** Qu’avons-nous là ?
* L’or enregistre un rebond. Avons-nous vu le creux de la vague ? Le moment d’acheter est-il venu ? Est-ce la dernière fois que nous verrons l’or sous les 1 000 $ de notre vivant ?
* Nous n’avons pas les réponses.
* Mais lorsque nous réfléchissons à ce marché haussier, nous nous rappelons toutes les fois où nous avons essayé "d’acheter les replis" sans véritable bonne raison. Lorsque l’or était à 500 $… nous avons attendu qu’il revienne à 450 $ pour nous renforcer. Et lorsqu’il était à 700 $… nous voulions qu’il passe à 600 $ avant d’en racheter. Souvent, il ne se repliait pas assez… voire pas du tout.
* Nous nous en serions mieux tiré en prenant une gigantesque position dès le début — lorsque l’or était sous les 300 $ — plutôt que de le poursuivre tout au long de la hausse jusqu’aux 1 000 $.
* Et nous revoilà… essayant d’obtenir un bon prix. Sommes-nous au plancher ? Ou bien sur une étroite corniche, à partir de laquelle l’or chutera de 100 $ supplémentaires… ou plus ? Est-ce qu’en achetant maintenant nous nous sentirons génial… ou idiot ?
* Hélas, il n’est pas donné à l’homme de connaître son destin.
* Nous devons tout de même prendre une décision. Acheter ? Vendre ? Ne rien faire ?
* En général, ne rien faire est un bon choix. Sauf que ces huit dernières années, l’inactivité, sur le marché de l’or, n’était pas judicieuse. Reculons donc la caméra, et essayons de voir l’ensemble du tableau.
** Les nouvelles sont plus troubles que jamais. Les spéculateurs ont vendu tant d’actions — en anticipation d’une baisse des prix — qu’ils garantissent pratiquement un rebond.
* Dès que les cours des actions grimpent ne serait-ce qu’un peu, les vendeurs à découvert encaissent des pertes. Ils n’ont aucun moyen de savoir de combien le marché va grimper, et combien ils finiront par perdre, si bien qu’ils doivent couvrir leurs positions en rachetant les valeurs qu’ils ont "shortées". Cette pression à l’achat fait grimper encore plus les cours… forçant de nouveaux vendeurs à découvert à se mettre à l’abri… et transformant un petit rebond en une vague haussière explosive.
* On constate également un niveau élevé de sentiment baissier chez les professionnels du marché — ce qui est généralement un indicateur contrarien du fait que les prix vont grimper.
* Mais les nouvelles sous-jacentes sont toujours décourageantes.
* Les allocations chômage américaines viennent d’atteindre un sommet de trois ans, après la perte de 63 000 emplois en février — le chiffre le plus élevé de ces cinq dernières années.
* Les prix des maisons ont lourdement chuté en janvier… de 11% environ par rapport à l’année précédente. Ils ont baissé tous les mois — selon les chiffres de Case/Shiller — depuis 13 mois. Les saisies se multiplient. Et les défauts de paiement subprime augmentent encore.
* Avec le prix de sa maison qui baisse et son emploi sur le fil du rasoir, le malheureux citoyen lambda est sous pression. "La confiance des consommateurs s’effrite", pouvait-on lire dans le Chicago Tribune. Les sondages montrent que les consommateurs n’ont jamais été moins optimistes depuis l’administration Nixon. Ce n’est pas étonnant. Les prix du carburant grimpent en flèche — tout comme les prix de l’alimentation, et ce dans le monde entier. Dans plusieurs pays, des gens ont été tués lors d’émeutes pour de la nourriture… et en Occident, les budgets familiaux sont mis à mal.
* De manière tout à fait naturelle et prévisible, les Américains ne peuvent plus dépenser leur argent aussi librement. Les ventes au détail ont chuté de 0,6% en février. On prévoit qu’elles augmenteront au rythme le plus lent de ces 17 dernières années — si elles augmentent. Et que peut faire une économie de consommation si les consommateurs cessent de consommer ? Comment va-t-elle se développer lorsque les poches des ménages seront vides ?
* Pendant ce temps, à Wall Street, les choses ne sont guère plus reluisantes. Il apparaît que les magiciens de la finance ont fait les mêmes bêtises que les ménages ordinaires — avec juste un peu plus d’effet de levier et de coupes de champagne. A présent, leurs obligations à haut rendement sont en difficulté. Leurs accords de private equity sont en difficulté. Leurs MBS, SIV et CDS sont en difficulté. Leurs clients municipaux sont en difficulté. Et comme personne ne sait vraiment qui a le plus de difficultés, les prêteurs hésitent à louer leur argent. Ils le conservent dans leurs coffres — craignant qu’un emprunteur ne puisse pas le leur rembourser… et qu’ils en aient besoin à leur tour.
* Goldman a fait les gros titres hier — avec une estimation du total des pertes liées aux prêts subprime ayant mal tourné se montant à 460 milliards de dollars. C’est à peu près le triple de ce qui a été annoncé à ce jour. Ce qui signifie que d’autres révélations sont à venir… Personne ne sait vraiment où les pertes vont apparaître… et l’effet qu’elles auront sur les valeurs en capital. Ainsi, même si l’argent coule comme du sirop depuis le robinet des banques centrales… lorsqu’il arrive aux banques elles-mêmes, il ressemble plus à du miel, collant aux doigts des banquiers et bouchant tout le système financier.
* Les grandes fusions-acquisitions ne peuvent pas se réaliser. Nous apprenons aujourd’hui que l’accord Clear Channel s’est enlisé — les banques hésitent à le financer. Les accords plus modestes se bloquent aussi : "les petites sociétés découvrent que le crédit se resserre", rapporte le New York Times.
* Dans le monde de la finance comme pour M. Tout-le-Monde, la situation est la même — "la partie est terminée", comme le résume The Economist.