▪ Le marché haussier de l’or de ces dernières années — comme la récente volatilité dans les marchés des devises — témoigne du fait que le système monétaire mondial est plus un jeu de divination qu’une science ; plus une thérapie de groupe que de l’économie. Le récent traumatisme de l’euro — associé aux tremblements qui secouent les Bourses mondiales — nous met en garde contre la chute du "système monétaire – thérapie de groupe". "Je vais bien, tout va bien" fonctionne mieux dans le confort d’une embrassade de groupe que dans le monde vicieux de ces loups qui spéculent sur les devises.
Aucun doute là-dessus ; le système monétaire mondial est face à une crise de confiance… et pour une bonne raison. La plupart des gouvernements qui canalisent les devises vers le système ne mettent pas vraiment en confiance. Ces gouvernements dépensent ce qu’ils n’ont pas… année après année… et transforment les devises en vent… année après année.
D’une façon ou d’une autre, l’offre mondiale en devises augmente toujours. N’est-ce pas étrange ? N’est-ce pas plus une escroquerie qu’un système ? N’est-ce pas là le jeu de la "patate chaude", que tout le monde se refile ? Ne détenez pas de peso mexicain (en 1994) quand on sonnera la fin du jeu… ni de baht thaï (1997)… ou de peso argentin (2002)… ou de couronne islandaise (2008)… ou d’euro (2010)… ou n’importe-quelle-devise-sur-le-point-de-sombrer…
Le système monétaire mondial tel qu’il fonctionne (mal) aujourd’hui ressemble autant à un système que le "système" de rangement qu’utilisent les fils de votre chroniqueur pour faire le ménage dans leur chambre : empiler les vêtements sales et/ou mouillés sur la moquette et espérer que quelqu’un les ramassera avant que les bactéries et les moisissures ne commencent à proliférer.
Pour l’instant, les pays développés sont parvenus à ranger les "chambres en désordre" du monde des devises sans trop de difficulté — généralement grâce aux circonstances et aux crédits du FMI. Mais que se passera-t-il si les pays développés eux-mêmes commencent à mettre le désordre ? Qui va nettoyer ?
Réponse à la question 1 : c’est déjà le cas
Réponse à la question 2 : personne
▪ C’est pourquoi l’or pourrait être le dernier (et le meilleur) refuge dans un monde où la valeur des devises est plus que suspecte. Pour continuer sur la même métaphore, l’or est une combinaison de protection anti-bactérienne. Elle vous protège complètement, peu importe le degré de toxicité de l’environnement monétaire. Malheureusement, tout comme une combinaison anti-bactérienne, l’or est une gêne dans un environnement non toxique. Personne ne porte ce genre de combinaison pour aller au restaurant, par exemple, ou à la plage. Et tant que le système monétaire mondial continue à se débrouiller tant bien que mal, l’or peut soumettre les investisseurs à des dépenses importantes. En réalité, dans un environnement monétaire stable, l’or pourrait entraîner des pertes non négligeables.
Alors faites votre choix, cher lecteur. Portez une combinaison de protection à la plage, pour filer la métaphore, ou prenez le risque de vous exposer à un système monétaire hautement toxique. Il y a un juste milieu, évidemment : acheter un peu d’or et utiliser le reste de votre capital pour d’autres types d’investissement qui pourraient rapporter, même dans une période de telle volatilité des devises.
▪ "Nous avons franchi le Rubicon et les événements sont susceptibles de se produire de façon totalement incontrôlable dans le monde économique", se plaignait Egon von Greyerz dans la lettre d’investissement Whiskey & Gunpowder. "Les gouvernements naïfs… vont continuer à prescrire le même remède que celui qui a causé tous ces problèmes, c’est-à-dire plus de crédit et plus d’impression de billets"…
"Jamais, dans toute l’histoire", insiste Egon, "le monde n’a été dans une situation où presque tous les pays industrialisés sont en faillite. Il n’y a donc pas de précédent à ce qui va se produire dans les années à venir. Ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que les événements vont se produire de façon désorganisée et qu’il sera impossible de prévoir les prochaines crises".
"Le graphique ci-dessus montre la dette en tant que pourcentage du PIB pour divers pays de l’OCDE", continue Egon. "Les dettes officielles (en jaune) sont énormes et il est peu probable qu’elles soient un jour remboursées en argent réel. Les dettes totales (en bleu) comprennent les dettes non provisionnées telles que les retraites et la sécurité sociale. L’Espagne a la plus basse dette par rapport à son PIB, avec 250%. L’Allemagne et le Royaume-Uni tournent autour des 400%, les Etats-Unis 500% et la Grèce 800% de son PIB. Ces chiffres sont astronomiques et prouvent que la plupart des gouvernements du monde seront totalement incapables de rembourser leurs dettes ou de financer leurs futures dettes sur les retraites et les soins médicaux".
Le "système monétaire – thérapie de groupe" touche à sa fin. Les bonnes vibrations ne circulent plus. Votre devise ne va pas bien ; et la mienne non plus. Mais l’or va bien… peut-être même mieux que jamais.