▪ "Les Américains sont pessimistes sur l’économie et les marchés alors même que les actions et les indicateurs de croissance sont en hausse", nous dit Bloomberg.
"Près d’un Américain sur deux pense que l’économie a empiré au lieu de s’améliorer au cours de l’année passée, selon un sondage national effectué par Bloomberg du 19 au 22 mars dernier. Parmi ceux qui possèdent des actions, des obligations ou des fonds d’investissement, seules trois personnes sur dix disent que la valeur de leur portefeuille a grimpé depuis un an".
"Sur cette période, le marché haussier a fait grimper l’indice de référence Standard & Poor’s 500 de plus de 73% depuis son plancher du 9 mars 2009. L’économie a grimpé au taux annuel de 5,9% durant le quatrième trimestre de l’année dernière".
Que se passe-t-il ? L’économie US se porte bien (le dernier trimestre montrait une croissance de plus de 5%). Les investisseurs gagnent de l’argent. Pourquoi ces tristes mines ?
C’est le problème d’une économie zombie. Elle marche. Elle parle. Mais elle suce quand même le sang des vivants.
Les gens au sommet sont protégés. Ils ont des jolis accords avec les autorités. Ils ont leurs renflouages… et leurs bonus.
C’est M. Tout-le-Monde qui souffre. La Grande Correction n’est pas seulement une abstraction d’économiste. C’est la vie quotidienne. Le rapport de Bloomberg continue :
"A peine un Américain sur trois pense que le pays est sur la bonne voie. Moins d’un sur dix affirme penser que l’économie sera à nouveau solide d’ici un an. Seuls 4% des Américains ayant réduit leurs dépenses durant la récession disent être désormais assez confiants pour rouvrir leur porte-monnaie, selon le sondage, qui a une marge d’erreur de plus ou moins 3,1 points de pourcentage. Le chômage en février était de 9,7%. La masse salariale aux Etats-Unis a chuté tous les mois sauf un depuis décembre 2007. Les économistes prévoient que la croissance de l’emploi se retournera en mars ; selon la prévision médiane, la masse salariale grimperait de 192 000".
"Les personnes interrogées mettent souvent le chômage comme étant la plus grande menace pesant sur l’économie ces deux prochaines années, 75% le définissant comme une menace élevée. Des déficits budgétaires chroniques sont cités comme une grande menace par 70%, suivis par des propriétaires ne pouvant rembourser leurs prêts immobiliers, cités par 58%. Les hausses d’impôts sont estimées comme étant une menace élevée par 57% des personnes interrogées".
"Neuf Américains sur dix pensent que réduire le déficit, qui devrait atteindre la somme record de 1 500 milliards de dollars cette année, demandera des sacrifices de la part des Américains de la classe moyenne. Cependant, lorsqu’on les interroge sur une gamme de hausses d’impôts potentielles et de réductions de dépenses pour traiter le problème, la grande majorité des Américains privilégie des augmentations d’impôts affectant uniquement les plus riches".
▪ Oui, on dirait qu’une faille s’élargit aux Etats-Unis. La classe supérieure est éduquée… intelligente… et a de l’argent. Ses membres peuvent faire concurrence aux élites de n’importe quel pays au monde.
Mais à partir de la classe moyenne, on a un problème. Les gens ont l’habitude de percevoir les salaires d’un pays riche et développé. Mais ils n’ont pas vraiment plus de compétences que les habitants d’Inde, du Mexique ou de Russie. Durant trente ans, le salaire horaire moyen d’un travailleur américain a stagné, à mesure qu’une main-d’oeuvre non-qualifiée entrait sur le marché du travail. Une grande partie venait de l’immigration légale et illégale en provenance d’Amérique latine. Et le reste concernant de la main-d’oeuvre en dehors des Etats-Unis.
La Chine maîtrisait la fabrication de choses à exporter vers les Etats-Unis. Les Indiens ont pris la tête dans le secteur des services, où leurs capacités anglophones pouvaient être exploitées.
Mais il reste encore des centaines de millions de gens qui ne gagnent quasiment rien ; on trouve 500 millions de personnes en Inde vivant avec moins de 3 $ par jour, par exemple. Tant que ces gens continuent d’entrer dans le bassin de l’emploi mondial, il est difficile d’envisager que les Américains non-qualifiés puissent s’attendre à gagner plus d’argent.
C’est simplement une partie de la Grande Correction que les Américains — et l’Occident — doivent subir. Ils doivent rembourser leurs dettes (ou faire défaut) — jusqu’à hauteur de 20 000 milliards de dollars — tandis que leurs revenus sont sous pression à cause de la concurrence nationale et internationale… et que l’économie subit un ralentissement prolongé à la japonaise.