Malgré l’effacement d’une correction de 10% sur les marchés, l’Indice de la Ruine reste dans le rouge signalant que tout danger n’est pas écarté.
Des sources ont confié à Bloomberg que la Fed était prête à accepter des niveaux d’inflation plus élevés – disons 2,5% – avant d’appeler aux armes.
Elle n’aura pas le choix, selon nous ; elle devra accepter de l’inflation bien plus élevée que ça, avant que la situation ne soit réglée.
En attendant, les investisseurs pensent que tout va bien… Et qu’acheter durant les creux rapporte encore.
Ils ont eu quelques sueurs froides ; ils savent que les actions peuvent chuter. Mais ils pensent que le jeu reste inchangé : la partie est truquée, la Fed les soutient.
Ils ne se doutent pas que la Fed est effectivement derrière eux… mais avec un poignard à la main.
Nous étions en route pour Sao Paulo, cette semaine, quand nous avons eu des problèmes. Le Brésil exige un visa pour les voyageurs américains, et le nôtre avait expiré sans que nous ne nous en rendions compte. Nous avons profité de ce délai forcé pour visiter Miami.
Nous sommes déjà passé plusieurs fois par Miami ; nous connaissons bien l’aéroport, mais pas la ville elle-même. Nous sommes donc allé faire un petit tour, pour voir notamment le célèbre Wynwood Wall.
Le chauffeur aux pieds nus
Le taxi que nous avons pris ressemblait à tous les autres dans la file. Mais lorsque le chauffeur est sorti pour ouvrir le coffre, nous avons constaté qu’il était pieds nus. Sur le siège avant se trouvaient une couverture et un rouleau de papier-toilette, jetés sur une pile de vêtements. Tout ça ne sentait pas très bon.
Le chauffeur était agité de tics et de tremblements. Après quelques mètres, il a ouvert la fenêtre pour cracher dehors (sans doute n’avait-il pas suivi l’équivalent des deux années de formation que les chauffeurs de black cabs doivent suivre avant de pouvoir exercer à Londres…).
Mais nous sommes tout de même finalement arrivé à destination.
Miami est devenu un centre d’art contemporain. Non seulement il y a de gigantesques fresques sur les murs extérieurs, mais on y trouve également de nombreuses galeries où sont exposées les dernières oeuvres disponibles à la vente.
Nous ne connaissons pas grand’chose à l’art contemporain, et nous ne sommes pas assez intéressé pour en apprendre plus, mais la qualité était indéniable.
Il n’y a pas seulement des oeuvres « intellos », ironiques ou provocatrices ; nombre d’entre elles sont expertement réalisées et impressionnantes, même pour quelqu’un qui n’y connaît rien.
La visite en vaut la peine.
Un conseil toutefois, cher lecteur : ne séjournez pas au Biltmore Hotel. Le lobby et la nourriture étaient passables, mais la chambre elle-même était étonnamment miteuse ; très mauvais rapport qualité-prix.
Des nouvelles de l’Indice de la Ruine
Revenons-en tout de même à notre sujet habituel. Après la correction de 10%, la route est-elle dégagée ?
Nous avons fait appel à notre département de recherches pour une petite mise à jour de notre Indice de la Ruine.
Vous vous rappellerez qu’en ce qui concerne la prédiction d’un éventuel sommet boursier, votre correspondant a jeté l’éponge : voilà 50 fois que nous le prédisons… sans effet apparent.
Le marché a continué à grimper comme s’il n’avait absolument rien à faire de ce que nous disons. De toute évidence, notre intuition n’était pas à la hauteur.
Nous avons donc demandé à nos collègues de trouver une approche plus rigoureuse. Dans ce but, Joe Withrow a élaboré une méthode permettant de déterminer non pas nécessairement quand le marché s’effondrerait – mais quand il devrait s’effondrer.
Notre premier signal d’alerte extrême s’est produit le 19 janvier, basé sur les données du premier trimestre.
Les actions se sont mises à dégringoler huit jours plus tard, atteignant un plancher le 8 février, après une chute de 10%.
