** "Ne mâchons pas nos mots… tout cela ressemble beaucoup au début d’une deuxième Grande Dépression", déclare Paul Krugman, économiste et Prix Nobel.
* Paul Krugman se trompe sur beaucoup de choses ; mais il a raison sur ce point. Ce n’est pas une récession. C’est une dépression.
* Quelle est la différence ? Selon certains économistes, une dépression élimine 10% du PIB. Selon d’autres, c’est une récession qui dure plus d’un an. La plupart n’en ont pas la moindre idée.
* La véritable différence est la suivante : une récession est une pause dans une économie saine, par ailleurs. Une dépression, en revanche, signe la mort de l’économie. Inutile de mettre le défibrillateur ou le masque à oxygène en place. Trop de dommages cérébraux. Le mieux qu’on puisse espérer, c’est de maintenir le corps en vie. Mais ce serait un légume. Mieux vaut le laisser partir… rapidement.
* Nous ne donnons pas de conseils à l’équipe Obama. Jusqu’à présent, ils ne nous ont rien demandé. Ils ont le défibrillateur en main.
* "TARP II", c’est ainsi que le International Herald Tribune définit le nouveau programme de Geithner. D’ampleur épique. Et très vague. Geithner déclare qu’il espère faire entrer de l’argent privé pour financer le renflouement. Comment ? Nous n’en avons pas la moindre idée. C’est une chose que le gouvernement essaie de ressusciter un public avec l’argent public (et en grande partie imaginaire). C’en est une autre que les investisseurs privés gaspillent leur temps et leur argent. "Qu’est-ce que j’y gagne ?" répondront-ils probablement. Et s’ils avaient quelque chose à y gagner, ils y investiraient déjà.
* Au lieu d’acheter, les investisseurs vendent. Ils vendent parce qu’ils pensent qu’il pourrait y avoir encore beaucoup de peine et de souffrance dans le secteur bancaire — et dans l’économie en général. Et ils ont raison.
* Selon Nouriel Roubini, les pertes atteindront 3 600 milliards de dollars. Nous ne savons pas où le compteur s’arrêtera, mais ça ne pourra qu’être un gros chiffre. Cette dépression ne fait que commencer. Jusqu’à présent, nous n’avons vécu que le choc du secteur financier. Les vrais dégâts finiront par affecter l’économie… qui, pour l’instant, réagit uniquement aux pertes financières.
** "Cette stratégie ne fonctionnera pas", écrit Haag Sherman dans Barron’s. "Les valeurs des actifs continueront de décliner quelle que soit la quantité d’argent que le gouvernement emprunte, même s’il emprunte de l’argent imprimé à la Fed. Et dans ce cas, le gouvernement risque une autre crise plus calamiteuse — une fuite hors des titres du Trésor US".
* Les bons du Trésor baissent. Tout le monde se demande pourquoi. Est-ce parce que la crainte s’apaise… ou augmente ? D’un côté, les écarts entre la dette privée et la dette fédérale rétrécissent. Cela signale une augmentation de la confiance. Les investisseurs sont moins anxieux qu’ils l’étaient il y a quelques semaines. En dépit des déclarations d’Obama sur la "catastrophe", ils semblent penser qu’on se tirera d’une manière ou d’une autre.
* Ils imaginent donc pouvoir quitter l’abri des T-Bonds US et s’aventurer là où ils pourraient gagner de l’argent. Avec un rendement du 10 ans à 3% seulement, les investisseurs doivent chercher ailleurs pour obtenir des revenus. A présent, ils semblent au moins pointer leur nez au-dessus du mur des tranchées.
* D’un autre côté, ils craignent probablement aussi que les efforts des autorités pour créer de "l’inflation positive" finiront par leur faire sauter la tête. En tout cas, les autorités injectent beaucoup de cash et de crédit dans le système. Viendra un moment où la crise atteindra sa fin naturelle… et toutes ces liquidités artificielles produiront un effet stimulant. C’est-à-dire que les gens seront motivés pour s’en débarrasser. Lorsque cela se produira — sinon avant — on verra la "fuite hors des titres du Trésor US" mentionné par Sherman, ainsi qu’une fuite hors d’autres formes de papier américain, notamment le dollar.
