Les marchés frôlent des sommets – mais il ne faut pas confondre la spéculation qui les anime avec le véritable investissement et des fondamentaux solides. Or les choses sont en train de bouger… et un retournement n’est pas à exclure.
Les marchés financiers vivent sous le régime de la spéculation. Ils ne vivent pas sous le régime de l’investissement.
La spéculation se détermine en fonction de l’anchoring – c’est-à-dire la comparaison avec ce qui a été hier, ce qui est aujourd’hui… et si elle prévoit une amélioration, la spéculation achète.
L’investissement se détermine en fonction des valorisations et se pose la question de savoir combien l’investissement va rapporter sur sa durée de vie prévue.
Ce sont pour ainsi dire deux actions disjointes.
Il suffit que cela aille mieux pour avoir envie de spéculer… mais il ne suffit pas que les choses aillent mieux pour investir – il faut surtout que les niveaux de prix soient attrayants.
Ceci étant posé, je vous rappelle ce texte écrit en décembre 2020 ; je suis heureux de constater qu’il a fait mouche. Mais je tiens à préciser que cette position se rapporte à la spéculation, pas à l’investissement.
Pas de rentabilité avant 10 ans
Je maintiens qu’investir aujourd’hui c’est l’équivalent d’accepter de ne pas avoir de rentabilité à horizon de 10 ou 12 ans et accepter de subir entre temps des corrections profondes et brutales.
En fait, tout en ayant toujours considéré que les marchés financiers étaient haussiers depuis mars 2009, j’ai cessé de les conseiller en investissement, sans les faire vendre bien sûr, en 2019.
J’ai considéré que nous étions hors de l’épure et qu’il n’était plus possible de justifier rationnellement une attitude d’investisseur et je continue de le penser.
Cela ne m’empêche pas de m’abstenir de conseiller de réaliser ses profits et de liquider son portefeuille.
De temps à autre, je signale qu’une fenêtre de vulnérabilité s’ouvre sur les marchés, mais elle ne s’ouvre jamais de façon suffisamment large pour inciter à dégager en panique.
Ma conviction profonde est qu’il faudra avoir les nerfs de rester investi, si on a eu la chance de le faire en mars 2009, mais que le régime change peu à peu.
Un retournement fondamental de long terme est possible, sinon probable.
Nous étions sous un régime purement monétaire jusqu’en 2020, ce qui était favorable aux actifs financiers, mais nous basculons vers un système mixte, à la fois monétaire et fiscal – et ceci peut changer la donne, en particulier sur l’inflation et les taux d’intérêt.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]