▪ La pause salutaire dans la progression s’est transformée en krach boursier… qui a failli même se transformer en crise monétaire au sein de la Zone euro. Si les investisseurs montraient déjà leur nervosité depuis mi-avril, on peut dire qu’ils ont carrément perdu leurs nerfs face à la crise de la dette souveraine des Etats européens.
▪ La baisse de l’euro est positive…
Depuis un mois, tout a été dit et écrit sur le sujet, entre austérité nécessaire et préservation de la timide croissance. Dans le même temps, je continue de penser que la spectaculaire baisse de l’euro va permettre à nos sociétés exportatrices de se battre à armes égales — ce qui constitue le meilleur programme de soutien à la croissance de la zone, Allemagne en tête. Selon les estimations des économistes, une baisse de 10% de l’euro apporterait entre 0,6 et 1 point de croissance à la Zone euro.
Quant à la question de la survie de la monnaie unique, il me semble que si elle a beaucoup agité le Landerneau politico-médiatico-économique ces dernières semaines, cela ne me paraît pas très pertinent. Pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de plan B pour permettre une sortie de l’euro et qu’aucun politique, toujours soucieux de la trace qu’il laissera dans l’Histoire, ne voudra être partie prenante d’un tel échec aux yeux des générations futures.
La question des dettes des Etats souverains est bien entendu un problème qu’il faudra prendre à bras-le-corps. Mais j’ai été assez amusé de voir Timothy Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor américain, faire une tournée en Europe afin de sermonner les principaux dirigeants de la vieille Europe sur la nécessité en cas de crise d’agir vite et fort. Si sur le fond, il a très certainement raison — l’inaction de l’Europe, la crispation de l’Allemagne sur cette question auront coûté au final plus cher que si la décision d’aider la Grèce avait été prise dès février — sur la forme et en matière de réduction des déficits, on ne peut pas dire que les Etats-Unis puissent être des parangons de vertus.
▪ … et pourtant, le trouillomètre s’affole
Je reste néanmoins assez étonné de la réaction des marchés. Car si on regarde objectivement les choses, la situation n’est pas aussi grave que l’évolution des indices peut le laisser supposer. Sur le mois, le CAC 40 a perdu seulement un peu plus de 8% mais a touché un plus bas annuel sous les 3 400 points avant de rebondir violemment : +9,6% en une séance ! Et c’est bien là qu’est le problème : le retour d’une volatilité très forte. Je vous ai souvent montré l’évolution du VIX, indice de volatilité qui est la traduction graphique du trouillomètre des investisseurs et on peut dire qu’en mai, la nervosité est montée en flèche.
▪ La reprise est là, mais personne ne veut la voir
Pourtant, un examen objectif de la publication des chiffres du premier trimestre a clairement montré un rebond de la croissance de l’ordre de 7% en organique tous secteurs confondus. C’est une traduction claire de la mécanique de reprise économique en marche.
Un autre élément me paraît également peu pris en compte par les marchés : la dynamique des fusions et acquisitions.
Ainsi Sperian, leader mondial dans les équipements de protection individuelle, s’est fait racheter par Honeywell avec une prime de près de 70% par rapport à l’offre initialement lancée par Cinven, un fonds de private equity. La reprise d’une activité forte en fusions et acquisitions veut dire que pour les industriels, la reprise est désormais actée et qu’il faut se mettre en ordre de bataille pour pouvoir pleinement en profiter. Surtout cette opération montre qu’il ne s’agit pas de profiter de la faible valorisation des valeurs puisque Sperian a été acquis sur un cours (117 euros) et des multiples stratosphériques. C’était stratégique pour Honeywell et il y avait plusieurs autres prétendants intéressés.
Certains observateurs attribuent la nervosité actuelle des marchés au fait qu’ils anticipent une année 2011 plus difficile que prévue. Et que finalement, les politiques d’austérité qui vont fleurir à travers toute l’Europe risquent de casser une dynamique de croissance déjà fragile.
Pourtant, l’OCDE n’a pas hésité à réviser sa prévision de croissance pour la France à 1,7% cette année et 2,1% en 2011 (contre 1,4% et 1,7% respectivement en novembre) et pour l’ensemble de la Zone euro. Pour l’organisme international, il n’y a pas de doute : la reprise est en marche.
S’il est évident que nous allons rester dans l’incertitude durant quelques mois, il faut espérer surtout qu’aucune décélération de la croissance ne soit constatée au 2e trimestre. Reste que malgré cette période chahutée, notre portefeuille s’est plutôt bien comporté en dépit de stop loss qui ont été touchés. Sur les 12 ventes effectuées depuis le début de l’année, 8 sont positives, 1 est nulle et 3 sont en pertes. Je pense que le mois de mai a permis de remettre les compteurs à zéro et qu’une nouvelle année boursière vient de commencer… Reste à espérer que nous serons davantage sous le signe du taureau (bull en anglais, qui symbolise la hausse) que de l’ours (bear symbole de la baisse).