▪ Voici un gros titre du Financial Times :
« S&P réduit la note de la Grèce, qui se rapproche du défaut de paiement ».
Vous voulez gagner un joli rendement sur votre argent ? Achetez une obligation du Trésor grec à 10 ans. Elle vous rapportera 17% d’intérêt. Pendant un temps.
Mais attendez. Vous dites qu’on ne peut pas faire confiance aux Grecs ?
« Le paysage politique grec est profondément envahi par les conflits d’intérêts, la kleptocratie endémique et la corruption », écrit John Sfakianakis, économiste en chef de la Banque Saudi Fransi.
Le chômage est aux alentours des 20%. Les gens sont champions de fraude fiscale. Les fonctionnaires ne viennent pas travailler. Les ménages dépensent trop. Le gouvernement s’endette si profondément et si rapidement qu’il n’a aucun moyen de s’en sortir.
Ma parole… on dirait les Etats-Unis ! Non, les Etats-Unis sont pires, déclare Bill Gross. CNBC :
« Lorsqu’on additionne tout l’argent dû pour couvrir les futures sommes des programmes sociaux, les Etats-Unis sont en fait dans un état financier pire que celui de la Grèce et autres pays européens couverts de dettes, a déclaré Bill Gross, de PIMCO, à la chaîne CNBC lundi. Le grand public se concentre surtout sur la dette publique du pays, qui atteint 14 300 milliards de dollars. Mais cela ne tient pas compte de l’argent garanti pour Medicare, Medicaid et la Sécurité sociale, une somme qui frôle les 50 000 milliards de dollars, selon les chiffres du gouvernement ».
« Le gouvernement [américain] est également sur la sellette pour d’autres dettes comme les programmes liés au renflouage du système financier suite à la crise de 2008 et 2009, selon les chiffres gouvernementaux ».
« En tout, Gross porte le total à ‘près de 100 000 milliards de dollars’, ce qui — bien qu’étant peut-être une estimation un peu élevée — place le pays dans une position budgétaire extrêmement peu enviable, dont il dit qu’on n’y trouvera pas de solution du jour au lendemain ».
« ‘Penser que l’on peut réduire cela en l’espace d’une année ou deux n’est pas une supposition réaliste’, a déclaré Gross lors d’un entretien en direct. ‘C’est bien plus que la Grèce, c’est bien plus que presque tout autre pays développé. Nous avons un problème, et il faut nous en occuper rapidement’. »
Que pensez-vous de ça ? Il n’a même pas mentionné le fait que les Américains ne peuvent pas vendre leur domicile à des Allemands ou transformer leur pays en maison de retraite pour Scandinaves en manque de soleil.
Mais attendez une seconde… Si la situation de la dette américaine est mauvaise, ou pire que celle de la Grèce, comment se fait-il que le rendement sur les obligations américaines à 10 ans ne soit pas lui aussi à 17% ?
Il y a peut-être là une opportunité encore plus grande. Et si M. le Marché faisait une erreur ?
Tout le monde sait que la Grèce fait toujours défaut sur sa dette. Elle a été en défaut de paiement, d’une manière ou d’une autre, durant environ la moitié de son existence depuis qu’elle a obtenu l’indépendance en 1828.
Mais les Etats-Unis ? Si on ne peut pas faire confiance aux USA pour payer, alors à qui ?
Les investisseurs peuvent se sentir en sécurité lorsqu’ils prêtent de l’argent aux Etats-Unis… même si les fondamentaux sont fort peu différents de ceux de la Grèce. Ils pensent peut-être : « les Etats-Unis ne font jamais défaut ».
Pourtant, s’il y a bien une chose que l’on peut apprendre de l’histoire, c’est que personne n’est immunisé contre les erreurs financières. Tout le monde se montre avide et stupide de temps à autre. Et aucune devise papier n’est éternelle.
Pour l’instant, on peut gagner 17% sur la dette grecque, ou 3% sur la dette américaine. Nous allons faire une prédiction que vous pouvez garder dans un coin de votre tête : cet écart va se réduire.
Le taux d’inflation aux Etats-Unis est sujet à débat. Mais même les ronds-de-cuir du gouvernement américain le mettent à environ 5% pour le premier trimestre de l’année. Cela porte le rendement réel sur les notes US à 10 ans à MOINS 2%.
Combien de temps les investissements se contenteront-ils d’un rendement négatif ? Pas pour toujours. Ils veulent généralement un rendement réel d’environ 3%, sans risque de défaut. Un rendement sûr, en d’autres termes.
Lorsqu’ils réaliseront que le taux d’inflation aux Etats-Unis est en fait de 5%… et que le rendement sur la dette US n’est PAS sûr… ils voudront un rendement plus élevé.
Disons 5%. Ou 7%. Ou 10%.
Et à ce moment-là, l’enfer se déchaînera.
▪ Le magazine TIME a finalement réalisé que l’économie ne se comportait pas comme prévu. « Quelle reprise ? » demande l’une de ses couvertures.
La rumeur se répand. Ce n’est pas une reprise. C’est une Grande correction.