Alors que la « grande et belle » loi budgétaire de Donald Trump est dénoncée par Elon Musk comme une « abomination répugnante », le constat est sans appel : les promesses de rigueur du programme MAGA sombrent dans les excès dépensiers.
« Je suis désolé, mais je n’en peux plus… Ce projet de loi de dépenses du Congrès – massif, scandaleux, truffé de subventions douteuses – est une abomination répugnante. » – Elon Musk, à propos de la grande et belle loi de finances de Donald Trump
Il est arrivé à toute allure au volant d’une BMW, s’arrêtant net devant la cuisine.
La portière s’est ouverte, une canne au pommeau d’argent a touché le sol. Un homme d’environ 70 ans, grand et digne, en est descendu. Sa carrure était germanique, son maintien teutonique, ses manières résolument prussiennes.
Son permis de conduire lui ayant été retiré en Allemagne, il s’était installé dans le sud de la France. Ce jour-là, il était venu nous rendre visite.
Le Dr Kurt Richebächer, ancien soldat de la Wehrmacht, marchait en boitant, une séquelle de la seconde guerre mondiale. Mais ses souvenirs de cette époque, en Allemagne, étaient bien plus lourds.
« Nous savions tous que c’était de la folie », nous a-t-il confié un jour, en frappant sa canne sur la table pour appuyer ses propos.
« Mais tout l’appareil d’Etat – gouvernement, politique, médias, industrie – était aligné pour soutenir la guerre. Les grandes entreprises en profitaient. Les mères envoyaient leurs fils au front. Les politiciens débattaient des meilleures stratégies pour gagner… mais personne ne remettait vraiment la guerre en question. S’y opposer, c’était être un traître. »
Kurt nous rappelait que l’argent ne fait pas tout, et qu’il existe des situations où avoir les idées claires ne change rien.
Nous restons relativement confiants quant à nos perspectives financières. Le programme MAGA de Donald Trump, en réalité, ne mène nulle part.
Les droits de douane « réciproques » ont été abandonnés dès que les marchés boursiers ont commencé à décrocher.
Quant aux efforts d’Elon Musk pour identifier les « gaspillages, inefficacités et fraudes », ils ont été balayés par les législateurs républicains, qui n’ont retenu aucune de ses propositions dans leur grande et belle loi budgétaire (BBBB).
Les deux grandes initiatives – la guerre commerciale et le projet DOGE – étaient déjà enlisées. Et voilà que les tribunaux fédéraux les déclarent inconstitutionnelles ! Après une sieste de 90 ans, les juges – qu’ils aient été nommés par des républicains ou des démocrates – semblent s’être soudain réveillés. Ils ont frotté leurs yeux endormis et redécouvert que la Constitution américaine était toujours en vigueur.
Ces initiatives sont donc mortes-nées.
Et il en va de même pour la pièce maîtresse du programme économique de Trump (même s’il ne s’en rend pas compte lui-même) : sa fameuse loi budgétaire. Toute ambition de « rendre à l’Amérique sa grandeur » repose, en réalité, sur une maîtrise rigoureuse des dépenses fédérales. Avec la Chambre et le Sénat contrôlés par les républicains, on aurait pu espérer une certaine modération budgétaire. Cela aurait permis à l’économie réelle de reprendre son souffle.
Mais non. Cela non plus ne s’est pas produit. Et Musk a raison : au lieu de serrer la ceinture, le BBBB – un pavé de plus de 1 100 pages, bourré d’escroqueries et de passe-droits – est bel et bien une « abomination répugnante ». Il accroît les dépenses, les déficits et la dette. En somme, c’est du « toujours plus »… ce qui nous mène droit vers une dette publique de 60 000 milliards de dollars d’ici dix ans (si tout va bien).
D’un point de vue historique, c’est dans l’ordre des choses. Depuis 1999, l’empire américain agit comme tous les empires sur le déclin : dépenses militaires inutiles, guerres absurdes, déficits chroniques, dettes insoutenables. Les programmes de type « plus de la même chose » ne font que confirmer – et accélérer – cette tendance.
Mais Kurt nous mettait en garde : il y a pire.
Quand on vous envoie vers les camps de la mort ou sur le front de l’Est, on ne pense plus à régler sa facture d’électricité. Il y a d’autres priorités. Des choses bien plus graves que l’argent.
Et lorsque la situation devient vraiment désastreuse, rares sont ceux qui osent le dire. Pendant la seconde guerre mondiale, l’Allemagne a mené une politique économique insensée (allouant à un moment plus de la moitié de son PIB à l’armée), et pourtant, les économistes sont restés muets.
Kurt le savait. Il l’avait vécu. Coincé des mois dans un hôpital militaire, il s’était plongé dans l’étude de l’économie.
« Les nazis ont même menacé de m’emprisonner. Mais mon père avait encore de l’influence. Il a réussi à faire en sorte qu’on m’envoie sur le front de l’Est. Je ne sais pas ce qui était le pire… »
Et maintenant que le programme économique du MAGA est parfaitement clair, l’avenir financier des Etats-Unis est lui aussi prévisible. Les accords commerciaux seront renégociés, les décisions de justice contestées, puis tranchées… et le Congrès continuera à discourir sans fin pour, in fine, perpétuer ce qu’il fait depuis un demi-siècle.
Le sénateur Rand Paul a prévenu :
« Si je vote pour 5 000 milliards de dollars de dette, qui se soucie encore de la dette à Washington ? Le GOP en portera la responsabilité. »
L’avenir monétaire est sombre, déprimant. Mais c’est peut-être l’avenir non monétaire qui devrait vraiment nous inquiéter.
1 commentaire
un vétéran de la 2nde guerre mondiale agé de 70 ans??mais il n’était pas né! où alors l’histoire date un peu (beaucoup)