** Cette semaine, nous nous sommes rendu à une cérémonie de remise des prix dans le secteur de la presse magazine en Grande-Bretagne. La version britannique de MoneyWeek était nominée dans la catégorie "meilleur magazine hebdomadaire économique".
* C’était une soirée de prestige… avec des centaines d’invités en smoking et en robes de soirée. Il y avait aussi des girls — habillées dans le style des années 20… entre le Gatsby le Magnifique et les Ziegfeld Follies : des robes courtes et moulantes avec des franges scintillantes… des chapeaux à plume… Les filles servaient le champagne et dansaient.
* "Je vois [qu’on] a choisi le thème des années 20", a commencé le maître de cérémonie. "Bon sang, mais qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? Vous ne savez pas ce qui est arrivé après les années 20 ? Les années 30 !"
* On n’a pas l’impression d’être dans les années 30… pour l’instant. Demandez à l’homme de la rue, il vous dira ce qu’il a entendu à la télévision : le pire de la crise est passé.
* "29 juin (Bloomberg) — Les plus grandes sociétés de courtage obligataire de Wall Street affirment que le pire pourrait être passé pour les investisseurs en bons du Trésor américain après que les titres gouvernementaux ont affiché leurs plus grandes pertes semestrielles depuis au moins trois décennies".
* "Les 16 principaux distributeurs, qui commercent directement avec la Réserve fédérale et sont obligés d’enchérir aux ventes de bons du Trésor, prévoient que le rendement du T-Bond à 10 ans, terminera l’année quasiment inchangé, à 3,58%, en hausse par rapport aux 2,21% de la fin 2008, selon une étude de Bloomberg News".
* Les actions continueront de grimper jusqu’en 2010, déclare John Dorfman. La phase de "gestion de crise" est derrière nous, ajoute Jeff Immelt.
* Mais tout ça ne fait que nous rappeler… 1930. Réveillons les fantômes, juste pour pouvoir se moquer d’eux :
* "Le printemps… marque la fin d’une période de graves inquiétudes… l’économie américaine revient progressivement à un niveau de prospérité normal". Julius Barnes, directeur des Etudes économiques nationales de Hoover, le 16 mars 1930.
* "Nous approchons désormais la fin de la phase de déclin de la dépression". Harvard Economic Review, 15 novembre 1930.
* En 1930… tout comme en 2009… le citoyen moyen pensait que la crise était passée.
* "Hé bien… cette dépression n’était pas si terrible", se disait-il.
* Il n’y a que deux forces dans la nature — l’expansion et la contraction, la hausse et la baisse, l’amour et la haine/crainte. Toutes ces forces doivent rester équilibrées. Est-il possible que l’expansion de crédit qui a commencé après la Seconde Guerre mondiale et duré jusqu’en 2007… faisant passer le ratio dette/PIB US de 150% environ à 360%… se soit contractée en l’espace de 24 mois ? Les erreurs de la Bulle Epoque ont-elles déjà été corrigées ? Les bilans des banques sont-ils revenus à l’équilibre ?
** Pendant ce temps, l’économie poursuit son oeuvre… corrigeant… affinant… amputant… jetant… détruisant les illusions des années de bulle… pour rééquilibrer les choses.
* "La morosité des consommateurs américains entrave la reprise immobilière", commence un article de Reuters. Un autre article, de MarketWatch, mettait cette morosité sur le compte de "tristes perspectives en matières d’emploi".
* L’immobilier et l’emploi sont les deux pierres angulaires de la richesse de la classe moyenne américaine. S’ils ne peuvent soutenir le poids d’une économie en construction, il y a peu de chance de voir une reprise profonde aux Etats-Unis… ou dans le reste du monde.
* "La semaine dernière, j’ai animé une réunion de prêteurs hypothécaires", continua le MC de la soirée. "Ils ont réuni tous les prêteurs hypothécaires de Grande-Bretagne encore debout. J’avais de la peine pour ce pauvre type. Tout seul, comme ça…"
* "De nos jours, quand quelqu’un entre dans une banque et dit… ‘j’aimerais vous voir au sujet d’un prêt’"… le banquier lui répond : ‘parfait, combien pouvez-vous nous donner ?’"
* En Grande-Bretagne, les prêts hypothécaires nets sont à leur plus bas niveau depuis qu’on a commencé à enregistrer des statistiques sur le sujet, en 1993. Et les nouvelles d’hier nous apprenaient que l’économie britannique s’effondre plus rapidement que le pensaient les gens. Au premier trimestre, le PIB britannique a chuté de 2,49%.
* En Grande-Bretagne comme aux Etats-Unis, l’économie réelle décline alors même que les investisseurs, les analystes et les commentateurs pensent voir une reprise. Ils pensent qu’une hausse des cours — les actions américaines ont grimpé de 40% depuis le 9 mars dernier — prédit et précède la croissance économique. Les actions, disent-ils "anticipent".
* Les gens sont prêts à croire n’importe quoi. Si les actions anticipaient la direction de l’économie, elles ne se seraient jamais échangées à des niveaux aussi élevés en 2007. De toute évidence, elles n’avaient pas la moindre idée de ce qui les attendait. Et c’est pareil aujourd’hui.