L’économie réelle serait-elle proche de se débarrasser du surplus de crédit de ces 20 dernières années ?… Eh bien, permettez-nous d’en douter. Mais derrière chaque cas de mauvais paris faits par les banques et de prêts en souffrance qui errent comme des zombies sur les bilans, n’oublions pas qu’il y a des endroits où cet argent n’est pas allé : l’exploration et l’expansion des capacités dans le domaine de l’énergie.
– Pendant que le monde occidental vivait une aventure torride avec l’immobilier résidentiel et la titrisation de prêts hypothécaires, il a oublié de continuer à chercher du pétrole et du gaz afin qu’il y en ait suffisamment pour répondre à la demande croissante des pays en voie de développement. C’était une erreur structurelle — qui constitue de toute évidence un filon fascinant d’investissement et de spéculation.
– Il y a une dizaine de jours, par exemple, le géant malaisien du pétrole Petronas a signé un accord pour prendre deux millions de tonnes par an de GNL (gaz naturel liquéfié), pendant les vingt prochaines années, au projet GNL du Queensland dirigé par Santos. L’accord commence en 2014. BG a signé un accord similaire le mois dernier pour fournir du GNL à la China National Offshore Oil Company.
– Ce qu’il faut noter au sujet de ces nombreuses entreprises étrangères et des grosses sommes qui entrent en jeu chez Queensland GNL, c’est que personne n’a encore de projet commercial visant à transformer le gaz de couche de charbon (CSG) en GNL. C’est la raison pour laquelle nous pensons qu’investir sur le CSG ou le GNL fait partie du secteur de l’énergie non-conventionnelle, ce qui se révèle donc plus spéculatif que la production offshore de GNL comme le font des entreprises comme Woodside Petroleum.
– Le marché du GNL dépend d’ailleurs du prix du pétrole, mais pas de façon toxique, genre arme-de-destruction-financière-massive. Ce qui signifie que les prix du GNL vont probablement suivre les prix du pétrole sur leur montée, tant que les prix du pétrole continuent de grimper (et c’est ce qui, selon nous, va se passer). Votre risque majeur avec ces actions (en comptant les échecs de production, la mauvaise gestion ou les problèmes de financement) c’est que le prix du pétrole s’effondre de nouveau. Mais avec les marchés qui avancent sur la pointe des pieds sur le chemin de la guérison, le pétrole semble consolider sa position autour des 70 $.
** Les obligations, de leur côté, ont l’air moins solides. Les prix ont chuté et les rendements ont augmenté sur les bons du Trésor américain. On peut facilement considérer ça comme une conséquence naturelle de la progression de la rémission. Mais cela peut aussi être lié au fait que le Trésor américain va vendre 140 milliards de dollars de bons de plus aux enchères cette semaine.
– Ce montant s’ajoute aux 104 milliards de dollars vendus aux enchères récemment. Cela fait beaucoup d’argent emprunté, vous ne trouvez pas ? La vente aux enchères du 25 juin va inclure 40 milliards de dollars en bons à deux ans, 37 milliards de dollars en bons à cinq ans, et 27 milliards de dollars en bons à sept ans. Le gouvernement américain a déclaré un déficit de 189 milliards de dollars… au mois de mai.
– Notez l’absence de bons à 30 ans dans cette vente aux enchères. Que ce soit volontaire ou accidentel, cela confirme que les emprunts des Etats-Unis sont devenus beaucoup plus sensibles aux taux d’intérêt. Nous pensons que les créditeurs commencent à rechigner à prêter aux Etats-Unis à des taux fixes sur une période qui dépasse les 10 ans. Ils veulent récupérer leur argent avant que la valeur de leurs investissements n’ait été victime de l’inflation à cause d’un assouplissement quantitatif. Le financement de la dette américaine devient donc plus cher… et plus vulnérable à un pic des rendements.
** En parlant de contrefaçon, avez-vous entendu parler de l’histoire des deux "hommes d’affaire japonais mis en examen" pour avoir été arrêtés en possession de 134 milliards de dollars de faux bons du Trésor américain, alors qu’ils tentaient de franchir la frontière entre l’Italie et la Suisse ? Cette histoire a créé la panique sur internet, où l’on spéculait pour savoir si le Japon — qui avait dit accorder une "confiance inébranlable" au dollar — se débarrassait en secret d’une grosse partie de la dette américaine. Le département du Trésor américain a depuis déclaré que les titres étaient faux et que personne, ils ont bien dit personne, n’essayait de se débarrasser discrètement des bons du Trésor américain.
– Oui, bon. Circulez, il n’y a rien à voir…