** Le "vendredi noir" s’est révélé moins sombre que les gens le craignaient. Les ventes ont grimpé de 3% par rapport à l’année précédente. C’était "un mauvais début" à la saison des fêtes, rapportait le New York Times. Mais selon nous, il était étonnamment bon.
* En fait, de nombreux acheteurs étaient si pressés de se séparer de leur argent qu’ils auraient tué quiconque se mettait en travers de leur chemin. Cet article du New York Times nous dit ce qui est arrivé à Wal-Mart :
* "Soudain, selon les témoins et la police, les portes ont volé en éclat, et une foule hurlante s’est ruée aveuglément pour profiter des meilleures affaires de la saison. Un employé, Jdimytai Damour, 34 ans, a été poussé sur le linoléum noir et piétiné durant la bousculade, la foule passant sur et autour de lui. D’autres qui se tenaient aux côtés de M. Damour pour essayer de tenir les portes, ont eux aussi été éjectés et piétinés".
* "Certains employés, ayant vu ce qui se produisait, ont lutté contre la foule pour venir au secours de M. Damour, mais il avait été mortellement blessé, selon la police. Des urgentistes ont essayé de réanimer sur les lieux M. Damour, employé intérimaire embauché pour la saison des fêtes, mais il a été déclaré mort une heure plus tard au Franklin Hospital Medical Center à Valley Stream".
* Bien entendu, dans une guerre majeure, il ne peut qu’y avoir des victimes… et des dommages collatéraux. Comme nous ne cessons de le dire, la dernière mode est menée par les "frugalistas". Mais certains ont du mal à s’y faire… comme la foule de Valley Stream. Au moins M. Damour est-il mort au front… au service de son pays alors que ce dernier essaie désespérément d’éviter de reprendre ses esprits.
** C’est la guerre, rappelez-vous. Les autorités dépensent plus d’argent dans ce conflit que durant la Seconde Guerre mondiale. Elles sortent l’artillerie lourde. Elles jettent la prudence aux orties. Elles roulent à tombeau ouvert pour secourir l’économie. Se mettre en travers de leur chemin est dangereux… pour les investisseurs et pour les gérants de boutiques.
* Les investisseurs devraient faire attention à leur chemise. Un rebond majeur pourrait être très coûteux. Les actions pourraient tout à fait reprendre la moitié de ce qu’elles ont perdu. Cela mettrait le Dow à 11 000 points environ. Si cela se produit — et ce pourrait être le cas — n’oubliez pas de vendre.
* On pouvait lire hier dans l’International Herald Tribune que les autorités "risquent tout" pour éviter "un effondrement financier". Oui, c’est bien vrai… et elles risquent gros.
* Bloomberg nous donne son estimation du coût de cette guerre contre la nature : 7 400 milliards de dollars… dont 2 800 milliards ont déjà été engagés. Nous donnions récemment le chiffre de 8 000 milliards de dollars. D’ici la fin de la semaine, on en sera probablement à 10 000 milliards.
* Quel que soit le point de vue où l’on se place, c’est un gros chiffre. Il ne peut en être autrement. Selon la théorie de Keynes, le gouvernement doit compenser les dépenses que les citoyens privés ne font plus. Autrefois, les Américains "retiraient", tous les trimestres, jusqu’à 200 milliards de valeur de leurs maisons. A présent, ils n’ont rien à retirer. C’est donc 800 milliards de dollars par an qu’il faut remplacer sans plus attendre. En plus, au lieu de retirer, les gens doivent en fait remettre au pot… c’est bien tout le principe d’une "récession de bilan". Ils doivent rembourser leurs dettes et reconstruire leur épargne. Nous pensons que ce chiffre — la somme autrefois dépensée, mais qui doit désormais être utilisée pour réparer le secteur financier — grimpera jusqu’à représenter environ 10% du PIB américain — soit 1 400 milliards de dollars par an. En d’autres termes, les autorités devront dépenser 2 200 milliards de dollars supplémentaires chaque année.
* A titre de comparaison et de référence, le Times donne un chiffre de 1 000 milliards de dollars. Les économistes affirment que 750 milliards de dollars de dépenses fédérales représentent l’équivalent de 1 000 milliards de dollars d’injections supplémentaires, grâce à "l’effet multiplicateur".
* Mais l’éditorial du Times d’hier continue en disant — ça ne lui ressemble pas — quelque chose d’intelligent : "en luttant contre les crises d’aujourd’hui, le gouvernement prépare les suivantes. Pour financer les renflouages, le Trésor américain emprunte de l’argent et la Fed l’imprime. Cela n’augure rien de bon pour un pays lourdement endetté, présageant d’une hausse des taux d’intérêt et des prix — une hausse peut-être sévère".
* Permettez-vous de vous rappeler l’explication très simple de Tainter sur la raison pour laquelle les choses s’effondrent. Les problèmes génèrent des solutions. Les solutions engendrent plus de problèmes. Chaque solution a un coût. Et en fin de compte, le poids de toutes les solutions écrase le système.