Après 1 400 milliards d’euros de création de crédit par la Banque centrale européenne, l’Europe n’est pas ravagée par l’inflation et une hausse des prix à la consommation. Exactement comme au Japon. Quoique… il faut se méfier des statistiques.
Tout consommateur ressent bien que l’inflation qu’il expérimente est différente de celle des indices officiels. Mais difficile de dire précisément « ce qui cloche ».
La presse conventionnelle nous cite toujours le Japon comme étant en proie à la déflation. Le symptôme de cette terrible (pour les porteurs de dettes) fatalité est supposé être une baisse des prix à la consommation.
Toutefois, les derniers chiffres en provenance du Japon et qui concernent l’automobile sont édifiants. Ils complètent les réflexions de Bill Bonner sur l’évolution du coût aux Etats-Unis du mythique pick-up américain F150, outil de travail de nombreux artisans. Là encore, aucune déflation mais une vraie hausse des prix.
Trois valeurs… et un gain total de 900% ? C’est possible ! |
Selon une étude du ministère japonais des Affaires intérieures et de la communication et relayée par la Nikkei Asian Review, les Japonais achètent moins de voitures en raison de l’augmentation de leurs prix :
- Le prix moyen des voitures les plus vendues avec un moteur de 1,5 litre ou moins a augmenté de 18% sur les 10 dernières années.
- Le prix moyen des voitures équipées d’un moteur de 1,5 litre à deux litres s’est envolé de 50% sur ces 10 dernières années.
- Sur la même période, les berlines compactes coûtent 30% plus cher.
Où est donc la supposée déflation ?
Bizarre, quand-même, dans un pays où la robotique est reine et où, après le tremblement de terre et le raz de marée de 2011, de nombreux équipements et composants ont été sous-traités dans des pays à main-d’oeuvre moins coûteuse tels que la Thailande, la Chine et le Vietnam. Sans compter la baisse des matières premières (voir à ce sujet les notes de mon collègue Eric Fry).
Où sont donc passés ces gains de productivité ? Pourquoi les Japonais n’en profitent-ils pas ?
Plus généralement, voici l’allure de la « déflation » à la japonaise vue par l’indice officiel des prix à la consommation.
Comme vous le voyez, même dans l’indice officiel, la déflation n’améliore pas l’ordinaire du consommateur japonais…
[NDLR : Vous en avez assez de subir l’inflation ? Vous savez que les retraites par répartition ne seront qu’une aumône ? Préparez-vous une retraite de ministre avec un effort financier minimal. Comment ? Tout est ici !]
D’où les questions, lancinantes : où sont passés les gains de productivité ; pourquoi les Japonais – comme nous autres, Européens – ne profitent-ils pas des bienfaits de la mondialisation ?
Ces gains de productivité ont été empochés par les promoteurs et les bénéficiaires du « créditisme », ceux qui profitent à plein du système de monnaie factice que décrit Bill Bonner. Les autres, qui n’ont pas le privilège d’accéder au crédit facile, paient le prix fort.
Une banque centrale commence par décréter les taux d’intérêt et renflouer les banques à la suite de l’éclatement d’une bulle immobilière, puis elle rachète la dette d’Etat sur les marchés, puis elle rachète les actions des entreprises,…
Le monde entier peut-il vivre à la japonaise ? C’est ce que l’Europe s’apprête à découvrir.