Par Simone Wapler (*)
Toutes les cicatrices de l’été sont effacées et "tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles", comme disait le Candide de Voltaire. Bien entendu, nous n’en croyons rien.
Le FMI vient de réviser ses prévisions de croissance mondiale 2008 à la lumière de la crise estivale. Bilan : la prévision de ladite croissance (mondiale) est rabotée de 0,4%, passant à 4,8% contre les 5,2% prévus avant l’été. Sans surprise, la plus forte correction vient des Etats-Unis dont la prévision de croissance est ramenée à 1,9% contre 2,8%. Le pays de l’oncle Sam ressemble de plus en plus à la vieille Europe et le dynamisme a basculé en Asie.
Les marchés actions continuant à être généreusement arrosés de liquidités, tout semble bien cher. Donc bien hardi celui qui ose ramasser au moment où toutes les places financières sont au plus haut, et où le pétrole campe au dessus de 80 $ le baril.
De nombreux lecteurs me demandent de recommander des fonds pour pouvoir investir en euros via Euronext sur les valeurs étrangères. Je pars du principe qu’une correction à moyen terme étant inévitable, les fonds activement gérés devraient l’emporter sur les fonds purement indiciels (ou trackers) qui répliquent un indice sectoriel ou géographique donné. Bien entendu, tout dépend de la qualité de gestion et donc du gestionnaire.
J’ai examiné deux solides fonds de valeurs internationales : Carmignac et un nouveau venu de Pastel & Associés.
David Pastel est un gérant qui travaille depuis de nombreuses années pour les institutionnels (compagnies d’assurance et banques) et s’est établi à son compte en 1997. Il vient de décider d’ouvrir ses fonds au public et de les commercialiser au travers d’intermédiaires financiers.
David Pastel se réclame d’un principe de sélection qu’il a baptisé "valeur intrinsèque". Il valorise une entreprise sur la base de sa trésorerie, diminuée des investissements (le free cash flow, en jargon financier). Il compare ensuite la capitalisation de l’entreprise à la valorisation calculée. Si l’entreprise lui paraît sous-évaluée, il l’intègre au fonds.
Rien de révolutionnaire : c’est, en pratique, une approche à la Warren Buffett avec un regard européen sur les entreprises américaines et du Royaume-Uni qu’il sélectionne. Le fonds étranger "valeur intrinsèque" vise un rendement sur un horizon de cinq ans minimum, avec une préservation du capital. Il comporte très peu d’actions industrielles et donne une large place à la distribution. Sans surprise, la "malbouffe" est également présente par le biais d’emblématiques américaines : McDonalds et Coca-Cola. Certaines lignes se retrouvent aussi dans le fonds Berkshire Hathaway de Buffett.
Le gérant n’a pas jugé bon de répondre aux quelques questions que je lui posais : pourquoi si peu d’entreprises industrielles ? Leur "valeur intrinsèque" serait-elle difficile à calculer ? Pourquoi intégrer des entreprises comme McDonalds ou Coca-Cola dont l’image est régulièrement mise en cause dans un monde soucieux d’obésité et de cholestérol ? Pourquoi avoir incorporé un plâtrier américain durant l’été ? Pas de réponse. Motif invoqué : "nous ne parlons pas aux publications qui recommandent trop de mouvements."
Le fonds paraît robuste et bien géré. Il est éloigné de ma philosophie personnelle mais il peut intéresser ceux qui souhaitent investir dans des valeurs étrangères essentiellement anglo-saxonnes (livres et dollars) dans une optique de long terme et de préservation du capital. Mais Pastel doit prouver qu’il sait informer de façon efficace et utile les investisseurs privés qu’il convoite d’attirer.
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Analyste, journaliste et ingénieur de formation, Simone Wapler a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les matières premières et les valeurs technologiques et industrielles, elle est rédactrice au sein de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et analyste en chef de L’Investisseur Or et Matières. Elle se penche aussi sur les ressources naturelles dans L’Edito Matières Premières