Mondialisation, récession, décroissance… à quelles grandes tendances faut-il nous attendre « après », et pouvez-vous en profiter en tant qu’investisseur particulier ?
L’Histoire nous enseigne que les gouvernements aiment plus que tout les mythes populaires qui permettent de rassembler une nation autour de croyances communes – nous en avons parlé hier. Leur véracité est pour le moins accessoire ; l’important est qu’ils soient largement acceptés pour que les citoyens identifient facilement un ennemi commun, des héros à admirer, et une politique à mener.
Cette période d’épidémie virale ne fait pas exception à la règle. En ces temps de confinement, nous passons plus de temps que jamais à errer sur les réseaux sociaux et lire les informations en ligne. Les médias regorgent d’articles alarmistes et certains, comme Le Monde, vont jusqu’à organiser des live quotidiens qui permettent de parler du virus à longueur de journée.
Nous sommes par conséquent plus vulnérables que jamais à la création de croyances erronées autour du coronavirus. Elles sont nombreuses et auto-alimentées par la boucle de rétroaction qui existe entre discours politique, besoin de sensationnalisme des journalistes et inquiétude légitime de la population.
Hier, nous avons identifié trois d’entre elles.
S’extraire du consensus national est compliqué, mais si vous êtes un fidèle lecteur de La Chronique Agora, vous savez que c’est la base de tout investissement contrarien rentable. Il faut parfois être prêt à ne pas être d’accord avec le « bon sens » partagé par tous les convives autour d’une table pour pouvoir réaliser des profits à contre-courant de la pensée dominante.
Aujourd’hui, nous revenons sur ces trois mythes et la manière de gagner de l’argent en les prenant à contre-pied.
Le Grand soir de la mondialisation n’aura pas lieu
Tout le monde ne se désole pas des conséquences économiques du confinement, bien au contraire.
L’INSEE évalue la baisse d’activité du pays à -35% par rapport à la normale ? Le ministère de l’Economie table, après seulement un mois de confinement, sur la pire récession depuis un siècle ? Huit millions d’employés sont au chômage technique ? Les premières ruptures d’approvisionnement commencent à se faire sentir dans les magasins ? Le tourisme et la restauration sont au point mort ?
Pour certains, ce sont de bonnes nouvelles.
Une partie du pays est, ne l’oubliez pas, adepte de décroissance. Pour tout une frange de la population, ne plus pouvoir consommer est signe d’amélioration du niveau de vie. Savoir que les échanges internationaux sont désormais impossibles est source de satisfaction, et les faillites d’entreprises sont vues comme autant d’opportunités de nationalisation.
Thomas Piketty nous gratifiait, dans Le Monde du 12 avril, d’une tribune en ce sens. L’idole des décroissants se demandait ainsi :
« La crise épidémique Covid-19 va-t-elle […] précipiter la fin de la mondialisation marchande et libérale et l’émergence d’un nouveau modèle de développement, plus équitable et plus durable ? »
C’est peu probable.
Comme je vous le disais hier, l’épidémie de Covid-19 est significative mais pas une première dans l’histoire de l’humanité. Les épidémies passées n’ont pas empêché l’émergence de circuits commerciaux toujours plus longs et d’échanges toujours plus intenses. Penser que « cette fois-ci, c’est différent », c’est faire preuve d’un manque d’humilité certain.
Non, nous ne faisons pas face à la pire crise sanitaire de l’Histoire. Pas besoin de vendre dans la panique toutes vos actions et vous préparer à la fin du monde – la Terre pourra tout à fait continuer de tourner même si le scénario catastrophe de 90 millions de morts avait lieu. Et nous en sommes encore très loin.
La récession est réversible
La différence entre conséquences directes de l’épidémie et conséquence des politiques menées est primordiale.
Les conséquences sanitaires sont pratiquement toutes naturelles. Les articles alarmistes dont la presse nous abreuve quotidiennement oublient de rappeler que 98% des malades du coronavirus guérissent spontanément. Une carafe d’eau et un peu de paracétamol pour le confort sont le meilleur remède pour la quasi-totalité des contaminés – et c’est un très bon score par rapport aux 10% de mortalité du SRAS de 2003 et aux 30% de mortalité du MERS de 2017.
Notre état de santé avant contamination et notre système immunitaire sont bien plus influents sur notre guérison que les soins prodigués dans la mesure où aucun traitement efficace n’existe encore.
C’est tout l’inverse pour les conséquences économiques qui sont, elles, totalement artificielles.
La récession terrible que nous traversons est infligée par la politique de confinement menée en France. Elle peut, à ce titre, être levée d’un claquement de doigts. Attention, cela ne signifie pas que la baisse du PIB ne sera pas catastrophique cette année. La richesse qui n’a pas été produite ces dernières semaines manquera pour toujours (personne ne va offrir des œufs de Pâques dans six mois pour rattraper le temps perdu).
Néanmoins, si vous me permettez cette confidence, nous ne sommes pas vraiment en guerre. Nos usines n’ont pas été bombardées. Nos forces vives ne sont pas mortes au combat. Nos infrastructures n’ont pas été détruites. L’activité peut très bien redémarrer et revenir rapidement, dans les secteurs qui ont survécu, à ses niveaux d’avant-crise.
Cherchez donc les actions d’entreprises qui survivront au Covid-19, plus particulièrement celles qui ont suspendu leur dividende par prudence. La décote actuelle pourrait bien être l’opportunité d’achat du siècle !
Il existe d’autres modèles que le fonctionnement français
La politique brouillonne de gestion de crise nous oblige à un peu d’humilité. Force est de constater, lorsque l’on regarde l’évolution des divers indicateurs à l’étranger, que le modèle suivi par notre gouvernement n’était pas idéal.
Loin de moi l’idée de faire de l’ironie facile et de donner des leçons, mais plutôt de constater que la stratégie suivie dans la gestion de crise sanitaire ne semble pas la plus efficace sur le long terme et que ses conséquences économiques sont dévastatrices.
Chaque jour de confinement supplémentaire, ce sont des milliards d’euros retirés à l’économie réelle française, et le retour au principe de réalité ne semble pas pour demain si l’on en croit les dernières déclarations du président de la République.
Dont acte.
La France n’est pas une île et il est plus facile que jamais d’investir hors de nos frontières. Vous voulez jouer un rebond du secteur automobile après la crise ? Préférez les constructeurs allemands à nos champions français dont les chaînes de production sont encore à l’arrêt pour une période indéterminée.
Vous êtes optimiste et pensez que le transport aérien va rebondir fortement cet été ? Misez sur les compagnies anglo-saxonnes plutôt que sur Air France qui pourrait fait l’objet d’une nationalisation.
Vous suivez la doctrine de Warren Buffett et investissez dans les grands indices boursiers ? Pensez au MSCI World Index, qui n’a perdu que -15% sur trois mois tandis que le CAC 40 lâchait -25%.
Même si nos dirigeants prennent des décisions économiquement incompréhensibles, il est plus facile que jamais de ne pas en être les victimes impuissantes. Nous sommes déjà tous exposés à ce nouveau danger sanitaire, nul besoin de jouer les héros en se laissant ruiner par les mesures économiquement suicidaires prises par le gouvernement.