Le rapport « In Gold We Trust » explique que le prochain marché haussier des minières aurifères aura une ampleur inégalée. Découvrez les FANG en or.
Jamais les minières aurifères n’ont connu un tel marché baissier que celui entamé en 2011. Mais la volatilité diminue et 2017 semble avoir été l’année du point bas.
Pour Ronald-Peter Stöferle et Mark J. Valek (S&V), la prochaine crise aura un effet considérable sur le cours de l’or. Mais quelles conséquences aura-t-elle sur les actions de sociétés d’exploitation minière ? Voici ce qu’en pensent nos deux Autrichiens.
Tout d’abord, il me semble important de préciser que même si vous n’êtes pas positionné sur le marché des minières (« l’or pour le profit », tel que l’appellent S&V), vous avez néanmoins tout intérêt à le surveiller de près en tant qu’investisseur dans l’or physique (« l’or pour l’assurance »). C’est en tout cas l’hypothèse de S&V : « un marché haussier de l’or doit toujours être confirmé par les minières aurifère », avancent-ils.
Commençons avec une réflexion sur une notion souvent au coeur des discussions sur ce secteur, avant de nous pencher sur les cours.
Que penser du « pic de l’or » ?
Le « pic de l’or » est un argument auquel recourent nombre de partisans du métal jaune : la quantité disponible d’or sur terre étant finie, le cours du métal jaune serait nécessairement destiné à augmenter au fur et à mesure qu’il se fera plus rare sous terre.
Faut-il succomber à la facilité de cet argument défendu par la légende canadienne de l’industrie minière Pierre Lassonde, qui « estime que le pic de l’or pourrait déjà avoir été atteint » ?
J’ai consacré plusieurs pages de mon livre à ce concept posé par le géologue américain King Hubbert dans les années 1950, et je vous ai régulièrement tenu informé des nouveautés autour de cette thématique (voir notamment ici et là).
S&V se situent à mi-chemin entre l’approche cornucopienne (du latin cornu copiae signifiant corne d’abondance) développée par Julian Simon, et la vision malthusienne de Pierre Lassonde.
Pour les auteurs, les innovations technologiques permettront à l’Homme d’extraire encore beaucoup de minerai aurifère des arcanes terrestres et il n’y a pas lieu de s’alarmer à l’idée d’une déplétion du métal jaune.
« La production mondiale d’or a déjà atteint des sommets intermittents à quatre reprises depuis 1900 : en 1912, 1940, 1971 et 2001, et chaque sommet était plus élevé que celui qui le précédait. Le dernier pic a été enregistré en 2001, lorsque la production annuelle a atteint 2 600 tonnes, puis elle a diminué pendant plusieurs années par la suite. Poussée par une hausse des prix de l’or, la production a recommencé à augmenter à partir de 2009 et a augmenté chaque année depuis lors. Selon le World Gold Council, la production mondiale a atteint 3 298 tonnes en 2017. »
En d’autres termes, nous avons le classique effet des prix élevés qui raniment la prospection et par la suite la production.
Pour S&V, du fait des coupes drastiques dont ont fait l’objet les budgets d’exploration depuis 2012, « nous sommes probablement proches d’un autre pic intermittent de la production d’or ».
Ils expliquent la diminution des dépenses d’exploration par la hausse de l’investissement passif au travers des ETF. Quel est le rapport, vous demandez-vous peut-être ? Il est en fait assez simple et mécanique.
Les ETF listent essentiellement des compagnies qui sont déjà en phase d’exploitation. Les compagnies juniors, qui sont encore en phase d’exploration, en sont souvent écartées. Or, comme l’investissement dans l’activité minière a de plus en plus lieu au travers des ETF, ce sont les juniors qui se retrouvent en mal de financement et le potentiel de découverte se réduit.
S&V concluent que « le ‘pic de l’or’ est une perspective réaliste en raison d’une pénurie de dépenses d’exploration, mais cette pénurie affectera principalement les activités de fusion-acquisition au sein du secteur plutôt que le prix de l’or. »En effet, « le ratio stock/flux extrêmement élevé du métal garantit que les baisses de production soient compensées par le vaste stock de lingots. »
Enfin, notons que le coût de la prospection se renchérit, ce qui pousse aussi les prix de l’or à la hausse.
Voyons maintenant comment ont évolué les cours des minières et quelle tournure ils pourraient prendre lors de la prochaine crise.
2008 : après son plus haut historique, le HUI s’effondre de 67% en quatre mois, avant de repartir de plus belle
L’indice minier a perdu 67% entre juillet et octobre 2008, alors que l’or ne chutait que de 26%.
