La monnaie telle que nous la connaissons est finie ; émise en trop grande quantité, elle est en voie de destruction.
« Si vous avez compris ce que je viens de vous dire, c’est que je me suis probablement mal exprimé ! »
– Alan Greenspan
Le secret monétaire est au cœur de l’ordre social et économique actuel.
C’est la pierre angulaire de la domination. C’est un secret bien gardé et seuls quelques Grands Prêtres doivent et savent le déchiffrer.
C’est plus opaque que les mystères d’Eleusis.
Je le dis rapidement, le secret monétaire n’a rien à voir avec ce que l’on apprend aux enfants des serfs dans les écoles. Même aux plus hauts niveaux.
La monnaie catalyseur
Il n’a rien avoir non plus avec ce que les malheureux banquiers en comprennent. J’ai donné de nombreuses conférences sur la monnaie y compris dans les banques, et je n’en ai jamais rencontré un qui comprenait la Monnaie. Pas un seul !
En revanche, j’ai rencontré quelques philosophes qui eux, avaient compris. Marx a posé les bases, mais ces bases sont relatives à l’état des connaissances à son époque, et même si ses travaux sont au-delà de l’historicisme, ils doivent être complétés, vivifiés, exemplifiés, formalisés, et reformulés, à partir des découvertes de la sémiotique, la symbologie, l’anthropologie, la linguistique etc.
La monnaie c’est le catalyseur, l’opérateur qui permet au capitalisme d’exister, de se reproduire et de s’accumuler. La monnaie, bien collectif accaparé par les élites, devient un pur signe, désancré du réel et du présent ; c’est un à-venir, un différé. Et comme tout ce qui a trait au futur et donc à l’incertitude radicale, elle est du domaine des démiurges, des diseurs de bonne aventure, des illusionnistes, des escrocs, des empereurs et des tyrans.
La gestion de la monnaie repose sur l’illusion, maintenue chez les peuples, du sacré. Notion que l’on approche par le mythe de la confiance, lorsqu’elle doublée de soumission.
La monnaie accomplit une fonction complexe de transmutation et de voile. C’est un domaine où les dominants, les grands prêtres, se prennent pour Dieu, puisque l’émission de monnaie dans leurs mains et par leurs soins ne rencontre aucune autre limite que la crédulité humaine alimentée par l’ignorance.
Une part de superstition
Les banquiers, les financiers sont tous plus ou moins superstitieux. Il faut dire que leur richesse tombe du ciel. Ils ne savent même pas qu’il y a un rapport avec l’ordre social qui permet de s’attribuer une part du travail non rémunéré des autres. Ils ne s’interrogent même pas sur l’origine ultime de ce qu’ils appellent la création de valeur. Je ne connais pas de milieu plus superstitieux que celui de la Bourse, avec ses créations telles que la tendance, le momentum, la volatilité, etc.
Ces techniciens de la monnaie n’ont accès qu’à la surface des choses.
Ce secret, cette opacité mystérieuse a à voir avec ce que l’on appelle « la part maudite » au sens de Bataille, de l’activité sociale. Le système de la monnaie, ses grands prêtres et son clergé se sont accaparé la part maudite et sacrificielle de l’activité de la société, et une sorte d’église a été ainsi fondée, avec ses fidèles qui eux aussi en croquent. Ma vulgarité est volontaire.
Ce sont ceux qui gèrent « la part maudite » d’une société qui détiennent le vrai pouvoir. Cette part maudite qui a à voir avec la Plus-Value, le Surproduit, le Profit, lorsqu’elle est dirigée vers les classes supérieures et qu’elle finance le gaspillage du Luxe.
La monnaie c’est le grand secret, celui qui donne le pouvoir ultime, celui de tout acheter, y compris – et surtout – les consciences ; la monnaie, pour celui que la possède ou la reçoit est l’équivalent de la promesse de satisfaire tous ses désirs.
La monnaie telle que nous la connaissons est finie ; elle est en voie de destruction. Elle a fait son temps. Elle a été émise en trop grande quantité, elle est qualitativement pourrie, et sans contrepartie actuelle ou prévisible. Cette monnaie excédentaire se retrouve dans les marchés financiers, car ce sont les parkings de la monnaie émise en trop.
La monnaie émise en trop vient gonfler les valeurs boursières sans rapport avec les valeurs d’usage, les valeurs intrinsèques, fondamentales, sous-jacentes. La monnaie émise en trop, produit un monde imaginaire de bestioles financières ou mathématiques dérivées qui lévitent, qui bullent, qui évoluent de façon frivole.
La monnaie actuelle, fondée sur les dettes, le crédit, les fonds d’Etat américains, les satellites du dollar, les billets de loterie, cette monnaie est sciemment, volontairement, condamnée. C’est pour cela qu’il n’y a plus de discipline. On joue la fin, comme s’il n’y avait plus de lendemain. Ce que je dis depuis deux décennies.
La complexité de la monnaie va être redoublée afin de mieux et d’encore plus augmenter le pouvoir de ceux qui contrôlent le système.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
3 commentaires
1875 X. Rothschild : « donnez moi le monopole de la création de la monnaie d’un pays et je me fous de savoir qui fait les lois dans ce pays … »
Merci pour ce lever de rideau sur ce qui anime et dirige nos sociétés.
Le système monétaire est devenu un process hypnotiseur ou sa fonction de moyen d’échange pour réaliser ou favoriser le développement d’un projet à pris la place de l’objectif même à atteindre.
Peu importe ce que l’on veut pourvu que cela permette d’en avoir d’avantage
C’est le serpent qui se mord la queue, vivement qu’il bouffe sa propre gueule.
Les articles de Monsieur Bertez forcent pour la plupart l’admiration, tant il pousse souvent la réflexion bien au-delà du seul domaine économique. C’est toujours un plaisir de lire des articles de ce niveau et d’y trouver de quoi alimenter ses propres réflexions.