Prédire les mouvements du marché ne fonctionne pas. Mieux vaut s’en tenir à des principes solides… et profiter des occasions quand elles se présentent.
Depuis des années, je le répète inlassablement à mes lecteurs : tenter de synchroniser ses investissements avec les hauts et les bas du marché – ce qu’on appelle le market timing – ne fonctionne pas.
Bien sûr, tout le monde peut avoir une bonne intuition de temps à autre. Mais personne ne parvient à viser juste de manière constante. Et cela signifie qu’un jour ou l’autre, les adeptes du market timing se retrouvent sur la touche, pendant que les marchés s’envolent.
Les derniers mois en sont l’illustration parfaite.
A chaque menace de Trump d’imposer de nouveaux droits de douane, les marchés ont plongé. Et à chaque reculade, suspension ou négociation, ils sont repartis à la hausse.
Voici un simple aperçu de la chronologie des événements depuis l’investiture :
- 1er février: annonce de droits de douane sur le Mexique, le Canada et la Chine ;
- 3 février: volte-face sur le Mexique et le Canada ; maintien d’une taxe de 10 % sur la Chine ;
- 13 février: annonce de droits de douane « réciproques », applicables début avril ;
- 26 février: Trump accuse l’UE d’avoir été créée pour « arnaquer les Etats-Unis » et menace de surtaxes de 25 % ;
- 4 mars: droits de douane imposés sur le Mexique, le Canada (25 %) et la Chine (+10 %) ;
- 6 mars: certains produits mexicains et canadiens sont exemptés – pas ceux de Chine ;
- 2 avril: annonce d’une « Journée de la libération » tarifaire avec surtaxes mondiales ciblées ;
- 11 avril: exclusion des produits électroniques… sauf ceux venant de Chine, taxés à 20 % ;
- 23 avril: douze Etats intentent un procès à Trump, estimant que ses droits de douane contournent le Congrès ;
- 29 avril: assouplissement des taxes sur les véhicules ;
- 12 mai: trêve de 90 jours entre Washington et Pékin : droits US ramenés de 145 % à 30 %, droits chinois de 125 % à 10 % ;
- 28 mai: suspension temporaire des droits de douane par la Cour du commerce international ;
- 29 mai: suspension de la suspension – l’incertitude reste totale.
Une valse de hausses, de reculs, de revirements et de négociations.
Alors, posons-nous la question : qui avait prévu tout cela ? Réponse évidente : personne. Et qui avait anticipé ne serait-ce que la moitié de ces rebondissements ? Toujours personne.
Conclusion : impossible de timer les marchés.
Et pourtant, les membres de l’Oxford Club ont réalisé de très beaux gains durant cette période.
Comment ?
En gardant la tête froide. En se souvenant qu’en politique, les positions extrêmes sont rarement tenables. Et que les pires mesures, comme des droits de douane massifs, ont peu de chances de durer.
Le 7 avril, alors que les marchés vacillaient, j’écrivais à nos membres :
« Je soutiens la plupart des projets de Trump : prolonger les baisses d’impôts de 2017, déréguler l’économie, renforcer notre indépendance énergétique, réduire le gaspillage bureaucratique.
Mais ses droits de douane sont une erreur évitable… Ils seront probablement suspendus, réduits, annulés ou compensés par des négociations. Ce n’est pas une certitude – tout dépend d’un seul homme – mais je pense que la raison finira par l’emporter. Et quand ce sera le cas, les marchés rebondiront. Voilà pourquoi j’envisage d’acheter maintenant. »
Trump a toujours vu la Bourse comme le baromètre de son succès présidentiel. (Et il ne faut jamais sous-estimer un homme capable de transformer une photo d’arrestation en affiche électorale…)
C’est ce que nous avons compris. Et c’est ce qui a permis à nos membres d’agir pendant la baisse.
Résultat ? Plus d’une douzaine d’actions massacrées ont été achetées à bas prix. Certaines ont déjà fortement rebondi. L’une d’elles a même pris 85 % en moins de deux mois.
Après la fameuse « Journée de la libération », les investisseurs ont réagi de manière très différente.
Les pires se sont précipités pour vendre dans la panique. Les moyens n’ont rien fait, ou ont attendu des points d’entrée encore plus bas… Mais les plus avisés ont suivi nos conseils, et acheté, pendant que les autres hésitaient.
Aujourd’hui, ils en récoltent les fruits.
Rappelons-le : nous ne faisons pas de market timing. Nous ne savions pas ce que Trump ferait, ni quand le marché rebondirait.
Mais nous suivons des principes éprouvés. Et l’un des plus solides est celui-ci : en période de panique, les actifs de qualité deviennent soudain bon marché. C’est à ce moment-là qu’il faut acheter.
Attendre encore ?
C’est justement ce que fait le market timer. Et comme on l’a dit, ça ne marche pas.
Moralité ? Quand le marché offre des prix cassés, ne restez pas les bras croisés.