▪ "Trois autres vaches sont mortes", nous a dit Jorge hier.
Nous avions réagi aussi vite que possible. Mais la maladie — quelle qu’elle soit — a été plus rapide. Jorge et son équipe de cinq gauchos ont travaillé trois jours — dont un dimanche et un jour férié — quasiment sans se reposer. De l’aube à la nuit… ils ont réuni le bétail et l’ont ramené dans le corral. C’était un dur travail ; personne ne s’est plaint. Tous savaient qu’il fallait le faire. Tous les animaux ont reçu leur injection. Cela va-t-il stopper l’épidémie ou pas, nous verrons bien…
En attendant, nous réfléchissons à des choses bien différentes…
Il y a un personnage récurrent, dans la culture moderne (bien qu’il soit moins présent aujourd’hui qu’il y a 50 ans) : le "péquenaud". Tout frais débarqué de sa campagne, il connaissait son monde bucolique. Il connaissait ses vaches et sa région… mais le vaste monde, au-delà, restait un mystère.
Confronté à un sujet politique (car ces hommes étaient souvent élus au Sénat ou au Parlement), il recourait à la sagesse populaire et à l’expérience concrète. "Eh bien, si on donne d’l’argent aux paresseux, ça n’les rendra pas moins paresseux", aurait-il pu dire d’un programme d’assistance publique. Ou bien "je n’sais pas pourquoi il faudrait mettre des salles de théâtre ou des terrains de basket dans les lycées — mon école n’avait qu’une salle et je peux vous garantir qu’il n’y avait pas la clim".
Ce point de vue terre-à-terre faisait de lui la cible des moqueries de l’élite politique, et c’était souvent un idiot. Mais il gagnait ainsi le coeur des paysans qui l’avaient élu.
Lyndon Johnson était l’un des derniers grands politiciens à utiliser ce charme rustique à bon escient. Lorsque l’occasion s’en faisait sentir, il portait un chapeau de cow-boy. Et il avait de nombreuses expressions colorées qu’il substituait à une véritable réflexion. L’une de ses préférées était "le moment de tuer un serpent, c’était quand vous aviez une bêche à la main".
Sauf qu’une bêche est une chose. Un hélicoptère en est une autre |
L’expression faisait renaître la réalité de la vie à la campagne. Lorsqu’on voyait un serpent, de ses propres yeux, on savait quoi faire… surtout si on avait une bêche à la main. Sauf qu’une bêche est une chose. Un hélicoptère en est une autre.
▪ Sur quoi baser ses décisions ?
Ici au ranch, nous trouvons une vache morte. Nous prenons des décisions qui mettent toute la ferme en mouvement, nous coûtant quelques milliers de dollars que nous ne pouvons pas forcément nous permettre. Soit nous avons raison de le faire, soit nous avons tort. Mais au moins nous fonctionnons sur des faits, du mieux que nous le pouvons, et nous subissons les conséquences comme nous le devons.
Nous sommes à six heures de la ville la plus proche. Des choses se passent ici que nous voyons, ressentons… et que, dans les limites de nos sens et de notre raison… nous comprenons.
Récemment, un argument nous préoccupait. "Comment l’inflation est-elle transmise… du programme de QE de la Fed aux prix à la consommation ?" Nous avons passé beaucoup de temps à tenter de comprentre le fonctionnement technique et mécanique du système bancaire. Nous avons ensuite passé encore plus de temps à nous poser des questions sur la vélocité bancaire : quand et comment augmentera-t-elle… ou encore, quand les détenteurs de dollars se poseront-ils soudain des questions sur la valeur de leurs billets verts ? Les experts débattent sur tous ces points. Même la question la plus simple — les banques peuvent-elles utiliser leurs surplus de réserve pour augmenter les prêts — nécessitait tant de notes de bas de page et des nuances si sophistiquées que nous avons fini par déduire que c’était au-delà de toute compréhension significative.
Sur quels faits Janet Yellen se base-t-elle ? Dans quelle mesure est-elle en contact avec le monde moderne ? |
Ce qui nous amène à nous demander… sur quels faits Janet Yellen se base-t-elle ? Dans quelle mesure est-elle en contact avec le monde moderne ? Comprend-elle mieux que nous les liens entre le QE et l’inflation des prix à la consommation ? Ou bien, comme Lyndon Johnson en son temps, confond-elle l’armée américaine avec une bêche et les Vietcong avec un serpent ?
Nous sommes d’avis que Mme Yellen n’a pas les vrais faits. Elle n’a pas de bêche. Et elle ne reconnaîtrait pas une vache morte si celle-ci lui mordait l’arrière-train.
Depuis le début des temps jusqu’à nos jours, il n’y a aucune preuve que les banquiers centraux activistes — comme les politiciens activistes — aient accompli quoi que ce soit… à part causer des dégâts.
1 commentaire
Les gouvernements font comme si l’inflation était souhaitable et recommandable. C’est faux. L’inflation est outil utilisé par les gouvernement pour ajuster les salaires, réduire les pensions des retraités et diminuer la valeur des bas de laine des épargnants obligeant les uns et les autres à une course contre le temps pour « placer » son pécule et donc le livrer au système financier.
Le gouvernement ne dit pas : « Dans le cadre du rapport de force existant entre le capital et le travail, je vais réduire les salaires et augmenter les dividendes », non il préfère que l’inflation organisée fasse discrètement l’ajustement.
Puis ce moyen est devenu une nécessité et aujourd’hui, une obligation pour abaisser la valeur réelle de la monstrueuse dette sans réduire la masse monétaire en circulation.
Mais l’inflation produit des taux d’intérêts élevés, et c’est pour cela que les banques centrales manipulent les marchés financiers, arrose massivement les banques, pour abaisser la pression de la demande de liquidités. Mais la cupidité des spéculateurs est infinie, ils en veulent toujours plus, plus d’effet de levier, plus de bénéfices… Peut-on encore leur dire non?