Le mythe de la crédibilité des banques centrales est bien utile, mais n’est qu’un mythe. Dans la réalité, il y a bien longtemps que les autorités monétaires n’ont plus de choix.
Le système fonctionne sur de nombreux mythes, mais il y en a un qui est particulièrement tenace, c’est celui de la subjectivité.
Ce mythe consiste à croire que les situations évoluent en fonction de la volonté, de la personnalité et donc de la subjectivité des hommes qui en sont les figures de proue. C’est un mythe utile pour la gouvernance de nos sociétés.
Bien entendu, c’est faux. Les hommes, chacun avec leurs personnalité, langage et humeurs, ne font rien d’autre que conduire un changement ou des événements qui leur sont imposés par les circonstances. Il faut pourtant maintenir le mythe, et c’est pour cela que les questions de crédibilité se posent.
La Fed n’a aucun choix, les dés ont été jetés il y a longtemps ! Et je peux vous dire par mes contacts directs aux plus hauts niveaux que les élites le savent.
Les autorités monétaires ont choisi de sauver l’ordre mondial. Elles ont choisi en 2009 la voie de l’inflationnisme, c’est-à-dire la voie de la fuite en avant dans le crédit et la monnaie tombée du ciel. Le fameux « kick the can », la remise au lendemain perpétuel, que tout le monde a oublié alors qu’il dure et se déploie de plus belle.
Elles ont échoué en 2011 car les jeunes pousses, les « green shoots » de Bernanke, n’ont jamais pris racine. Elles ont donc dû continuer sans jamais pourvoir sortir du piège dans lequel elles s’étaient placées elles-mêmes. La politique monétaire c’est Hotel California : on peut s’enregistrer à la réception, mais jamais repartir.
L’échec, vous le voyez sur le graphique ci-dessous. C’est quand il est devenu évident que la politique monétaire avait échoué à produire une reprise auto-entretenue de l’économie réelle que le marché boursier a enclenché sa hausse continue et régulière.
Pourquoi ? Parce que les élites ont compris à ce moment qu’il n’y aurait plus jamais de retour en arrière. Marche ou crève ; monte ou le chaos.
La voie est à sens unique. Donc il faut gesticuler faire semblant de maintenir le mythe que l’on dirige, alors que l’on ne fait que suivre, que l’on obéit à une logique, à un engrenage.
La seule chose que la Fed maitrise, c’est le style, la forme. Car, sur le fond, elle ne contrôle plus rien.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]