** La montagne est toujours là… mais où est la magie ?
* "Cette année, ce sont les politiciens, les vraies stars", déclarait hier matin un commentaire dans le International Herald Tribune. Ce qui vous donne une petite idée du point où en sont les choses…
* "C’est pire, tout à fait franchement… que tout le monde le pensait… et ça empire chaque jour", déclare le nouveau vice-président des Etats-Unis, Joe Biden.
* M. Biden parle d’une chose dont il ignore tout — la crise financière mondiale. Et cette semaine, un grand groupe de personnes qui n’y connaissent rien vont se rendre à Davos, en Suisse, pour parler de la crise financière.
* Davos a été rendu célèbre par le livre de Thomas Mann, La montagne magique. A présent, la ville est célèbre à cause des grosses pointures qui s’y réunissent chaque année pour y faire ce que font les grosses pointures. Ces dernières années, on a vu une explosion de strass et de paillettes à Davos — avec en tête des célébrités hollywoodiennes et des sociétés financières dépensant à pleines poignées. Goldman Sachs, par exemple, a fourni les fonds, organisant des fêtes dont toute la ville parlait. Brad Pitt et Angelina Jolie contribuaient à la profondeur intellectuelle. Et les politiciens ajoutaient une dose de comique.
* Mais plus personne ne se moque des politiciens. Le monde entier subit un changement… passant de la "fraude innocente" du libre-échange au vol à main armée de la politique. Les gens prennent les politiques au sérieux à nouveau.
* "Le pendule a basculé, et le pouvoir est repassé aux gouvernements", déclare l’organisateur de Davos, Klaus Schwab.
* Partout dans le monde, le capitalisme est out… la politique est in. Obama est un héros… Fuld est un crétin. Les politiciens prennent le contrôle des banques. Ce sont eux — et non les investisseurs — qui décident quelles sociétés survivent et lesquelles périssent.
* On apprenait par exemple hier matin que le secteur des sous-traitants automobiles avait lui aussi besoin d’un renflouage. S’il n’obtient 10 milliards de dollars de l’argent de quelqu’un d’autre, il aura de gros problème, selon lui. Et il y a Larry Flint, dans le secteur du X. Selon lui, l’industrie du porno traverse elle aussi une période difficile. Les autorités se montreront-elles à la hauteur et injecteront-elles un peu de cash, demande-t-il ? Nous verrons.
* Le problème, c’est que quasiment tous les secteurs ont besoin de cash.
** L’effet de levier est à double tranchant. Quand tout allait bien, un petit ajout au capital du secteur financier était multiplié de nombreuses fois. La limite pour les sociétés d’investissement de Wall Street était de 12 contre un… jusqu’à ce qu’elle soit augmentée à 33 contre un en 2004. A partir de là, si l’on plaçait 100 $ dans une banque d’investissement… les contreparties ne tardaient pas à avoir pour 3 300 $ de crédits.
* Vite arrivé… vite reparti ! Lorsque le système financier a rendu l’âme l’an dernier, les banques ont perdu de l’argent. Tout à coup, 100 $ de moins dans le capital bancaire contraignaient les banques à réduire les encours de crédit d’une somme allant jusqu’à 3 300 $. Le cash disparaît et tout le monde doit réduire ses dépenses.
* L’homme qui voulait s’acheter une nouvelle voiture décide qu’il devrait attendre une année ou deux… et le secteur automobile est dans le pétrin. L’ouvrier à la chaîne est licencié… et réduit ses achats de films X. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, plus personne n’a d’argent.
* Même les meilleures entreprises — comme Microsoft — déclarent que les jours des clients aux dépenses faciles sont terminés.
* Obama essaie donc de trouver une solution globale — des baisses d’impôts, des dépenses d’infrastructures, des réductions, des subventions, des renflouages, des plans de relance… un petit peu de ci… un petit peu de ça… n’importe quoi qui remette du liquide entre les mains des gens.
* La logique de tout ça est si simple que nous n’arrivons pas à la comprendre. Les gens ont trop dépensé. A présent, les autorités veulent qu’ils dépensent plus. Les foules réunies à Davos devraient poser leurs coupes de champagnes et y réfléchir. Au lieu de cela, les participants apprendront les dernières théories insensées et s’en retourneront chez eux la tête farcie des dernières fadaises en vogue.
* "Les gouvernements doivent adopter une position plus agressive", diront-ils. "Il faut plus de réglementations… il faut plus de contrôles… il faut plus de dépenses ! Il faut un programme planétaire et coordonné de stimulants économiques".
* Mais lorsque les républicains ont vu les détails du grand projet de dépenses d’Obama — se montant à 825 milliards de dollars — ils n’ont pas été stimulés le moins du monde. Non que ça les dérange de jeter l’argent par les fenêtres… pas plus qu’ils ne semblent perturbés par le fait que le gouvernement américain n’a pas d’argent à jeter… simplement, ils pensaient qu’ils y parviendraient mieux.
* "En fin de compte, nous voulons qu’il réussisse", a déclaré le chef de la minorité républicaine, "parce que les Etats-Unis ont besoin qu’il réussisse".
* Le plan d’Obama redémarrera-t-il l’économie ? Même l’un de ses aides déclare que "cela ne suffira peut-être pas".
* Nous avons un point de vue différent, cependant : selon nous, ce n’est pas "pas assez" ; c’est trop. C’est du mauvais argent prenant la suite du bon. Les erreurs doivent être corrigées, non dissimulées derrière de nouveaux meubles. Les mauvais investissements doivent être purgés… non étayés avec l’argent des autres. La montagne de dette est toujours là ; aucune magie ne la fera disparaître.