** Nous avons organisons nos pensées sur l’économie en quatre points distincts :
* 1. Il y a plein de ‘flation.
* 2. La dé-flation coupe le souffle des secteurs de l’immobilier et de la finance. L’in-flation gonfle les matières premières, l’or et le pétrole.
* 3. A elles deux, l’inflation et la déflation rajustent l’économie américaine (et dans une certaine mesure toutes les économies occidentales) à la baisse… réduisant la valeur des actifs et de la main d’oeuvre… mais réduisant également la valeur des dettes.
* 4. Tout cela ne nous dérange pas… ce n’est jamais que le capitalisme à l’oeuvre.
** Vendredi soir, en quittant le bureau, nous sommes passé devant un studio de télévision. Le vent soufflait ; c’était un jour de printemps à Londres, mais qui aurait pu passer pour janvier à New York. Tout de même, une longue file de gens se pressaient pour entrer dans le studio.
* Plus loin dans la rue, il y avait une autre file — des SDF, cette fois-ci — attendant l’arrivée d’un camion d’aide alimentaire. L’un d’eux était enveloppé dans un sac de couchage, sur le trottoir… tandis qu’un autre hochait la tête sans raison particulière.
* A la Chronique Agora, nous n’avons jamais vu de file à laquelle nous souhaitions nous joindre. Nous préférons avoir faim plutôt que faire la queue pour un sandwich. Quant à assister à une émission télévisée… il faudrait être fou.
* Nous en parlons uniquement pour nous rappeler que les gens adorent faire la queue. En Russie, avant l’abandon du communisme, si les gens voyaient une file se former, ils s’y joignaient… pensant qu’il devait y avoir du pain, des cornichons, ou peut-être une liste où s’inscrire pour acheter une voiture, à l’autre extrémité. A Paris et à Londres, les gens font la queue pour entrer dans les boîtes de nuit. Et aux Etats-Unis, la file de gens cherchant à entrer à Harvard, à Yale ou au Massachussetts Institute of Technology est incroyablement longue.
* Non, cher lecteur, sans façon. Mais la plupart des gens n’aiment pas être seuls. Ils ne se font pas assez confiance pour déterminer ce qui est bon pour eux. Au lieu de cela, ils regardent autour d’eux ce que font les autres…
* Voilà pourquoi les marchés financiers tendent à évoluer dans des schémas si larges. Les gens font la queue… partagent les mêmes sentiments… croient aux mêmes choses — même lorsque ces croyances sont absurdes ou tirées par les cheveux. Un jour ils sont convaincus que la fin du monde est proche… le lendemain ils sont certains que ça durera éternellement. Nous nous souvenons de Bill Clinton affirmant en 1999 que "les choses pourraient aller mieux". A présent, si l’on en croit les journaux, on pourrait penser qu’elles n’ont jamais été pires.
* Parfois, il est difficile de savoir ce que les gens pensent vraiment. Des instituts de sondage ont découvert que, souvent, ils disent une chose — celles qu’ils pensent qu’ils devraient dire — tout en croyant le contraire. Et les poètes se sont rendu compte que souvent, ils ne savent pas ce qu’ils pensent.
* Ce sujet est important pour nous, parce que le comportement de la foule affecte les prix. Lorsque les gens pensent que le ciel est en train de nous tomber sur la tête, ils ne veulent pas prêter d’argent ; pourquoi se donner du mal, pensent-ils, on ne le récupérera pas… ou on ne sera pas là pour en profiter. Les taux d’intérêts grimpent rapidement. Les valeurs des actifs chutent.
* Mais voilà bien le paradoxe : on dit que le ciel est en train de nous tomber sur la tête… mais les investisseurs ne se mettent pas à l’abri. Le S&P 500 se vend toujours à près de 20 fois les bénéfices. En d’autres termes, une personne achetant une action est prête à attendre 20 ans pour être remboursée grâce aux bénéfices — si rien ne change. Vingt ans, ça fait longtemps, en Bourse. Comme pour l’âge des chiens, les entreprises mesurent le temps en trimestres, pas en années. Une seule des sociétés qui composaient le Dow originel est encore sur la liste : General Electric. Des perspectives à 20 ans sont donc relativement optimistes.
* Historiquement, le canal du ratio PER varie de 10 environ (bas de la fourchette) à 25 (haut de la fourchette). Toute valeur se situant sous la barre des 10 est en général une excellente opportunité d’achat. Et toute valeur se situant à 25 ou au-dessus est en général une excellente opportunité de vente. A 20, le marché est cher… mais pas exagérément.
* Nous nous demandons donc comment les actions peuvent rester si chères devant ce qui semble être de si mauvaises nouvelles…