** Le rebond attendu de tous semble être en train de se produire. Même les chats morts rebondissent. Et si l’on considère la hauteur de laquelle celui-ci est tombé, il ne serait guère surprenant de le voire rebondir de 30% ou plus… sur les trois prochains mois.
* Les investisseurs ont pris une belle raclée en 2008. Ca a été la pire année de l’histoire boursière. Ils pensent que cette année ne pourra qu’être meilleure. Et il y aura de nombreuses raisons de croire que les choses vont en s’améliorant.
* Le nouveau président des Etats-Unis, Barack Obama, parle de plans de relance d’une ampleur rooseveltienne. Il veut répandre les allocations chômage et sécurité sociale avec plus de prodigalité, par exemple. Mais il sait qu’il ne peut pas se contenter de jeter quelques centimes aux clochards qui font la manche dans la rue ; il lui faut un plan de relance qui épate la galerie.
* "Les économistes de toutes obédiences politiques tombent d’accord pour dire que si on n’agit pas avec rapidité et vigueur, nous pourrions voir une aggravation du ralentissement économique", a-t-il récemment déclaré.
* A nous, en tout cas, il n’a pas posé la question. S’il l’avait fait, nous lui aurions expliqué que tout centime dépensé pour un sauvetage doit être soustrait des dépenses de la personne qui l’a gagné. Nous ajouterions que ce n’est absolument pas un problème économique. Les marchés font ce qu’ils sont censés faire… éliminer les erreurs de l’époque de bulle.
* C’est un problème politique, et non économique. Les gens n’aiment pas avoir à payer pour leurs erreurs. Ils vont donc gémir auprès des politiciens. Puis ces derniers font empirer les choses… en essayant d’empêcher la correction de se produire.
* M. Obama pense qu’il doit faire quelque chose de spectaculaire… quelque chose qui donne l’impression de vraiment retourner la situation. Il appelle son projet le "Plan de reprise et de réinvestissement américain" (PRRA).
* Ah… voilà quelques points d’interrogation : qu’est-il censé reprendre ? Nous n’en savons rien… les jours de gloire de la "Bulle Epoque", peut-être. Qu’est-ce qui est réinvesti ? Nous ne le comprenons pas non plus. En général, on réinvestit un profit. Il faut donc avoir un profit, pour le réinvestir. Pour autant que nous puissions en juger, 2008 a été une année de pertes. On ne peut pas réinvestir des pertes.
* Quoi qu’il en soit, nous savons ce qu’est le PRRA… des âneries politiques. A présent, on s’attend à ce que tout ça coûte jusqu’à 1 000 milliards de dollars — c’est en tout cas ce que demandent les gouverneurs des différents états américains. Les dirigeants du Congrès américain affirment vouloir rester sous le seuil des 1 000 milliards, "lourd de signification politique". Mais ils déclarent aussi que la loi ne sera pas prête à être signée par Obama avant février. Le Congrès a besoin de temps pour faire circuler l’assiette au beurre — pas de doute là-dessus non plus. Lorsqu’ils en auront terminé, il y aura à coup sûr 1 000 milliards de dollars de graisse dans le paquet.
* "La dette américaine devrait grimper en flèche", déclare le Washington Post, en soulignant une évidence.
* Toute cette dette supplémentaire ne fera aucun bien à l’économie, mais les investisseurs auront probablement l’impression que le bon vieux temps est de retour. Et pendant une petite période, ce sera bien le cas…
** Tout semble si simple. Après le krach vient le rebond. Et les renflouages. Les renflouages coûtent de l’argent que nous n’avons pas. Nous avons donc plus de dette… et plus d’argent provenant de la planche à billets. Pourquoi se poser des questions ?
* Durant les deux derniers mois de l’année, le MZM — mesure de la masse monétaire américaine — a augmenté de 11% par an. L’or a grimpé. Avec le plan Obama… et les renflouages de la Fed… il semble couru d’avance que le prix de l’or va encore grimper.
* A 879 $ l’once environ, l’or n’est pas plus élevé aujourd’hui qu’il l’était il y a 29 ans. En janvier 1980, il a brièvement atteint les 875 $. S’il devait simplement atteindre le même niveau aujourd’hui, en tenant compte de l’inflation, il devrait passer à 2 400 $.
* Ce qui nous dérange, c’est que tout ça semble si évident. En regardant les faits, une personne sensée en conclurait que le prix de l’or va grimper. Il a beaucoup de chances de tripler par rapport à son prix actuel.
* Les gens sensés semblent faire la chose sensée ; le World Gold Council a déclaré que la demande d’or augmente rapidement. Le prix du métal jaune a grimpé de plus de 100 $ — alors que tous les autres actifs, à l’exception des bons du Trésor US, ont chuté. Les pièces d’or sont devenues difficiles à acheter ; la prime, sur le métal physique, a grimpé de 10% supplémentaires environ par rapport au prix de l’or.
* Tout de même, le prix d’une once d’or est toujours sous les 900 $… et non au-dessus de 2 000 $. Est-ce que l’argent intelligent… l’argent initié… voit quelque chose que nous ne voyons pas ? Ou voyons-nous quelque chose que lui ne voit pas ? Nous ne savons pas… mais ça nous inquiète.
* N’y aura-t-il pas de ruée sur l’or ? Ou bien arrivera-t-elle plus tôt et plus violemment que nous pourrions l’imaginer ?
* Il ne peut qu’y avoir une surprise qui nous attend quelque part…
** Nous sommes exactement perturbé par le fait que tant de gens attendent un rebond… suivi d’un nouvel effondrement. Comment M. le Marché peut-il faire ses farces habituelles si tant de gens voient ce qu’il prépare ? Où est la surprise ? Le rebond ne viendra-t-il pas du tout ? Ou bien sera-t-il bien plus spectaculaire que ce que pensent les gens ?
* Peut-être que les marchés regrimperont fortement partout dans le monde. L’industrie chinoise montrera des signes de reprises. L’immobilier aux Etats-Unis semblera s’être stabilisé. Les matières premières reprendront du terrain. Les investisseurs commenceront peut-être à penser qu’ils ont un autre marché haussier sous les yeux — du moins un marché haussier qu’on peut travailler. Ils ne voudront pas manquer l’opportunité de "se refaire". Ensuite, à mesure que les prix des actions grimperont, les investisseurs reprendront leurs bonnes vieilles habitudes. Ils se tourneront vers des investissements risqués afin de booster leurs profits. Entre autres choses, ils investiront sans doute sur les marchés émergents, qui grimperont probablement plus que le marché américain lui-même. Des devises comme le réal brésilien et le rouble grimperont par rapport au dollar.
* Alors que le rally reprendra 40%… 50%… voire peut-être 60% par rapport aux pertes de l’an dernier, les investisseurs seront poussés à considérer cela non comme un rebond de marché baissier mais comme un authentique nouveau boom. Ils penseront qu’il est réel… et durable. Et ils oublieront de vendre.
* M. le Marché aura encore réussi son coup.