▪ Vous savez quoi ? Seule une minorité de membres de la Fed pense que le QE3 à 85 milliards de dollars par mois sera prolongé au-delà de fin 2013.
Et vous savez quoi ? Nous sommes convaincu qu’ils disent vrai. Parce qu’après un QE3 inefficace, il faudra bien mettre sur pied un QE4 qui tienne la route.
Il en va des cycles de planche à billets comme des iPhones : à peine les premiers stocks de la version 5 sont-ils écoulés que déjà la machine marketing commence à conditionner sa clientèle pour la sortie du modèle 6.0. Ce dernier sera totalement révolutionnaire puisqu’il inclura une version pour gauchers et pour photographes daltoniens, avec rétablissement numérique des vraies couleurs naturelles… Mais chut : il faut que cela reste un secret entre vous et nous.
Et vous n’en avez pas fini avec les révélations, car si 80% des opérateurs se déclarent haussiers, ils sont également 80% à ne pas acheter un bout de papier.
▪ Des marchés haussiers envers et contre tout
Alors respect pour Gérard Sannier d’Aurel BGC : il pronostique un CAC 40 à 4 000 d’ici mars et 4 500 points (pourquoi pas ?) d’ici la fin de l’année.
Nous ne sommes peut-être pas d’accord à 100% avec son pronostic mais au moins, il ne se complaît pas dans le consensus mou (3 800/3 900 d’ici le prochain débat sur la réduction du déficit américain). Surtout, il joint le geste à la parole : selon lui c’est haussier et cela va le rester, alors il achète résolument depuis plusieurs semaines.
Quoi qu’il advienne désormais, il doit avoir un prix de revient intéressant pour son portefeuille. Son pari haussier est déjà en grande partie gagné.
C’est un risque que nous n’avons pas pris et nous l’assumons. La multiplication des flash krachs (jamais à la hausse faut-il le préciser) sur une série de valeurs du SBF 120 nous a dissuadé de tenter de rapides allers-retours alors que le CAC 40 débordait les 3 550 points dans des volumes sans cesse plus étriqués.
Oui, nous apprécions ceux qui osent aller au bout de leurs convictions, même si cela nécessite une petite dose d’inconscience.
▪ Les marchés sont comme la poudreuse hors piste
Pour tenter une analogie bien de saison, nous hésitons à nous aventurer hors piste, alors que des quantités considérables de neige se sont accumulées depuis sept semaines au sommet des crêtes et que la température reste largement supérieure à zéro.
La saison est exceptionnellement douce. J’ai même relevé 18 degrés le 24 décembre vers 16h au pied du Grand Ballon d’Alsace et 10 degrés à 2 300 mètres le 30 décembre à 11h dans une station suisse proche du Liechtenstein — tout ceci est absolument authentique, et j’ai de nombreux témoins.
Nous savons que le moment du déclenchement d’une avalanche est totalement imprévisible. Des centaines de skieurs et de surfeurs peuvent donc aller sculpter des courbes dans la poudreuse sans que rien ne se passe… et passer devant vous en lâchant un « vous avez raté quelque chose » (teinté d’une once de forfanterie).
Mais il m’est également arrivé de participer à des recherches — armé d’une longue perche en fibre de verre — aux côté de dizaines de sauveteurs et de chiens spécialement entraînés pour extraire des skieurs sans vie d’une épaisse coulée d’avalanche qui… « ne les avait pas ratés ».
Ceux qui étaient passés 30 secondes plus tôt au même endroit étaient sains et saufs mais blêmes en réalisant à quoi ils venaient d’échapper.
Et ceux-là n’avaient plus envie de frimer !
Alors que certains de nos lecteurs me pardonnent mon côté montagnard timoré. J’ai fait des centaines et des centaines de kilomètres en hors piste et je suis toujours vivant… et ceux qui m’accompagnaient également, ce qui est le plus important à mes yeux.
Tant pis pour tous les splendides champs de neige que j’ai jugé plus prudent de laisser vierges et dans lesquels d’autres ont pu se régaler quelques minutes plus tard.
