▪ Les actions ont freiné. L’or stagne. Pourquoi ? Les actions ne devraient-elles pas s’envoler ? L’or ne devrait-il pas dépasser les 1 800 $… en route vers la stratosphère ? La Fed a tout de même annoncé le plus gros programme d’impression monétaire jamais entrepris par un gouvernement, quel qu’il soit.
Non, nous ne disons pas que la Fed en fait plus que toute banque centrale de l’histoire. De loin pas. Gideon Gono, de la Banque centrale du Zimbabwe, détient encore le record du nombre de zéros ajoutés à une devise. Des milliers de milliards d’entre eux. Il prenait un billet d’un milliard de dollars zimbabwéens et y ajoutait trois zéros. On avait alors 1 000 milliards de dollars. Au lieu de valoir un cent américain, le billet en valait deux… pendant 24 heures, après quoi il n’en valait plus qu’un demi.
La banque de Ben Bernanke a encore beaucoup de chemin à parcourir pour rattraper M. Gono. Mais en termes de valeur courante de l’argent imprimé, Ben Bernanke est numéro un.
Quarante milliards de dollars par mois. Peut-être indéfiniment. Au moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle américaine, en tout cas. Si ça continue, on sera à 480 milliards de dollars par an. Le site de la Réserve fédérale indique actuellement 2 800 milliards de dollars d’actifs. Ajoutez près de 500 milliards par an… et cinq ans suffiront pour doubler les actifs de la Fed, qui sont la base de la masse monétaire américaine.
Jusqu’à présent, l’or a suivi l’augmentation des actifs de la Fed. En gros, tous deux ont doublé au cours des cinq dernières années. Cela signifie-t-il que le prix de l’or atteindra les 3 500 $ l’once d’ici 2017 ?
Peut-être.
▪ Pourquoi les prix grimpent
C’est bien le problème avec le monde de la finance. Trop de peut-être. Mais voilà une chose que nous pensons savoir « pour de bon » : augmentez la masse monétaire, vous ferez augmenter les prix. L’or, qui est le plus sensible à la masse monétaire, devrait rapidement enregistrer ce changement. D’autres prix à la consommation, soumis à leurs propres forces de l’offre et de la demande, s’adapteront à leur propre manière en temps et en heure. Mais voilà un article du Wall Street Journal. Il nous dit que les prix grimpent en ce moment même :
« Les prix de gros aux Etats-Unis en août sont ressortis en hausse sur le mois, la plus importante depuis plus de trois ans — une nouvelle preuve que l’augmentation des coûts de l’énergie pourrait créer des pressions inflationnistes. Parallèlement, le nombre de travailleurs américains demandant des indemnités chômage a augmenté le mois dernier suite aux conséquences de la tempête Isaac, qui a atteint plusieurs états du Gulf Coast en août ».
« L’indice des prix à la production, qui mesure les sommes payées par les fabricants et les grossistes pour les produits finis, a grimpé de 1,7% (avec ajustements saisonniers) en août par rapport au mois précédent, a déclaré jeudi le département du Travail US. Ce gain, le plus gros depuis juin 2009, résultait en grande partie de la hausse de 6,4% des prix de l’énergie »…
Nous savons aussi que le gouvernement, au cours du temps, prend pour habitude de dérober de la richesse en imprimant de l’argent factice. Friedrich Hayek explique :
« A la seule exception de la période de l’étalon-or, quasiment tous les gouvernements de l’histoire ont utilisé leur pouvoir exclusif pour émettre de la devise afin d’escroquer et de piller le peuple ».
Nous ne doutons pas qu’une escroquerie est en cours. Quand et comment sera-t-elle révélée ?
▪ Bas de laine et taux d’intérêt
Nous sommes toujours dans une Grande Correction. Durant une correction, les prix tendent à baisser, non à grimper. Les gens ont réduit leurs emprunts et leurs dépenses. L’argent dans le système bancaire peut augmenter — comme il l’a fait ces cinq dernières années — mais n’est pas prêté au public. Et l’argent déjà « en circulation » tend à circuler moins rapidement. Il reste dans les comptes en banque, les poches et les matelas plus longtemps qu’avant.
Dans la mesure où les gens empruntent moins, les taux d’intérêt tendent à baisser naturellement — avec ou sans l’aide de la banque centrale. Ensuite, à mesure que les prix et les taux d’intérêt chutent, les prêteurs se disent qu’ils préféreraient conserver leur argent en liquide. Pourquoi se donner la peine de prêter quand les intérêts sont si bas ? Les ménages se disent qu’ils garderont eux aussi leur argent un peu plus longtemps. Bon sang, les prix sont peut-être bas… mais ils pourraient l’être encore plus le mois suivant.
On appelle cela un « piège de liquidité ». C’est ce qui arrive quand le mieux qu’on puisse faire avec son argent, c’est le conserver dans un bas de laine. Quand cela se produit, les banques centrales peuvent acheter autant d’obligations qu’elles le souhaitent, ça ne fait pas vraiment de différence dans l’économie réelle. Les gens n’emprunteront pas. Ils ne dépenseront pas. L’économie ne se développera pas. En l’occurrence, la Fed ne fait qu’empirer les choses en achetant des obligations parce qu’elle étouffe les taux d’intérêt, encourageant encore plus les gens à garder leur cash au lieu de le prêter ou le dépenser.
C’est ce qui se passe au Japon depuis 20 ans. C’est plus ou moins ce qui se passe en Europe et au Royaume-Uni actuellement. Et c’est ce qui semble être en chemin pour les Etats-Unis. Cela signifie-t-il que l’inflation devra attendre ?
C’est là qu’arrive un nouveau peut-être. Si vous avez observé le marché obligataire, vous avez sans doute noté que les obligations US baissent ; elles ne grimpent pas.
Parce que les investisseurs sont assez intelligents ; ils essaient d’anticiper la suite. Bon nombre d’entre eux pensent désormais que toute cette impression monétaire ne peut que mal finir, tôt ou tard. Ils savent tous qu’on ne peut obtenir de vraie richesse avec de l’argent bidon. Ils tentent donc de déterminer ce qui se passe quand on essaie de faire le contraire… et s’éloignent des obligations.
Nous essayons nous aussi de comprendre. Restez à l’écoute !