2011-2016 : la longue descente aux enfers des minières et la restructuration du secteur
Sur la période 2011-2015, le secteur a traversé un interminable marché baissier qui a induit une diminution colossale de la valeur des actions minières. Le HUI a en effet perdu pas moins de 80% de sa capitalisation, la plus forte de son histoire.
Pas étonnant que, depuis, « l’atmosphère des conférences au sein de l’industrie minière rappelle inévitablement les ambiances funéraires ou celle des fêtes d’anniversaire dans les maisons de retraite », comme le relèvent S&V.
Ce très long marché baissier a en tout cas eu le mérite de permettre à la destruction créatrice de faire son oeuvre, amenant le secteur à se restructurer en profondeur :
« Les producteurs sont désormais plus maigres, ayant réduit le lourd fardeau de leur dette, et devraient bénéficier grandement de la hausse des prix de l’or à l’avenir. » […] « De nombreuses entreprises adoptent lentement des stratégies commerciales plus agressives et passent, pour ainsi dire, d’un mode opératoire de marché baissier à un mode opératoire de marché haussier. »
S&V estiment que depuis lors, « de nombreux producteurs et développeurs qui ont dû être classés comme fragiles par le passé ont fait leurs devoirs et méritent désormais d’être classés comme entreprises antifragiles. »
Mi-2016 : début de la consolidation sur un marché particulièrement délaissé par les investisseurs
Depuis mi-2016, le marché consolide. Sur les 12 derniers mois, comme l’or, les mines ont fait l’objet d’une faible volatilité, fait suffisamment rare pour être souligné avec insistance par les auteurs.
Mai 2018 : un marché extrêmement délaissé par les investisseurs
Le ratio BGMI/S&P 500 montre que sur les 78 dernières années, le secteur fait l’objet d’un niveau de pessimisme comparable à celui qui était le sien au début des années 2000, alors que l’or s’échangeait à peine 300 $ l’once, ce qui en fait à ce stade « une opportunité d’investissement extrêmement contrarienne ».
« Qu’arriverait-il aux actions minières de métaux précieux si le marché actions devait connaître une forte dégringolade ? »
C’est la question à laquelle tentent de répondre S&V. Ce graphique, qui fait apparaître le HUI ainsi que les marchés haussiers et baissiers sur le S&P 500, est riche d’enseignements :
S&V font tout d’abord remarquer qu’en 2008, « les actions minières ont […] été le premier secteur du marché à se redresser après le krach, se développant rapidement en termes de force relative. Les actions minières aurifères ont atteint leur plus bas six mois avant le S&P 500. »
« La situation actuelle est cependant fondamentalement différente. Le marché baissier du HUI qui s’est étendu de septembre 2011 à janvier 2016 a été le plus long et le plus brutal de l’histoire du secteur. Par conséquent, nous nous attendons à ce que la chute du marché boursier ne conduise initialement qu’à une certaine faiblesse des actions minières aurifères, faiblesse qui devrait être beaucoup moins importante qu’en 2008. Ce phénomène devrait être suivi d’un découplage relativement rapide. »
Enfin, si la hausse entamée en 2015 atteste effectivement du départ d’un nouveau marché haussier sur les minières, il s’agit pour le moment du plus court mouvement de hausse profonde de l’histoire du secteur et de l’un des plus faibles.
« Si nous sommes bien au début d’une tendance haussière prononcée sur les actions de métaux précieux – ce que nous supposons être le cas — il reste beaucoup de potentiel de hausse. De plus, le graphique montre que chaque marché haussier du secteur s’est terminé par un pic parabolique à la hausse qui a duré neuf mois en moyenne et qui a au minimum fait doubler les prix. »
Or, comme « l’hypothèse de base de l’analyse technique est qu’un marché haussier est souvent l’image renversée du précédent marché baissier (et vice versa) […] le prochain marché haussier devrait certainement être caractérisé par une performance bien au-dessus de la moyenne. »
Conclusion : FANG ou FANG ?
S&V résument leur position dans les termes suivants :
« Après avoir traversé le pire marché baissier de son histoire, le secteur de l’or se trouve enfin sur une base nettement plus solide. D’un point de vue contrarien et contracyclique, il pourrait bien s’agir du secteur de marché le plus intéressant. »
Ils sensibilisent enfin leurs lecteurs au fait que l’heure pourrait bien être à détenir les FANG dorés (Franco-Nevada, Agnico-Eagle, New Gold and Goldcorp) plutôt que les FANG de la tech ! J’espère vous avoir apporté suffisamment d’éléments pour y réfléchir.
2 commentaires
Et l’argent métal devrait connaître une hausse encore plus forte !
lorsqu’un crime est commis… il faut suivre l’argent..et savoir à qui profite le crime.
un nom? Goldman Sachs…qui accumule justement un stock colossal d’argent ..métal !