Quoi que le président américain dise, quoi que ses équipes fassent, quoi que son rival annonce… les marchés sont contents.
Le président américain annonce un diagnostic de Covid-19.
En raison d’une aggravation rapide des symptômes, un vol Marine One, vendredi soir, le conduit en urgence au centre médical Walter Reed.
Lundi, il est de retour à la Maison Blanche, apparemment plus vif qu’un jeune homme de 20 ans. Inversion de cap, le message c’est non pas « le président est malade » mais « le président est fort, plus fort que le Covid ».
Le président annule brusquement les négociations sur le plan de relance « jusqu’à la fin des élections ».
Mercredi, les négociations reprennent. L’administration américaine propose des mesures de relance au coup par coup, dégroupées (compagnies aériennes).
En milieu de semaine, le président fait référence à son infection au coronavirus comme « une bénédiction de Dieu ».
Jeudi, le président appelle à un plan de relance « maigre, modeste ».
Vendredi matin, la Maison Blanche se déclare soudainement « ouverte à quelque chose de plus grand ».
A l’heure du déjeuner, Larry Kudlow, sur Fox News, déclare : « Le président a approuvé un package révisé. Il aimerait conclure un accord. »
Apparu avec Rush Limbaugh plus tard dans l’après-midi, Donald Trump déclare : « Je voudrais voir un plan de relance plus important, franchement, que ce que les démocrates ou les républicains proposent. »
Dans le même temps, le chef de la majorité au Sénat US, Mitch McConnell, déclare vendredi que l’adoption d’un plan de relance était peu probable avant les élections.
Pendant ce temps…
Pendant ce temps Joe Biden a encore élargi son avance dans les sondages. La possibilité d’une « vague bleue » est devenue réelle – et les marchés en sont contents.
Une annulation presque certaine de l’importante réduction d’impôt sur les sociétés décidée par le président Trump en cas de victoire de Biden est apparemment plus que compensée par les perspectives d’une relance budgétaire gigantesque.
Les marchés saluent tout et même son contraire : la maladie de Trump et son rétablissement ; les perspectives de plan de relance et leur retard ; ils aiment Trump mais s’enflamment pour Biden, etc.
Les analyses des soi-disant experts ne causent pas les marchés, elles ne font que le suivre. Ce sont des romans que l’on plaque dessus parce que l’on ne sait plus que dire.
Tout a été dit une fois pour toutes dès que l’on a dit que cela allait mal, très mal et que, nécessairement, il y aurait à la fois des largesses fiscales et des générosités monétaires sans limites.
Le marché boursier savoure maintenant l’idée de dépenses déficitaires massives en cours. Elles vont alimenter les revenus et les bénéfices des entreprises, le tout sans la crainte traditionnelle d’une hausse des taux directeurs, sans la flambée des rendements obligataires.
C’est Goldilocks au carré.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]