Le rendement de l’assurance-vie en euro est victime de la politique monétaire de la BCE et la garantie en capital sera écornée des frais. Mais vous n’êtes pas obligé de subir…
Tandis que la BCE semble particulièrement satisfaite de ses résultats et sûre de sa gestion, la Fédération française des assureurs a enfin rendu public le taux de rémunération moyen du fonds euros.
La BCE a-t-elle « gagné la partie » ?
Mario Draghi poursuit sa politique de rachat d’actifs financiers à hauteur de 80 Mds€ par mois. Le patron de la BCE, dont le bilan a explosé à plus de 3 360 Mds€ fin 2016, jugeait lors de sa conférence de presse du 8 mars « la partie comme gagnée sur le front de l’inflation ».
La politique monétaire va-t-elle bientôt redevenir normale ?
Officiellement, une réduction des rachats à 60 Mds€ par mois est prévue pour avril prochain. Pour ce qui est des taux directeurs, ils ont vocation à rester bas, et ce même lorsque le plan de rachat d’actifs de la BCE sera arrivé à son terme.
Et pourtant, certains commentateurs sont… comment dirais-je ? Sceptiques ! Philippe Béchade parlait en décembre de « QE éternel ». Chez Natixis, l’air du temps est plus à la publication de Flash Economie sur le thème de l’irréversibilité des politiques « exceptionnelles » des banques centrales qu’à la célébration de la politique de Mario Draghi. Voyez donc…
La question de la viabilité de l’euro en tant que monnaie est également revenue sur le devant de la scène. A quelques jours des élections législatives aux Pays-Bas, et à une quarantaine de jours du premier tour des élections présidentielles françaises, les partisans de la monnaie unique ont de quoi être inquiets.
Plus menteur qu’un banquier central en fonction ?
A défaut de prétendre, comme l’a fait Jean-Claude Trichet au mois de janvier, que « l’euro est un succès », Mario Draghi a tenté jeudi passé de rassurer son public en avançant que « l’euro est irrévocable ». A la lecture de telles déclarations, on se dit qu’il est difficile de trouver plus menteur qu’un banquier central en fonction… à part peut-être un banquier central à la retraite !
Ce ne sont d’ailleurs pas les avis contraires à ceux de messieurs Trichet et Draghi qui manquent. Début janvier, le vice-chancelier allemand et désormais ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel déclarait au Spiegel qu’il n’est « plus impensable que l’euro éclate ».
Aux Pays-Bas, courant février, des députés ont commandé un rapport sur l’euro, en prévision « d’un débat au Parlement sur l’opportunité d’abandonner la monnaie unique », rapportait Atlantico le 25 février. Contrairement à monsieur Trichet, Pieter Omtzigt, le député qui a lancé la motion parlementaire proposant ce débat, considère que « les problèmes de l’euro n’ont pas été réglés » et que ce rapport constituera « un moyen de regarder vers le futur sans tabous ».
Nul doute que s’il tenait une chronique de politique monétaire, Clint Eastwood dirait que le monde se divise en deux parties : les banquiers centraux, et les autres !
Il existe – hélas pour vous – un lien fatal entre la politique monétaire et le rendement de votre assurance-vie.
Côté rendement, on se dirige tranquillement vers… 0 !
On connaît enfin le rendement moyen des fonds euros en 2016 ! Cette année, les assureurs ne se sont en effet pas bousculés au portillon pour communiquer à ce sujet. Il a fallu attendre le 9 mars pour que la Fédération française de l’assurance (FFA) annonce le chiffre de 1,8%, soit une chute de plus de 20% par rapport aux 2,30% de 2015.
Les contrats qui ont subi au fil des ans la plus forte érosion sont malheureusement les plus répandus, c’est-à-dire ceux des réseaux bancaires, avec du 1,15% sur Vivaccio (la Banque Postale), 1,30% sur Horizéo (la Banque Populaire), Nuances 3D (la Caisse d’Epargne), Predissime 9 (Crédit Agricole), Séquoia (Société Générale), etc.
Avec une inflation à 0,2% sur 2016 et des prélèvements sociaux toujours à 15,5%, nous pouvons mettre à jour notre graphique de suivi :
Nous voilà donc avec un rendement « réel » (c’est-à-dire hors inflation au sens de l’INSEE et hors prélèvement sociaux) moyen de 1,35%. En moyenne, le fonds euros a donc rapporté 0,60% de plus que le Livret A (0,75%) en 2016.
Quid de 2017 ?
L’année prochaine, le rendement moyen des fonds euros poursuivra sa baisse. L’inflation, elle, est par contre attendue en hausse à plus de 1% (1,4% en janvier 2017…). Pas sûr que la courbe rose de notre graphique entre en contact avec la prochaine barre jaune, mais la courbe violette devrait être au plancher… à défaut d’être à la cave !
Certains assureurs ont déjà pris ce risque en considération, pour qu’ils puissent continuer à se rémunérer eux, bien sûr ! C’est notamment le cas de Groupama. Le Revenu rapportait au mois de janvier que l’assureur a informé ses clients (au travers d’une lettre d’information ayant valeur d’avenant) que les frais de gestion de l’un de ses contrats ne seront plus prélevés sur la participation aux bénéfices, mais sur l’encours du support euros. Ainsi, en cas de rendement du fonds euros inférieur aux frais de gestion, la rémunération de l’assureur restera stable. Tant pis pour l’épargnant qui verra la valorisation de son fonds euros baisser ! Et voilà un clou de plus sur le cercueil de la garantie en capital à 100% du fonds euros.
[NDLR : Vous n’êtes pas obligé de subir cette érosion fatale des rendements de votre contrat. Vous pouvez très bien basculer votre contrat en euro en contrat en unités de compte. Tous les trimestres notre spécialiste indépendant guidera vos choix pour que vous puissiez choisir les meilleurs supports pour le trimestre à venir. Comment faire ? Tout est expliqué ici.]
Qu’en conclure pour vos investissements ?
Avec un retour de l’inflation dans un contexte où les assureurs ont vocation à servir un rendement de plus en plus faible, les fonds euros sont de moins en moins rentables. Dans ces conditions, demandez-vous si cela vaut le coup de sacrifier votre épargne, a fortiori en la laissant à la merci de la loi Sapin 2.
Heureusement, d’autres pays proposent un cadre juridique plus favorable aux épargnants, avec des contrats haut de gamme plus à même de garantir la sécurité de leur argent, notamment face au risque d’explosion de l’euro.