Pour en revenir aux indices boursiers, j’ai plus que jamais l’impression que c’est « trop chaud » pour tenter ma chance dans ce qui m’évoque un vertigineux couloir d’avalanche.
Pour l’heure, rien ne bouge en dépit du furieux rush observé la veille.
▪ Les indices ne lâchent rien
Les crêtes sommitales tiennent bon. Wall Street ne lâchait rien jeudi, sinon quelques fractions insignifiantes. Les indices américains alignaient au final leur repli sur celui des indices du Vieux Continent (-0,3%).
Le Dow Jones et le S&P 500 s’effritaient conjointement de 0,2% hier soir ; le Nasdaq reculait quant à lui de 0,38% après un gain de 5% en l’espace de deux séances.
Observez à quel point tout est géré de façon parfaitement maîtrisée. L’Euro-Stoxx 50 n’a lâché que 0,37% et le CAC 40 0,35%. L’indice parisien n’a par ailleurs fait que re-céder ce qui avait été gagné durant le fixing de clôture mercredi.
La séance de jeudi s’est donc achevée sur des scores insignifiants après plus de huit heures de stagnation, dans des volumes toujours aussi dérisoires (1,6 milliard d’euros sur le CAC 40 dont 25% durant le seul fixing).
Certains commentateurs tentent de vous faire douter de l’étroitesse des échanges réels sur les valeurs françaises en invoquant tous ces volumes non répertoriés par Euronext (et pour cause) qui se négocient sur les plates-formes alternatives.
Nous les connaissons bien, ainsi que l’activité engendrée par les vedettes du CAC 40. Cela représente, selon les séances, 36% à 40% des volumes d’échanges traités sur Euronext (soit 2,25 milliards d’euros d’échanges ce jeudi).
C’est encore assez éloigné des 50% évoqués par certains… mais accordons-leur ce ratio. Cela ne change rien à notre démonstration car il faut soustraire du total global 60% de trading algorithmique (achetés/vendus dans la même seconde ou la même minute).
Donc, il ne resterait tout au plus qu’un milliard d’échanges réels ce jeudi — une fois déduits les 300 millions d’euros d’arbitrage technique au moment du fixing.
Si nous devions recourir à une seconde analogie hivernale, outre le manteau neigeux instable en altitude, les patineurs restés dans la vallée évoluent sur une pellicule de glace des plus mince et qui menace de rompre à la moindre faute de carre.
2 commentaires
Comme il est intéressant de lire vos prouesses montagnardes.
Heureux sont ceux qui vous ont suivi en hors piste, mais malheureux et ruinés sont ceux qui suivent vos conseils boursiers depuis les bas fonds de 2012.
Il serait temps de planter votre longue perche de fibre de verre dans la glace, et tel un athlète d’essayer de franchir la barre des 3700 points, ou alors des 3700 mètres, puisque aujourd’hui vous êtes sauveteur de haute montagne.
Certes à vouloir faire tous les métiers de la terre : secouriste, météorologue, analyste boursier, votre tâche d’analyste manque de réussite. Concentrez vous sur celle qui semble être votre gagne pain, et qui depuis un an est celle du pain sec et de l’eau pour vos lecteurs : le pronostic des marchés.
Bien à vous. Gérard Sagnier a su prévoir la hausse, peut être passerez vous un jour haussier, ou alors nous n’aurons vraiment plus que nos yeux pour pleurer.
Monsieur Béchade,
Je lis avec intérêts tout vos articles.
Passé bear en été, je suis persuadé que les marchés peuvent s’effondrer à tout moment. Cette chute brutale de ce lundi 04/02/2013 est un premier signe d’alarme.
Le Nasdaq 100 pour moi est entré en phase descendante mi-septembre, et son rebond qui date de mi-novembre semble s’asphyxier également alors qu’il a été moins brutal ou explosif que celui du SP500 et DOW
Hormis une conjoncture économique plus mauvaise que 2007-2008, la folie acheteuse (sans volume…!?) semble cette fois-ci annoncer la descente de l’Everest avec un risque d’oedeme pulmonaire à la clé.
Cordialement