Le droit de propriété a mauvaise presse. Il ne serait qu’un prétexte pour protéger les puissants d’une juste distribution des biens. Le droit de propriété serait le mur en barbelés qui empêche la saine justice socialiste contre les puissants en faveur des pauvres.
Comme le droit de propriété est un des droits naturels défendus par le libéralisme, l’étape suivante coule de source : le libéralisme, c’est une idéologie au service des puissants pour justifier les inégalités matérielles.
Le fait que ce message soit martelé à longueur d’antenne n’en fait pas une vérité. En réalité, le droit de propriété est surtout important pour les faibles. Les puissants n’ont jamais eu besoin de personne pour défendre leur propriété.
La possession – même légale – d’un bien ne coïncide pas toujours avec la propriété légitime. Une propriété légitime d’un point de vue libéral est le fruit du travail ou d’un échange librement consenti. Or entre le vol, la corruption étatique, la captation oligarchique ou les manipulations de la monnaie, le droit de propriété libéral est loin d’être respecté. Une partie des reproches faits au droit de propriété est ainsi paradoxalement le fruit de violations du droit de propriété.
« J’affirme que les misères et les iniquités dont l’humanité n’a cessé de souffrir ne viennent point de la propriété ; j’affirme qu’elles viennent d’infractions particulières ou générales, temporaires ou permanentes, légales ou illégales, commises au principe de la propriété.
J’affirme que si la propriété avait été, dès l’origine du monde, religieusement respectée, l’humanité aurait constamment joui du maximum de bien-être que comportait, à chaque époque, l’état d’avancement des arts et des sciences, comme aussi d’une entière Justice. »
Gustave de Molinari – (1819-1912)
Les puissants protègent très bien leur propriété
Les puissants n’ont jamais eu de difficultés pour défendre leur propriété.
Du Soudan pendant la guerre civile aux guerriers du Moyen-Âge, ceux qui usent de la violence n’ont aucun problème pour disposer et jouir de leur propriété.
Ils la défendent eux-mêmes avec beaucoup d’efficacité – et volent d’ailleurs aussi parfois celle des autres. Après une nuit d’émeute, ce n’est jamais la voiture de luxe avec des vitres fumées que l’on retrouve calcinée sur le parking d’une cité. C’est la voiture bas de gamme d’occasion.
Sous l’emprise d’une mafia, la propriété du parrain local est bien respectée, celle du petit commerçant ou de l’industriel beaucoup moins.
Dans les dictatures corrompues, la propriété des proches du pouvoir ne craint rien, celle du peuple est par contre à la merci d’une confiscation ou d’un détournement. La défense du droit de propriété n’est pas un truc de puissant, c’est un combat fondamental en faveur des plus faibles.
Le droit de propriété légitime et les titres légaux de propriété
Le droit de propriété ne se traduit hélas pas forcément par un titre de propriété légal.
Dans de nombreux pays du Tiers Monde, une large partie des individus (en général les plus pauvres) n’ont aucun titre de propriété légal sur la terre qu’ils cultivent, sur leur habitation ou sur le petit commerce qu’ils ont lancé.
Cette absence de titre de propriété légal a plusieurs conséquences néfastes.
D’abord, la spoliation. Ils sont à la merci de n’importe quel bureaucrate, n’importe quelle mafia qui peut les expulser par la force.
Ensuite, la difficulté dans les transactions. Ils ont de grosses difficultés à louer, vendre, épargner ou transmettre leur propriété. Le développement économique ne pouvant se faire qu’à travers des échanges, cette vitrification des transactions les empêche de sortir de la misère.
Enfin l’impossibilité d’emprunter. Sans titres de propriété légaux, il n’y a pas de garantie pour emprunter afin de se lancer dans un petit commerce ou une petite industrie. Le crédit devient inaccessible à ceux qui en ont le plus besoin : les pauvres qui disposent de leur capacité de travail mais pas de capitaux. Le Prix Nobel Muhammad Yunus, avec son initiative en faveur du micro-crédit, tente de contourner ce problème de l’économie informelle. Le respect du Droit naturel de propriété n’est pas la cause de la pauvreté, c’est le contraire : c’est sa violation permanente, constante à travers les époques et les lieux qui est responsable de la pauvreté.
Pour un monde plus juste, plus prospère, ensemble, défendons une vraie cause humanitaire, la seule qui peut vraiment faire changer le monde : le respect du Droit naturel de propriété. Pour tous. Partout. Maintenant.
[NDLR : Pour en savoir plus sur le libéralisme, cette philosophie qui conduit à une éthique de vie, commandez le livre de Daniel Tourre, Pulp Libéralisme, ici. 232 pages de textes limpides, d’idées lumineuses qui éclaireront votre façon de voir l’actualité.
N’hésitez pas à offrir ce livre accessible à tout public. Ce n’est pas de la philosophie absconse et éthérée.
Pour paraphraser un auteur libéral célèbre : une idée élevée n’est pas forcément inaccessible, vous pouvez voir le fond d’une pensée profonde, une vérité peut s’analyser.]
1 commentaire
Bonjour, bonsoir,
Texte révélateur de l’idiosyncrasie des libéraux-sophistes (LS)…
John Locke a bien cerné le problème : l’appropriation d’un bien n’est naturellement justifiable/légitime que si il y a d’autres biens appropriables par les autres, ou a minima une compensation…
Mais Daniel Tourre n’en pipe mot : le libéralisme, c’est donc une arnaque !!! CQFD
Geof’, neo-communiste wallon amusé par les ratiocinations désespérées des LS