurs, d’où des taux relativement stables.
Mais les néobanques poursuivent en effet leur mutation d’établissements de paiement à établissement de crédit.
Comme l’explique cBanque : « N26 vient de s’allier dans le crédit consommation avec le français Younited, tandis qu’Orange Bank promet dès 2018 une offre dans ce domaine et, plus tard, des prêts immobiliers ».
La néobanque allemande ne fait aujourd’hui que dans le crédit à la consommation de 1 000 € à 40 000 €. Mais comment les banques traditionnelles réagiront-elles lorsque N26 Crédit et ses petites soeurs proposeront des crédits immobiliers avec un délai d’analyse et de réponse très réduit ?
Revolut, qui propose déjà du crédit à la consommation, attend sa licence bancaire pour 2018. Et la néobanque britannique a annoncé la couleur :
L’écart entre les banques traditionnelles et les néobanques donne plus l’impression de s’accroître que de se resserrer – et avantage aux néobanques.
Je n’ai évoqué ici que l’innovation en matière de bancassurance « traditionnelle ». Prochainement, je vous parlerai d’un sujet plus atypique : les banques de cryptomonnaies !
2 commentaires
Merci pour cet article bien informé sur un domaine dont j’ignore tout et qui me fascine. Suis-je trop vieux pour comprendre à quoi peuvent bien servir tous ses « services » de banque au détail ? Client SG de base, le portail Web couvre la totalité de mes besoins, sauf le rarissime dépôt de chèque. Existe-t’il des statistiques, des sondages marketing qui remontent tous ses souhaits ? Et enfin, comment une appli Web va-t’elle octroyer des prêts immobiliers de 600K, corrects en région parisienne. Pardon, j’ai oublié qu’il s’agit de monnaie virtuelle.
…trop de comptes bloqués inopinément et avec peu marge d’intervention … Leur chat , unique moyen de communication , n’est il pas un chatbot ? ! … !