Il y a deux sortes d’inflation – celle qui est associée à la croissance de l’économie… et celle, désastreuse, qui est favorisée par les actions gouvernementales. Nous allons bientôt avoir affaire à la seconde catégorie…
Nous le disions hier : les marchés financiers commencent à réaliser que l’inflation qui arrive n’est pas « cyclique »… elle est structurelle.
C’est une distinction importante.
L’inflation cyclique est plus ou moins bénigne. C’est une caractéristique du cycle économique. A mesure que l’économie prend de la vitesse, la demande de biens de consommation – et des matières premières pour les fabriquer – augmente.
C’est une tendance saine, mais elle engendre une boucle de rétroaction immédiate : la demande de financement augmente elle aussi.
Les entreprises ont besoin de financement pour stimuler la croissance et répondre à l’augmentation de la demande. Les consommateurs ont eux aussi besoin de financement. Ils améliorent leur style de vie – avec de nouvelles maisons et de nouvelles voitures – en comptant sur la hausse des revenus pour aider à payer tout cela.
Cette augmentation de la demande de crédit fait grimper les taux d’intérêt, ce qui tend à apaiser l’appétit aussi bien pour le crédit que pour la consommation. L’inflation des prix reflue… les taux d’intérêt déclinent… et les taux de croissance ralentissent.
Proche – mais également concurrent – de ce phénomène, il y a le besoin de crédit du gouvernement.
Durant une expansion économique, le gouvernement s’étend lui aussi. Et il tend à absorber le crédit comme une éponge. Dans un système financier sain et honnête, cela trouve ses propres limites.
L’emprunt excessif du gouvernement « prend la place » de l’emprunt privé (parce que les autorités sont les emprunteurs les plus fiables au monde).
Cela fait grimper plus encore les taux d’intérêt… mettant le holà à l’expansion… et menant généralement la Chambre de Commerce, entre autres, à demander aux autorités de reculer.
Fausse monnaie et faux prétextes
Mais voilà qu’arrive la fausse monnaie de la banque centrale, et toute cette cyclicité s’effondre.
Les prix grimpent – non parce qu’une économie solide a augmenté la demande… mais parce que le gouvernement a créé de la fausse monnaie, qui vient acheter des biens et des services exactement comme si elle avait été honnêtement gagnée.
Par ailleurs, les consommateurs, les entreprises et le gouvernement lui-même peuvent emprunter autant qu’ils le veulent – parce que la banque centrale, par le biais du système bancaire, crée du nouveau crédit à volonté.
Les taux d’intérêt n’augmentent pas forcément… parce que la boucle rétroactive a été coupée. La banque centrale fournit de la fausse épargne, indiscernable de la vraie… ce qui maintient les taux de prêt à un niveau bas.
Même la presse financière, pourtant toujours sur le qui-vive, n’arrive pas à faire la différence. Il ne se passe pas un jour ou presque sans qu’on entende dire que « les taux d’épargne grimpent » ou que « les gens ont un excès d’épargne sur leur compte en banque ».
Comment l’épargne pourrait-elle augmenter alors que le PIB baisse… que le chômage augmente… et que des millions de petites entreprises font faillite de par le monde ? Comment est-ce possible ?
C’est possible parce qu’une crise – surtout lorsque des millions de gens sont assignés à résidence – réduit toujours les dépenses de consommation.
Mais cette fois-ci, le taux d’épargne est tout à fait différent. Une bonne partie de ce que les gens « économisent » en ce moment est de l’argent qu’ils n’ont jamais gagné. Il leur a été généreusement donné par le gouvernement.
C’est de la fausse monnaie, distribuée sous de faux prétextes. A présent, elle est faussement décrite comme étant « de l’épargne ».
Cet ersatz d’épargne aide à peser sur les taux d’intérêt, jusqu’à ce que les gens réalisent comment cela fonctionne. Ils voient alors que l’inflation naissante n’est pas cyclique. Elle est structurelle.
Elle fait partie du programme gouvernemental… un programme que les autorités ne peuvent pas arrêter.
Intentionnelle, délibérée et désastreuse
Les prix commencent à grimper, en d’autres termes, non parce qu’un authentique boom augmente la demande de biens et de service.
C’est plutôt une fausse demande – une masse monétaire accrue – qui fait augmenter les prix, sans augmentation des biens et des services pour compenser.
Ce phénomène a sa propre boucle de rétroaction… mais elle ne s’auto-corrige pas : elle s’auto-détruit.
Au lieu d’augmenter les taux d’intérêt, réduisant ainsi la demande de crédit, la fausse monnaie augmente l’endettement, la dépendance et le besoin de crédit bon marché – c’est-à-dire plus d’impression monétaire – pour suivre le rythme.
Cette fois-ci, les gouvernements ne sont pas encouragés à réduire leurs programmes pour empêcher de « prendre la place » des emprunteurs privés.
Au contraire, on les supplie d’accélérer leur impression monétaire, de dépenser plus, d’acheter plus d’obligations (ou, plus tard, d’actions également), de fournir plus d’« aides », de construire plus d’autoroutes, de réguler la température de la planète, de corriger les injustices du passé… et de se pencher sur les changements du futur, afin de s’assurer qu’ils ne se produisent pas.
Les investisseurs comprennent vite que cela signifie des prix en hausse et une production en baisse. Ils prennent des mesures pour se protéger… et le gouvernement prend des mesures pour les empêcher de se protéger.
« L’inflation structurelle », en d’autres termes, n’est pas une caractéristique naturelle du cycle économique : c’est une politique gouvernementale. Intentionnelle. Délibérée. Et désastreuse.