L’humanité a vaincu mille défis… mais reste impuissante face à l’arme nucléaire, créée et contrôlée par les Etats. Entre ogives de plusieurs mégatonnes et décisions individuelles, le sort de notre planète tient parfois à la lucidité d’un seul homme.
« La meilleure façon de détruire un ennemi… est d’en faire un ami. » – Stanislav Petrov, L’homme qui a sauvé le monde
L’humanité, espèce habituellement capable de venir à bout de n’importe quel problème, reste impuissante face au plus grand d’entre eux, hier, comme aujourd’hui. Pourquoi en est-il ainsi ? Car la solution appartient aux Etats qui l’ont engendré et qui refusent de le résoudre.
Certains problèmes disparaissent d’eux-mêmes, peut-être que celui-ci en fera partie. Cela pourrait se produire dans la milliseconde, ou dans un siècle. Tous les autres problèmes, sociétaux comme individuels, disparaîtront alors aussi. Pensez-y : plus d’élections truquées, plus d’immigration incontrôlée, plus de politiciens menteurs ni de manifestations, plus de disputes sur l’argent, la Bourse ou la nature de la vérité et de la connaissance.
Quel que soit votre « ennemi numéro un », que ce soit Poutine ou le fisc, il ne vous importunera plus.
La vie sur Terre est semblable à un noeud gordien, attendant d’être tranchée par l’épée nucléaire d’Alexandre. L’Horloge de l’Apocalypse, initialement créée par des membres du projet Manhattan et mise à jour depuis 1947 dans le Bulletin of the Atomic Scientists, indique clairement que nous nous rapprochons dangereusement de minuit, l’heure fatidique à laquelle l’épée sera brandie pour la dernière fois.
Il n’est un secret pour personne que les grandes puissances gardent aussi secret que possible tout ce qui concerne leurs programmes nucléaires, mais nous en savons suffisamment pour demeurer dans un état permanent de stupeur.
D’après la Federation of American Scientists, les Etats-Unis disposaient, en mai 2024, de 5 044 ogives nucléaires, dont 400 missiles balistiques intercontinentaux Minuteman III (ICBM). « Chaque ICBM emporte une seule ogive, soit un modèle W87, soit un W78 », et ils sont installés dans des silos situés dans le nord des Grandes Plaines et les montagnes Rocheuses. Les missiles balistiques « peuvent être lancés immédiatement, ne peuvent pas être rappelés une fois tirés, et volent à très grande vitesse, de sorte qu’en cas de crise le délai de prise de décision est réduit au minimum ».
Les ogives W87 et W78, respectivement de 300 et 335 kilotonnes, ont un pouvoir de destruction représentant environ un tiers de celui des anciens ICBM W59 d’une mégatonne. À titre de comparaison, les bombes atomiques que les Etats-Unis ont inutilement larguées sur le Japon représentaient environ 15 à 20 kilotonnes.
La Russie a développé un vaste arsenal nucléaire, dont l’arme la plus destructrice reste actuellement le SS-18 « Satan » Mod 6. Dans sa version à ogive unique, le Satan peut atteindre une puissance de 20 mégatonnes, tandis que sa configuration à 10 MIRV (véhicules indépendants à cibles multiples) atteint une puissance de 500 à 750 kilotonnes par ogive.
Mais cela relève déjà du passé.
En 2018, Poutine a testé avec succès le RS-28 Sarmat, surnommé Satan II, un ICBM capable de « lancer une charge utile maximale équivalente à environ 50 mégatonnes de TNT, contre 1,42 mégatonne pour le Minuteman III américain, selon le CSIS (Center for Strategic and International Studies).
Autre sujet de préoccupation : la capacité hypersonique revendiquée par la Russie, certains de ses missiles pouvant atteindre des vitesses supérieures à Mach 5 (soit 6 174 km/h). A ce jour, la Russie et la Chine affirment toutes deux disposer de missiles hypersoniques opérationnels.
