** Les républicains et les démocrates s’échauffent pour une grande bataille contre l’économie de marché.
* Les deux partis semblent penser qu’il serait honteux de voir les prix des actions et des obligations chuter à leur véritable niveau — c’est-à-dire celui que des acheteurs seraient prêts à payer. Le programme de 700 milliards de dollars qu’ils ont mis en place le week-end dernier permet aux autorités politiques d’acheter quasiment tous les rebuts que les investisseurs ne veulent pas. C’était écrit mot pour mot dans le Financial Times. Les autorités peuvent acheter "des titres adossés aux créances hypothécaires résidentielles et commerciales, avec la possibilité pour le secrétaire au Trésor et le président de la Fed d’en ajouter d’autres si nécessaire".
* Nous mettrions la dernière phrase en italique si nous savions comment le faire. Parce que désormais, la Fed et son crédit facile sont ouverts à tout… 24 heures sur 24.
* Le Trésor américain a "un chèque en blanc… pour acheter les actifs en détresse", déclare le Financial Times.
* Tout en écrivant leur chèque en blanc, les politiciens se sont aussi échauffés pour leurs campagnes électorales… chacun essayant de trouver de nouveaux slogans accrocheurs et de nouvelles manières de punir Wall Street en public (tout en essayant en fait de leur sauver la mise alors qu’ils ont fait des milliards de dollars de mauvais investissements).
* "L’avidité, a dit Obama, était à la source du problème". "L’avidité, a déclaré McCain, était le véritable ennemi". Limitez les salaires de Wall Street ! Plus de réglementation !
* L’heure n’est pas "à la pureté idéologique", a suggéré John Boehner, leader de la section républicaine à la Chambre, appelant à l’unité. Non, l’heure était aux flatteries… aux postures… et aux promesses.
* Les principes furent donc jetés par la fenêtre. "Je suis un non-interventionniste partisan de l’économie de marché", a continué Boehner, "mais nous sommes confrontés à une crise, et si nous n’agissons pas, et rapidement, nous allons mettre notre économie en danger".
* En d’autres termes les principes, c’est bien… jusqu’à ce qu’ils se mettent en travers du chemin des prix de l’immobilier !
** Un ami de Buenos Aires nous envoie cette analyse…
* "L’Amérique latine est soudain devenue très intéressante. Des difficultés s’y entrecroisent — locales et géopolitiques. Il y a une manière générale de l’exprimer. En temps de crise entre les grandes puissances, les problèmes locaux sont renforcés par le conflit international. Les changements entre les relations américano-russes ont des répercussions dans des régions du monde qui ont été négligées depuis la Guerre froide. Beaucoup de changements se produisent un peu partout. Concentrons-nous sur l’Amérique latine cette semaine. C’est une région qui n’était guère passionnante par le passé, géopolitiquement parlant, mais les choses sont en train de changer".
* "1- La Bolivie est proche de l’ébullition : le pays est quasiment en guerre civile, tandis que les puissances des environs — notamment le Brésil — observent les faits avec inquiétude. Les Etats-Unis affrontent Evo Morales, le président radical de la Bolivie. C’est une confrontation très traditionnelle, avec un radical latino-américain défiant les Etats-Unis. De nouvelles puissances comme le Brésil sont impliquées, tandis que la Russie pourrait utiliser la crise pour causer de nouveaux torts aux Etats-Unis. Il faut surveiller les implications internes autant que globales".
* "2- Le Venezuela et la Russie : les Vénézuéliens et les Russes se rapprochent de plus en plus. Les implications militaires sont mineures à ce stade, mais la perspective d’avoir un mécène potentiel galvanise le Venezuela et lui donne confiance. Il faut surveiller les retombées sur les entreprises étrangères présentes au Venezuela, ainsi que la collaboration de long terme".
* "3- Les guérillas colombiennes : les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) étaient liées à Cuba et aux Soviétiques, autrefois. Les dirigeants FARC qui ne sont ni morts ni en maison de retraite ont encore des contacts actifs. Les Russes pourraient vraiment donner du fil à retordre aux Etats-Unis en Colombie — et selon l’attitude des Etats-Unis vis-à-vis des anciens pays d’Union soviétique, ils le feront. Il faut surveiller les FARC et voir s’ils se tournent vers les Russes".
* 4- "Nicaragua : le Nicaragua — qui dormait depuis les années 80 — a retrouvé son ancien président, Daniel Ortega, et sa vieille rhétorique ; il soutient entièrement la Russie en Géorgie. Surveillez le Nicaragua et le reste de l’Amérique centrale, en particulier le Salvador, pour voir la direction que prennent les choses".
* "5- Les cartels mexicains : au Mexique, les cartels luttent à la fois contre le gouvernement et entre eux. Si l’Ukraine est invitée à l’OTAN, les Russes adoreraient se venger sur le Mexique. Ils avaient autrefois des liens étroits avec la gauche mexicaine et le crime organisé russe est actuellement impliqué dans des activités comme la prostitution et le trafic d’êtres humains au Mexique. Très certainement, par le biais des Cubains, les Russes savent se débrouiller parmi les trafiquants de drogue latino-américains".
* "L’instabilité au Mexique serait une stratégie intéressante pour la Russie — non pas que le Mexique ait vraiment besoin d’aide à ce niveau. Mais les itinéraires de contrebande pourraient permettre d’importer toutes sortes de petites choses aux Etats-Unis".
* "6- Cuba : Cuba reste un mystère. La Havane est étrangement silencieuse. Des discussions ont-elles lieu avec les Etats-Unis ? Ce devrait être le cas, en ce qui concerne les Etats-Unis, mais avec les élections qui arrivent, de telles rencontres sont difficiles à organiser. Les Cubains ne semblent pas vouloir jouer le même jeu que le Nicaragua. Selon un scénario, après l’élection, l’administration pourrait manoeuvrer pour normaliser les relations avec Cuba et en subir les conséquences. Les chiffres dans les sondages n’auront plus d’importance et ne peuvent de toute façon pas aller plus bas. Il n’y a pas de preuve que cela se produira ; ce n’est qu’une théorie".
* "7- Le comportement de la Russie en Amérique Latine. D’une manière générale, nous devons voir si les Russes renouvellent leurs anciennes amitiés avec la gauche latino-américaine — des intellectuels, des colonels et des majors ambitieux".
* "Surveillez l’Argentine, le Chili et le Brésil. Ce sont toujours des cibles importantes".