Les investisseurs cherchent à soulager leur douleur alors que la gueule de bois de l’après-bulle se fait ressentir.
« La fête est finie. »
~ Carl Icahn
Jusqu’à présent, cette affirmation semble correcte.
Les actions sont en baisse d’environ 15%. Et les bons du Trésor à deux ans ont atteint les 4% fin septembre. Et dire que ce chiffre était de 0,17% en août de l’année dernière.
Si seulement nous avions tout refinancé à l’époque… et bloqué ces taux ultra-bas, pour qu’ils restent ainsi jusqu’à la fin des temps !
Mais nous n’avons pas 30 000 Mds$ de dette à refinancer. Le gouvernement américain, si. C’est là que tout se joue… La question la plus importante de la finance est la suivante : comment et quand fera-t-il défaut ?
Hier, nous avons examiné la dynamique politique qui sous-tend le programme de resserrement de la politique monétaire de la Fed. L’inflation est toujours et partout un phénomène politique. Il y a inflation lorsque les politiciens dépensent plus qu’ils ne peuvent se permettre… et qu’ils « impriment » de l’argent pour combler leurs écarts. C’est fondamentalement un défaut de paiement pour les créanciers, qui récupèrent moins que ce qui leur a été promis. Pour tous les autres, l’inflation est une taxe – déguisée et retardée – qui est prélevée principalement sur les ressources des pauvres, des classes moyennes… et des individus qui n’ont pas conscience de ce qui se trame.
Et en ce moment, les politiciens des deux partis opposés sont d’accord – ils en veulent plus. L’inflation est la source de leur richesse et de leur pouvoir. Elle leur permet de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas pour financer des initiatives dont nous n’avons pas besoin.
Mais ils ont également besoin d’une récession déflationniste… pour fournir une couverture à leur inflation renouvelée, et pour maintenir les prix à la consommation à la baisse pour les masses, alors qu’ils augmentent les prix des actifs pour l’élite.
Voilà leur formule magique. Le resserrement pour provoquer une crise, puis le relâchement pour sauver le monde.
La partie la plus douloureuse
Non, nous ne pensons pas que les autorités américaines aient bien réfléchi à tout cela. Et non, nous ne lisons pas les journaux avant vous. Nous essayons simplement d’identifier un « modèle » pour essayer de comprendre ce qui va se passer. Nous nous interrogeons sur les motivations des décideurs, et sur les conséquences probables de leurs décisions.
D’abord… une mise à jour s’impose. MarketWatch :
« La banque centrale a relevé pour la cinquième fois cette année le taux d’intérêt américain, qui influence le coût des emprunts. Les hausses de taux sont censées ralentir suffisamment l’économie pour faire baisser l’inflation, la plus élevée depuis 40 ans.
Dans un important discours prononcé le mois dernier, le président de la Fed, Jerome Powell, a prévenu le peuple qu’il ressentirait ‘une certaine douleur’ à la suite des efforts plus agressifs de la banque pour faire reculer l’inflation. »
Mais ce n’est que ces dernières semaines que les investisseurs ont commencé à prendre au sérieux cette idée de « douleur ». Maintenant, ils se demandent tous où ils ont mis leurs antalgiques. MarketWatch continue :
« Selon Ray Dalio, les actions et les obligations vont encore chuter, et une récession aux Etats-Unis est à prévoir pour 2023 ou 2024.
‘Nous frôlons une année à 0%. Je pense que la situation va empirer en 2023 et 2024, ce qui aura des implications pour les élections’, a déclaré Ray Dalio… »
Certains analystes exhortent la Fed à agir plus rapidement et à en finir plus vite. Markets Insider :
« La Fed sait où elle doit aller… pourquoi ne pas arracher le pansement, et y arriver plus vite. »
Mais il n’existe aucun moyen de raccourcir le voyage. Il faut du temps… pour que les politiques faussent les marchés… pour que les entreprises, les investisseurs et les consommateurs réagissent aux nouveaux prix… et pour que les gens soient trompés par ces derniers.
La seule façon d’atténuer la douleur serait de faire la dernière chose que les élites ont en tête. Elles devraient admettre qu’elles ne sont pas en pouvoir d’améliorer l’économie… et se retirer. Mais bien sûr, elles n’en seront pas capables. Au lieu de cela, elles vont faire ce qu’elles font toujours : essayer de gérer la situation… et l’aggraver.
Des gâchis à gogo
Le gouvernement américain a ajouté 24 500 Mds$ à sa dette depuis le début du siècle. La « guerre contre le terrorisme »… les chèques aux contribuables… les mesures de lutte contre le chômage… les prêts non remboursables… les déficits… l’aide à l’Ukraine… le renflouement de Wall Street – toutes ces choses coûtent de l’argent. Dans une économie honnête, où les gouvernements devaient emprunter de l’épargne réelle, les taux d’intérêt auraient augmenté, et ils se seraient rapidement posé des questions. « Est-ce vraiment nécessaire ? » serait en tête de liste.
Mais dans un monde où l’argent semble être gratuit, même les projets les plus fous sont financés. De plus, comme la Fed a fait baisser les taux d’intérêt, le gouvernement a pu emprunter davantage… et ses frais d’intérêt ont diminué. La dette a été payée.
Oui, la Fed était sur le coup… prête à permettre les programmes les plus absurdes. Elle a placé son taux directeur à zéro, rendant possible toutes sortes de manigances – des milliers de milliards de dollars de dette se sont échangés à des taux d’intérêt négatifs ; les NFT étaient censés valoir des millions ; le marché des cryptos a atteint 3 000 Mds$ de capitalisation totale. Des entreprises zombies inondaient les marchés – désireuses de se nourrir de notre précieux capital.
Et puis, il y a eu les mésaventures au Moyen-Orient qui ont duré plus de vingt ans… des centaines de milliards de dollars supplémentaires à dépenser pour tenter de baisser le thermostat terrestre… et des milliards supplémentaires pour des gâchis à profusion, y compris des cadeaux aux fabricants de puces américains et à l’industrie de la défense…
Tout le monde connaît maintenant les règles du jeu. Comme le rapporte Breitbart :
« Le président ukrainien Volodymyr Zelensky [était] l’orateur principal d’une grande conférence de l’industrie de la défense à Austin, Texas, [fin septembre]. »
Zelensky sait où se trouve le profit. Les dirigeants de l’industrie de la défense aussi. Les taux bas ont permis de dépenser pour des guerres de « choix » (qui n’avaient pas besoin d’être menées). Elles ont été perdantes pour presque tout le monde – mais pas pour l’industrie de la défense.
Mais les autorités américaines ne sont pas les seules à s’être servis au grand buffet de la Fed. Les ménages et les entreprises ont aussi englouti l’argent « gratuit ». Maintenant, à eux trois – gouvernement, entreprises, ménages – ils sont tellement surchargés de dettes… un total de 90 000 Mds$… qu’ils peuvent à peine bouger.
Mais la fête est finie.
Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir comment ils vont rembourser la dette, ce qui n’est plus possible… Mais plutôt comment ils éviteront de la payer.