Dans son best-seller, Nuclear War: A Scenario, fruit de recherches approfondies, Annie Jacobsen explique ce que ces chiffres signifient concrètement :
« La détonation d’une arme thermonucléaire d’une mégatonne provoquerait un éclair de lumière et une chaleur si intense qu’il est impossible pour l’esprit humain de le concevoir. Cent quatre-vingts millions de degrés Fahrenheit, c’est quatre à cinq fois plus chaud que la température au centre du Soleil.
Une fraction de milliseconde après la détonation d’une telle bombe, une lumière de rayons X à très courte longueur d’onde surchaufferait l’air environnant à des millions de degrés, créant une immense boule de feu qui se propagerait à des millions de kilomètres par heure.En quelques secondes, cette boule de feu atteindrait un diamètre de plus de 1,7 km. Sa lumière et sa chaleur seraient si intenses que le béton serait pulvérisé, le métal vaporisé, et les corps humains seraient instantanément réduits en cendre. »
Gardez à l’esprit que ce scénario décrit les effets d’une ogive d’une mégatonne. Alors quelle serait l’ampleur des destructions provoquées par une ogive Satan II de 50 mégatonnes ? On ose à peine l’imaginer.
Neuf pays possèdent officiellement des armes nucléaires : les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord. Le pouvoir d’y recourir est concentré entre les mains de quelques individus seulement et, historiquement, c’est souvent à une seule personne qu’appartient la décision finale. Au fil des décennies, nous avons effleuré à de nombreuses reprises une catastrophe thermonucléaire, bien que ces événements aient été largement cachés ou oubliés du grand public. Comme le rapporte le National Security Archive : « Pendant la Guerre froide, les fausses alertes d’attaques de missiles étaient gardées secrètes, même si leur existence finissait inévitablement par fuiter dans la presse. »
La situation était similaire dans le camp opposé.
« Le 26 septembre 1983, Stanislav Ievgrafovitch Petrov était de garde, responsable d’un système de détection précoce dans un bunker situé près de Moscou. Peu après minuit, les radars indiquèrent le lancement d’un missile depuis les Etats-Unis en direction de l’URSS.
Alors que Petrov tentait de calmer la panique naissante parmi ses quelque 200 subordonnés, le système signala que quatre autres missiles venaient également d’être lancés. Petrov ne disposait que de 15 minutes pour déterminer s’il s’agissait d’une attaque réelle ou d’une fausse alerte. »
Heureusement pour nous tous, Petrov se rappela ce qu’on lui avait enseigné durant sa formation : dans le cas d’une véritable attaque, les Etats-Unis lanceraient une offensive massive. Il en déduit qu’il s’agissait probablement d’une fausse alerte. « Ce que les satellites soviétiques avaient interprété comme des missiles n’était en réalité que des rayons du soleil réfléchis par les nuages. »
Plutôt que d’être salué comme un héros, Petrov fut par la suite réprimandé en raison d’une erreur dans son journal de bord. La décision héroïque qu’il prit cette nuit-là resta secrète pendant près d’une décennie. « Même sa femme, Raisa, est morte en 1997 sans jamais rien savoir. Elle est décédée d’un cancer, et son mari s’est occupé d’elle jusqu’à la fin. » Petrov est décédé discrètement le 19 mai 2017, mais à cette époque, son acte salutaire avait enfin été reconnu.
Conclusion
Détruire le monde nécessite des moyens financiers considérables, et le pouvoir de les employer à des fins destructrices. Un tel pouvoir réside aujourd’hui entre les mains des Etats, auxquels la majeure partie de l’humanité obéit docilement. Pour financer leurs ambitions, les Etats se sont arrogés le pouvoir de lever des impôts, et, depuis la Première Guerre mondiale, le pouvoir de création monétaire par l’intermédiaire de leurs banques centrales.
Puisque l’inflation monétaire demeure un mécanisme obscur pour la plupart des citoyens, en partie à cause des économistes corrompus de la Réserve fédérale, certains Etats ont pu bâtir des arsenaux dont la puissance de destruction est sans précédent. S’ils étaient employés, volontairement ou par erreur, toute vie sur Terre serait anéantie… nous aurions peut-être la réponse au paradoxe de Fermi.
Aussi longtemps que les Etats existeront, la coercition étatique subsistera, et avec elle, les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’humanité.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.