** Le sol se dérobe sous nos pieds : vendez le dollar… vendez les bons du Trésor US.
* Les Américains tiennent bon… ils ne paniquent pas. Ils font bien. Puis ils se mettent au travail — et réalisent qu’ils sont sans emploi. Ils regardent leur épargne-retraite — sagement investie dans un portefeuille diversifié — et réalisent qu’elle a perdu la moitié de sa valeur. Les prix de leurs maisons perdent 20%. Dans des villes comme San Diego, Las Vegas et Miami, les pertes sont plutôt de l’ordre de 30-40%.
* Le sol cède… et ils se retrouvent en enfer.
* Ce qui doit se produire se produira. Un poisson, ça nage. Un oiseau, ça vole. Et une bulle, ça doit éclater. La bulle de dette privée a déjà éclaté. A présent, la bulle de dette publique doit elle aussi éclater. Et le dollar doit chuter. C’est à ce moment-là que le sol s’ouvrira vraiment… pour de nombreuses personnes, l’effondrement du dollar effacera ce qui reste de leur patrimoine. Les fonds de pension et les compagnies d’assurance seront réduits en poussière. Les épargnants ne seront pas épargnés.
* Les investisseurs se sont précipités hors d’investissements risqués de toutes sortes — les marchés émergents, les marchés matures, l’immobilier, les matières premières — pour se ruer dans les bras vigoureux et rassurants des bons du Trésor US. "Donnez-moi vos masses de dollars… cherchant protection contre le capitalisme", déclare l’Oncle Sam, "et je vous donnerai un rendement de 2,58% sur dix ans. Donnez-moi votre argent durant 91 jours, et je ne vous donnerai rien en retour".
* Est-ce une bonne affaire, cher lecteur ? Tout dépend de la solidité du sol sous le marché obligataire US. Jusqu’à présent, alors que la terre s’effondre sous d’autres classes d’actif, le marché des T-Bonds a tenu bon.
** Mais c’est là la raison pour laquelle le verbe "devoir" a été inventé. Lorsque quelque chose doit se passer, cette chose se passe. Le gouvernement fédéral US a déjà une dette nationale officielle dépassant les 10 000 milliards de dollars. Pour l’an prochain, le déficit dépassera probablement les 1 000 milliards de dollars… et pourrait atteindre les 2 000 milliards d’ici 2010 — soit plus de quatre fois le plus gros déficit jamais enregistré par le pays… et plus que le budget US tout entier il y a sept ans de ça seulement. A ce rythme-là, dans quelques années, la dette américaine dépassera le PIB US.
* Est-il probable de voir les autorités augmenter la quantité de dette US dans de telles proportions sans en réduire la qualité ? Est-il probable que la dernière reconnaissance de dette émise par le gouvernement fédéral vaudra autant que la première ? Non, ce n’est pas probable. Quelque chose doit céder.
* Et nous parlons-là de sommes considérables. Une entreprise ou un petit gouvernement peut parfois emprunter plus que ses revenus annuels. Ses emprunts peuvent être financés par un petit pourcentage des épargnants imprudents de la planète. Prêter au gouvernement US à une telle échelle, c’est une autre paire de manches. Cela mobilise une grande partie de l’épargne mondiale totale — et réduit, dans les faits, la capacité de croissance économique planétaire.
* Tout le monde — à part les banquiers, bien entendu — sait que prêter de grosses sommes à un petit pays est extrêmement spéculatif. Mais prêter aux Etats-Unis à 2,85% pendant dix ans, voilà qui sent mauvais : une odeur de certitude. On ne peut pas emprunter de telles sommes sans conséquences… et les conséquences d’une telle quantité de dette ne peuvent qu’être néfastes.
* Il nous semble quasiment inévitable de voir les obligations US se transformer en piège pour votre argent. Parce qu’il est presque acquis que le sol cèdera sous les pieds des investisseurs obligataires. Pourquoi ? Ben Bernanke nous l’a déjà dit. Lorsque l’emprunt devient difficile, la Fed se tourne vers d’autres formes de liquidités — elle achète elle-même les bons du Trésor US. En d’autres termes, au lieu d’emprunter aux épargnants — laissant ainsi la masse monétaire nette inchangée — le Trésor empruntera à la Fed. Où la Fed obtiendra-t-elle ses milliers de milliards de dollars supplémentaires ? Elles les créera à partir de rien.
* Voilà pourquoi le dollar est à la baisse.
* "Le statut de refuge du billet vert mis en doute", rapportait le Financial Times.
* L’euro a terminé la séance d’hier à 1,36 $ — un niveau qu’il n’avait plus vu depuis de nombreux mois. Et l’or grignote du terrain.
* Le dollar va tout droit en enfer, cher lecteur. Débarrassez-vous en. Et vendez aussi les bons du Trésor US. Peut-être sommes-nous un peu en avance avec de tels conseils. Mais nous n’aurons pas tort.