* Pour l’instant, nous sommes toujours dans le processus de "découverte des prix". L’an dernier, les investisseurs ont soudain réalisé que les débiteurs ne pouvaient pas payer leurs factures… que les actifs ne valaient pas ce que les gens les payaient… que les nantissements voyaient leurs prix décliner, tout en détruisant de nombreux crédits autrefois valables… que les flux de revenus ne suffisaient pas pour maintenir des secteurs entiers de l’industrie et du commerce. Ils ont paniqué. C’est pour cela que ces épisodes étaient appelés "paniques" au XIXe siècle. Personne ne sait quels actifs sont bons… et lesquels sont mauvais… qui est solvable… et qui ne l’est pas… quelles entreprises peuvent survivre et lesquelles ne le peuvent pas. Les gens essaient de conserver ce qu’ils ont… ne faisant confiance à rien ni à personne… jusqu’à ce que le marché ait le temps de découvrir le juste prix des choses, dans cette nouvelle ère post-bulle.
* Au XIXe siècle… jusqu’à la Panique de 1921… tout cela se passait relativement rapidement. Ensuite, l’économie se relevait, s’époussetait, et continuait son chemin.
* Mais depuis l’administration Hoover, les mouches du coche sont intervenues. A présent, elles essaient de mettre fin au processus de découverte du prix… en maintenant en vie des entreprises zombies… en prêtant de l’argent à des secteurs dont l’EEG est plat… et en nourrissant des cadavres avec des milliers de milliards d’argent des contribuables.
* M. Sherman continue…
* "… le bilan du gouvernement américain ressemble de plus en plus à celui d’un pays du Tiers-Monde. Le ratio dette/PIB des Etats-Unis dépasse les 100%, y compris avec la dette nationalisée des deux géants de l’hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac. Les déficits budgétaires de 1 000 milliards de dollars sont projetés pour les années qui viennent. Pire encore, on estime que les obligations des Etats-Unis en matière de retraite et de soins de santé envers la génération du baby-boom et les suivantes seront considérablement plus élevées que 50 000 milliards de dollars".
* "A mesure que le gouvernement américain imprime plus d’argent pour résoudre les crises, les investisseurs réaliseront qu’on les rembourse dans une devise très diminuée. Pour l’instant, les investisseurs étrangers sont restés relativement fermes. Mais à un moment ou à un autre, les investisseurs étrangers et nationaux réfléchiront à la terrible position budgétaire des Etats-Unis, et ils commenceront à se débarrasser de la dette".
** Cela pourrait se passer la semaine prochaine. Cela pourrait se produire dans des années. Rappelez-vous qu’il y a toujours des tourbillons et des contre-courants — même durant les plus grandes inondations. Nous avons eu un rebond, mais très léger. Dans les années 30, les actions ont rebondi six fois — plus de 20% à chaque fois — avant de commencer enfin un nouveau marché haussier. Et plusieurs fois, les investisseurs ont cru que la crise était terminée… simplement pour la voir frapper à nouveau, encore plus durement.
* Notre conseil : restez dans l’or… et dans des investissements que vous ne voudrez pas vendre durant les 10 prochaines années. De quel genre d’investissements s’agit-il ? Des investissements avec des revenus et/ou des capitaux fiables. Des forêts. Des détaillants bas de gamme. Des appartements avec de bons locataires. Des fermes fournissant des produits alimentaires à bon prix. Le monde s’éloigne des frivolités. Mieux vaut être le fournisseur à bas prix des biens et des services dont les gens ont besoin.
1 commentaire
Bilan 5 ans après: on se rend compte que même certains prix Nobel se trompent, surtout en économie. Surtout les fin-du-mondistes.