Le système financier livre une bataille acharnée contre le réel – aidé par les autorités et leurs diverses mesures. Pour l’instant, tout tient… mais jusqu’à quand ?
Le système financier moderne est solvable en lui-même et sur lui-même… si on n’en sort pas, puisqu’il suffit de créer de la monnaie de base pour le solvabiliser.
Tous les actifs financiers émis doivent être détenus par quelqu’un jusqu’à ce qu’ils soient retirés de la circulation par le remboursement, la faillite, les rachats, etc.
Le système ne peut que se vendre les actifs financiers à lui-même ; les Martiens n’achètent pas encore…
Vendre un actif financier c’est toujours en dernier ressort demander de la monnaie de base – et offrir de la monnaie de base, les banques centrales peuvent toujours le faire… tant qu’elle est acceptée.
En mars 2020 nous avons eu une fuite devant le marché financier, un run, et les banques centrales l’ont stoppée en créant de la monnaie de base.
Le système se mord la queue
En revanche, ce qui est insolvable – c’est-à-dire qui ne peut honorer les promesses contenues dans le système financier et ses valeurs –, c’est le réel.
L’insolvabilité, c’est la rareté relative du réel face à l’illimité du système financier.
Le système financier moderne est un ouroboros, il se mord la queue – et cela depuis qu’il n’a plus d’ancrage. C’est ce que j’explique depuis 1982 ! A cette époque, je me suis opposé à la dérégulation.
Le système tiendra tant que les porteurs d’actifs et de promesses financières n’en demanderont pas la contrepartie dans le réel : or, immobilier, marchandises, œuvres d’art, etc.
L’inflation, c’est quand les gens cessent d’avoir peur, qu’ils deviennent confiants dans l’avenir ; ils se départissent alors de leurs actifs de précaution et achètent et consomment des biens et des services. Ils font donc monter le prix en regard de la monnaie. On offre la monnaie et on demande les biens et services.
Pourquoi faire régner la peur ?
Le maintien des peuples dans la peur a pour finalité systémique de leur faire préférer le papier, la liquidité et les actifs de précaution au réel, par précaution, de peur de l’avenir, de peur de manquer.
C’est pour moi la plus grande découverte de Keynes que celle-ci : tant que les gens ont peur ils accumulent des actifs plus ou moins liquides de précaution. Donc ils acceptent la monnaie de la banque centrale et son équivalent, la dette de l’Etat. Car monnaie de banque centrale et dette de l’Etat sont équivalents.