Même si vous épargnez correctement toute votre vie, certains événements pourraient réduire cette épargne à néant très rapidement. En voici deux exemples.
Récemment, le site The Hill rapportait :
« Les ventes de logements ont connu la plus forte baisse jamais enregistrée en septembre, en raison de la hausse des taux hypothécaires qui a poussé les acheteurs potentiels à quitter le marché immobilier, auparavant très dynamique.
Un rapport de la société immobilière Redfin montre que le nombre de maisons vendues a diminué de 25% et que les nouvelles annonces ont chuté de 22% en septembre, marquant les plus fortes baisses jamais enregistrées dans les deux catégories – en excluant les chiffres du début de la pandémie de coronavirus, en avril et mai 2020.
Bien que les prix aient baissé récemment, les taux hypothécaires élevés ont fait grimper les paiements mensuels de plus de 50% sur un an, selon le rapport. »
Les Américains de la classe moyenne entreposent une grande partie de leur richesse dans leur maison. Si le prix d’une maison est divisé par deux, une grande partie de leur richesse l’est aussi. De plus, les maisons sont généralement un actif à effet de levier ; un passif aussi bien qu’un actif. Ils empruntent de l’argent pour l’acquérir.
Lorsque la valeur de leur actif diminue, l’écart entre l’actif et le passif se réduit… et parfois se referme complètement. Ensuite, ils sont « sous l’eau », et sans actif. Il ne reste plus que le passif.
Mais la richesse des ménages n’est jamais un sujet simple. Elle raconte qui nous sommes et d’où nous venons. C’est une histoire vernaculaire, propre à l’expérience de chacun. Elle fait écho à des défis, des succès et des échecs personnels sur de nombreuses années. Quelqu’un aurait pu travailler pendant 40 ans dans des mines de charbon, le transport routier ou la recherche biologique. Cette même personne aurait pu investir dans Amazon… rater Tesla… et comment aurait-elle pu savoir que le marché allait se retourner en 2022 ?
Sang, sueur et temps qui passe
Dans un monde normal, honnête, où tout est permis, les gens font du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. Ils subissent des échecs… ils profitent de leurs succès ; ils dépensent une grande partie de l’argent qu’ils ont gagné. Mais ils paient leur hypothèque et économisent autant qu’ils le peuvent. Mais, maintenant, ces économies sont tachées de sueur… et souvent de larmes.
Puis, lorsqu’ils se rendent dans leur tombe, un avocat rédige une notice nécrologique financière, en additionnant les heures travaillées… en soustrayant les pizzas commandées ; il établit un décompte final.
Mais parfois, un événement anti-vernaculaire – une arnaque – s’immisce.
Le romancier Stefan Zweig a décrit l’hyperinflation en Allemagne au début des années 1920 :
« Le mark a plongé, sans jamais s’arrêter jusqu’à ce qu’il ait atteint des chiffres fantastiques – les millions, les milliards et les billions. C’est alors que le véritable sabbat des sorcières de l’inflation a commencé….
J’ai envoyé à mon éditeur un manuscrit sur lequel j’avais travaillé pendant un an ; pour plus de sûreté, je lui ai demandé une avance de mes droits d’auteur sur dix mille exemplaires. Le temps que le chèque soit déposé, il payait à peine l’affranchissement du colis envoyé une semaine auparavant.
Dans les tramways, on payait en millions. Des camions transportaient le papier-monnaie de la Reichsbank aux autres banques et, quinze jours plus tard, on trouvait des billets de 100 000 marks dans le caniveau ; un mendiant les avait jetés avec mépris. Une paire de lacets coûtait plus qu’une chaussure n’avait coûté autrefois ; non, plus qu’un magasin de chaussures à la mode contenant deux mille paires n’avait coûté auparavant ; réparer une fenêtre cassée coûtait plus que toute la maison n’avait coûté autrefois, un livre plus que l’atelier de l’imprimeur avec cent presses. »
Les professeurs avaient été tenus en haute estime dans la société allemande, avant cet épisode d’hyperinflation. Mais les salaires des pauvres professeurs ont été réduits à néant par l’inflation. Ils ont dû retrousser leurs manches pour ramasser les ordures… ou envoyer leurs filles se prostituer dans la rue… pour que la famille puisse manger.
Nous avons vu de nos propres yeux une version plus modeste de cette situation.
Promesses non tenues
Nous avons participé à une réunion avec le président argentin de l’époque, à la fin des années 90. Il avait relié le peso argentin au dollar américain, un pour un. Tout semblait parfait. Et il a juré qu’ils n’abandonneraient jamais l’ancrage avec le dollar, le « peg ».
« Ce serait désastreux », prédisait-il.
Mais quelques mois plus tard, nous avons pu constater à quel point c’était désastreux. Le gouvernement avait dépensé trop d’argent. Il ne pouvait plus se permettre de racheter des pesos contre des dollars. Alors, il a « cassé la parité ». Les comptes bancaires ont été saisis. Les comptes en dollars ont été convertis en pesos. Les personnes qui avaient épargné en dollars, « par sécurité », ont soudainement vu leur patrimoine amputé de 65% de sa valeur.
Les salaires ont été réduits par l’inflation. Il était devenu courant de fouiller dans les poubelles. Certaines personnes fouillaient les poubelles pour trouver quelque chose à manger. D’autres en sortaient les boîtes en carton qu’ils pouvaient vendre pour quelques centimes aux recycleurs.
Il y a eu des émeutes et des manifestations… qui ont abouti à l’élection d’un des gouvernements les plus corrompus et incompétents de l’histoire de l’Argentine. L’inflation a augmenté. Le peso valait environ 30 cents américains au début des années 2000. Aujourd’hui, il vaut moins d’un demi-centime.
L’ordre civilisé et vernaculaire s’est effondré. Les gens se sont rendu compte que le système était injuste… et qu’il récompensait ceux qui faisaient la queue. Chaque jour de paie, ils se sentaient floués. « A quoi bon travailler », se demandaient-ils. Et puis…
« Ces types sont des escrocs… et ils s’enrichissent. Je devrais être un escroc aussi. »
Quand cela arrive, tout le système s’effondre.
A suivre…