▪ Il faut décidément s’habituer à jouer les risque-tout le vendredi en spéculant à la hausse sur les indices boursiers, alors que nombre d’opérateurs soldent leurs positions avant de partir en week-end. Après le précédent fameux — et spectaculaire — du vendredi 29 juin, voilà que les indices boursiers s’envolent une nouvelle fois à deux heures de la clôture.
Malgré des chiffres décevants publiés en Chine vendredi matin et aux Etats-Unis en milieu d’après-midi, une bouffée d’euphorie a déferlé en fin de séance sur les places occidentales.
Il aura suffi que J.P. Morgan entame la séance de vendredi sur les chapeaux de roue et qu’un membre de la Fed évoque un QE3 pour que les marchés oublient le ralentissement économique en Asie et surtout des commentaires très alarmistes d’agences de notation sur la situation financière de l’Italie.
▪ J.P. Morgan : une bonne excuse pour la hausse
Après une série noire de six séances consécutives de repli à Wall Street, les opérateurs guettaient un prétexte pour encaisser leurs gains sur des positions short accumulées depuis 10 jours. Le catalyseur a été l’envolée de J.P. Morgan (+5% après 90 minutes de cotations) qui publie des profits supérieurs à cinq milliards de dollars malgré la perte record — estimée entre 4,5 milliards de dollars et six milliards de dollars — subie à Londres.
Paris a effacé en deux heures les pertes des quatre précédentes séances. La semaine s’achève sur un score légèrement positif (+0,38%) dans des volumes dérisoires (moins de 2,45 milliards d’euros). Cela prouve qu’il n’y a pas eu de mouvement massif d’achats sur les actions, en dépit des apparences.
Concrètement, la tendance s’est retournée — à 15h30 très précises — sans aucun élément d’actualité tangible. En effet, l’euro est repassé en quelques minutes d’un plancher annuel de 1,2170 face au dollar à 1,2240. Ce soudain rebond de l’euro ne constitue qu’un énième mouvement de short covering alors que le consensus était très baissier depuis l’enfoncement du plancher annuel des 1,234 $.
▪ La rumeur d’un QE3 booste les marchés
Il a fallu attendre plusieurs heures avant de découvrir que la rechute du dollar avait eu comme origine une déclaration de Lockhart (Fed d’Atlanta) évoquant un possible recours à un QE3.
Quelques opérateurs bien informés — il ne s’agissait pas d’une intervention officielle couverte par les médias américains — ont donc payé dès l’ouverture de Wall Street. Personne n’a vraiment compris pourquoi, mais les indices boursiers européens ont suivi. Le DAX 30 a doublé ses gains, de 1% à 2,15%. Milan est repassé de -0,6% à +1%. Madrid de -1,3% à +0,5 — rappelons que le gouvernement espagnol a adopté le plan de rigueur de 65 milliards d’euros dont les marchés semblent ne pas mesurer l’impopularité. Et l’Euro-Stoxx 50 est passé de 0,1% à 1,35%.
Aux Etats-Unis, les indices américains sont passés de +0,2% attendu à +1,2% en une demi-heure. Ils affichaient 1,4% en moyenne vers 16h00. Ils n’ont même pas perdu un pouce de terrain lors de la publication à 15h55 d’un mauvais indice de confiance du Michigan — qui recule de 73,2 vers 72… au lieu des 75 espérés.
Les opérateurs n’avaient pas davantage réagi à la hausse des prix à la production (+0,1% au lieu de -0,5% anticipé), pas plus vendredi matin qu’aux statistiques chinoises concernant la croissance.
Cette dernière s’est établie à +7,6% comme prévu. Mais cela confirme la tendance au ralentissement de l’activité, scénario confirmé par des ventes de détail ressorties dans le bas de la fourchette anticipée par les économistes (+13,5% à +13,9%).
Il est assez étonnant de voir une fois encore des commentateurs qui n’y comprennent rien déduire de la hausse des cours de Bourse des causes sans aucun rapport avec la réalité. Les mêmes qui soulignaient la morosité des marchés asiatiques après la publication des chiffres chinois invoquaient quelques heures plus tard un coup de chapeau à la vigueur de la croissance dans l’Empire du Milieu.
▪ Les banques italiennes dans le collimateur de Moody’s
Dans un autre registre, ils citaient le succès de l’émission obligataire italienne du milieu de la matinée en Italie, alors que Milan n’était pas rassorti du rouge durant les six premières heures de la séance. Les taux longs italiens n’ont heureusement pas réagi à la double dégradation de Moody’s, mais ils stationnent toujours à proximité des 6%.
▪ L’action Peugeot est chahutée
A Paris, la séance a été marquée par les violentes attaques spéculatives contre Peugeot qui dévissait de 7,65% à 6,48 euros avec pas moins de 5% du capital échangé.
Les vendeurs se sont appuyés sur des commentaires d’analystes pessimistes après les annonces controversées de la veille.
Barclay’s abaisse son objectif à cinq euros, n’envisageant pas d’amélioration de la situation du constructeur d’ici 2014. L’analyste évacue totalement toute notion de valeur de l’outil industriel, des brevets, du réseau et compte PSA pour zéro une fois déduite la participation dans Faurecia, GEFCO et autres.
Cet objectif de cinq euros doit réjouir tous les vendeurs à découvert… Mais cela signifie que Barclay’s estime que Peugeot ne vaut pas plus qu’une start-up californienne de quelques dizaines de salariés (sans aucune valeur d’actif à son bilan) qui développerait une application pouvant intéresser un Facebook ou un Google.
Avec une estimation de 1,7milliard d’euros, Barclay’s indique également que Peugeot vaut l’équivalent d’un tiers de la perte de trading de J.P. Morgan… qui se porte comme un charme, d’après les trimestriels publiés ce jour.
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