Les robots de trading sont stupides… mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne sont pas dangereux. Ne vous fiez pas aux algos…
Les robots prennent les commandes des marchés boursiers, comme nous l’avons vu hier. Si vous voulez survivre, et même prospérer sur ces marchés, vous devez savoir comment les robots sont programmés, comment ils fonctionnent et, surtout, vous devez les prendre à leur propre jeu.
Les marchés ne font plus intervenir des humains face à d’autres humains. Ni même des humains face à des robots. Les marchés mettent des robots face à face.
Cependant, une niche subsiste, pour les humains capables de comprendre les algorithmes et de prendre de vitesse les machines en toute égalité. Les robots sont peut-être moins chers, plus rapides et plus efficaces que les humains. Mais ils ne sont pas plus intelligents…
… Et c’est là que vous avez l’avantage.
Un animal domestique est plus intelligent qu’un robot
Si vous voulez prendre les robots à leur propre jeu, il est crucial de comprendre leur fonctionnement.
Il se dit tout et n’importe quoi sur la façon dont les robots travaillent à un rythme se mesurant en nanosecondes, armés d’une puissance de calcul sans précédent, de leur capacité de lire des millions de pages en temps réel, quasiment, et de réseaux densément configurés, à tel point qu’on perd facilement de vue un fait qui a son importance : les robots sont stupides.
En fait, les robots ne sont pas du tout « intelligents » au sens naturel du terme. Ils sont limités par leurs algorithmes. Les algorithmes sont limités par ceux qui rédigent le code. Et ces codeurs sont souvent retranchés dans un petit bureau de la Silicon Valley ou de Jersey City dans le New Jersey (une adresse à Wall Street coûtant trop cher, pour eux).
Les codeurs sont souvent de jeunes ingénieurs résolument brillants mais ne connaissant rien au fonctionnement de Wall Street. Ces codeurs font ce que leur disent des personnes plus expérimentées au sein des banques d’investissement et des hedge funds, mais ces dernières ont elles-mêmes des idées fausses concernant les dynamiques du système animant les séries temporelles des cours.
Concepts erronés sur marchés irrationnels
Ceux qui dirigent la production des algorithmes s’accrochent à des concepts tout simplement erronés, tels que la distribution normale, le retour à la moyenne, l’efficience des marchés, les taux dénués de risques et la liquidité.
Les séries temporelles des cours ne sont pas distribuées selon la loi normale (courbe en forme de cloche, centrée sur une moyenne). La distribution des degrés est une courbe suivant une loi de puissance (énormément d’acheteurs veulent profiter d’un prix bas, mais presque aucun d’un prix haut).
Les cours ne retournent pas à la moyenne : ils sont soumis à des hauts et des bas extrêmes et à des changements de paradigme (vous rappelez-vous de l’époque où la livre sterling valait 2,80$ ? Moi, oui).
Les marchés ne sont pas efficients : ils sont au mieux émotifs, et au pire irrationnels. Les titres dénués de risques n’existent pas. Les bons du Trésor ont perdu 98% de leur valeur depuis 1971, par rapport à l’or. Ce n’est pas un risque, ça ?
La liquidité est là quand vous n’en avez pas besoin, et elle disparaît quand vous en avez besoin.
Si les suppositions de paradigme sont toutes fausses, alors il y a 100% de chances que les modèles le soient aussi. Les résultats produits par les modèles ont peu de rapport avec la réalité. Si l’on ajoute une science erronée à l’inexpérience, cela produit des algorithmes tout simplement stupides.
… Mais ce n’est pas parce que les algorithmes sont stupides qu’ils ne sont pas dangereux. Car ils le sont. Le danger, c’est le fait qu’un tel nombre de décisions de trading repose sur eux, et que des milliers de milliards de dollars de capitaux d’investissement suivent aveuglément.