Pas mal, pour une première mise en service. Nous avons donc demandé à Joe de recommencer. « Que nous dit l’Indice de la Ruine actuellement ?’, avons-nous voulu savoir.
« Pas de changement majeur – nous sommes toujours à des niveaux d’alerte extrême.
L’indice manufacturier ISM a chuté de 10% à ce jour en 2018, indiquant un net ralentissement.
Et environ 60% de toutes les modifications de notation obligataire l’ont été à la baisse, pour l’instant, cette année. Mais les junk bonds ont rebondi depuis leur chute début février.
La correction de février a visiblement effrayé les petits porteurs – le sentiment haussier des investisseurs tel que mesuré par l’AAII (Association américaine des investisseurs particuliers) est passé de 60% à 37% immédiatement après la correction. Le sentiment haussier est toutefois progressivement remonté à 45% au cours des deux dernières semaines.
Nous n’aurons pas de nouvelles données sur la croissance du crédit avant la fin du trimestre. La croissance du crédit s’est ralentie durant trois des quatre derniers trimestres – ce qui n’était pas arrivé depuis fin 2008/début 2009. Ca va devenir intéressant »…
La tour de dettes commence à vaciller
Ouaip. Encore plus d’excitation à venir.
Pourquoi ? L’économie et les prix des actifs dépendent de l’endettement. La dette a augmenté de trois à six fois plus rapidement que le PIB ces 38 dernières années.
Sans ce crédit supplémentaire, les actions et les obligations ne seraient de loin pas aussi chères… et nombre des centres commerciaux, voitures et maisons que l’on voit aujourd’hui aux Etats-Unis n’existeraient pas.
Mais cette tour de dette, sur laquelle reposent toute l’économie ainsi que les structures de capitaux, commence à vaciller.
Le Wall Street Journal rapporte par exemple que c’est la dette de marge qui a rendu le dernier mini-krach si spectaculaire. Elle rendra le prochain tout aussi distrayant :
« Les traders en actions empruntent la somme record de 342,8 milliards de dollars, faisant naître des craintes de volatilité accrue. »
Ouaip (bis).
Dette de marge. Dette des entreprises. Dette des ménages. Et dette du gouvernement. Toutes sont à des niveaux record. Et toutes ont besoin de sang neuf – c’est-à-dire encore plus de dette – rien que pour faire du sur-place.
Sauf que le sang neuf coagule. La Fed a mis un garrot en place (pardonnez-nous ces métaphores hasardeuses, cher lecteur… il est encore très tôt à Sao Paulo). Et elle est en train de le resserrer.
D’ici la fin de l’année, la Fed est censée supprimer de la liquidité au rythme annuel de 600 milliards de dollars.
Non, nous ne pensons pas qu’elle mettra son plan à exécution. A la prochaine crise, la Fed recommencera les perfusions – mais avec une lance à incendie.
Comme Warren Buffett l’a montré hier, la Fed est bien connue pour sa capacité à causer des bulles financières… avant de les faire exploser par inadvertance.
2 commentaires
» De toute évidence notre intuition n’était pas à la hauteur » Bonner Et c’est peu dire mais j’apprécie bien vous lire quand même.
On vous voit pris dans le piège de vos convictions et certitudes omnubilé dans une vision singulière de l’avenir.
Un jour l’évolution vous donnera raison. Moi aussi je peux prédire qu’au Québec il neigera l’hiver prochain si la température et les conditions atmosphériques favorise les tempêtes.
Un jour votre théorie se concrétisera et vous pourrez vous targuer de soutenir depuis des lunes que vous l’aviez prédit depuis longtemps. On vous coiffera du titre de prophète.
amicalement
Bien d’accord avec votre article.Mais vous oubliez deux raisons pour lesquelles le marché ne peut plus baisser:le système de retraites et le poids de l’industrie de la finance.Le ponzi des retraites,c’est ce qui a poussé de plus en plus d’entreprises cotées a truquer leur comptabilité et a racheter leurs actions.Quand au poids de l’industrie financière,il est de 25% du PIB aux USA si je ne me trompe.Pour ces raisons le marché ne peut plus baisser