Par Simone Wapler (*)
De 35 $ à 60 $ le baril : ceux qui ont acheté du pétrole au cours de la semaine précédant Noël affichent déjà presque 100% de plus-value au compteur. Est-ce le moment de sortir, ou bien le pétrole va-t-il encore monter ?
Les cours ont pâti de la baisse de la demande, due à la crise économique, de la disparition de nombreux fonds de couverture fortement investis en matières premières. Par ailleurs, la Russie a bradé son or noir en vue d’affronter une fin d’année difficile.
Le recul de la demande se poursuit au fur et à mesure que la situation économique se dégrade. Aux Etats-Unis, elle est revenue à son niveau d’il y a 10 ans. Les fonds de couverture ne renaîtront pas de leurs cendres immédiatement, d’autant plus qu’ils ne sont plus alimentés par le crédit.
La discipline des pays producteurs a fait remonter les cours
Parallèlement, l’Organisation des pays producteurs a organisé la baisse de l’offre. Les quotas fixés par l’OPEP ont été appliqués à 75%, un "résultat remarquable", estime Chakib Khelil, ministre algérien de l’Energie et président sortant de l’organisme. Conrad Gerber, du cabinet Petro-Logistics, fournisseur de données indépendant de l’organisation, valide le chiffre de 26,1 millions de barils par jour (Mb/j), contre 27,7 à fin décembre, soit une réduction de 1,5 Mb/j.
L’OPEP avait prôné une baisse de 2,2 Mb/j. Ses préconisations ont donc été plutôt bien suivies, montrant la détermination des producteurs à rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande, indique Conrad Gerber au journal algérien El Watan.
La prochaine réunion de l’OPEP est prévue à Vienne, le 28 mai, et Chakib Khelil prévoit que la discipline s’intensifiera entretemps, ce qui réduirait encore la production d’un demi-million de barils par jour. Par la suite, "je ne pense pas qu’il soit nécessaire de réduire ou d’augmenter la production", a-t-il encore indiqué.
Parallèlement, les sociétés pétrolières ont réduit leurs investissements, ce qui freinera la montée en régime lorsqu’elle deviendra nécessaire.
A terme, la demande des pays riches devrait rester, au mieux, atone. Côté américain, l’EIA (Energy Information Administration) abaisse sa prévision de demande de 1 Mb/j. Certains se demandent si ce chiffre n’est pas de l’intox : "un discours si sombre qu’il vous incite à rechercher un endroit où ne pas être bientôt inondé de pétrole", ironise Phil Flynn, président d’Alaron Trading.
Le nouveau front uni de l’OPEP pourrait se fonder sur un constat : la défiance envers le dollar. Une défiance éveillée par les mesures d’assouplissement, ou quantitative easing, prises par la Fed. Si l’OPEP maintient ce front, les prix ne risqueront pas de redescendre à 35 $ le baril. A plus long terme, les lois de l’offre et de la demande sont implacables, en faveur de prix plus élevés.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.