La Fed semble s’entêter dans une politique de taux élevés, au risque d’asphyxier l’économie américaine. Une stratégie isolée à l’échelle mondiale, au moment même où l’Europe, le Royaume-Uni et la Chine relancent vigoureusement l’accès au crédit pour stimuler la croissance.
Dans un contexte économique mondial marqué par l’incertitude et la raréfaction des opportunités rentables, la Chine s’impose à nouveau comme un territoire d’investissement incontournable. Après avoir surmonté de profondes transformations économiques et politiques, le pays entre dans une nouvelle phase de développement, comparable à celle qui a suivi la crise de 2008 – une période où ceux qui ont su investir tôt ont réalisé des gains exceptionnels. Lors de notre conférence exclusive, vous découvrirez pourquoi ce moment précis pourrait marquer le début d’un nouveau cycle de prospérité pour les investisseurs avertis, et comment vous positionner dès maintenant pour capter les plus belles perspectives de croissance sur ce marché.
Le bras de fer qui oppose la Fed et la Maison-Blanche tourne à la guerre des tranchées. La semaine dernière, Jerome Powell a confirmé maintenir les taux directeurs à leur niveau actuel, insistant sur le fait que l’économie américaine pourrait subir un rebond de l’inflation dans les prochains mois.
En pointant du doigt de manière à peine voilée la surenchère douanière tous azimuts pratiquée par Donald Trump, le patron de la Fed met Washington face à ses responsabilités. Les droits de douane sont, selon la nouvelle administration, une « arme politique » : c’est vrai, mais elle a un coût. Et celui-ci n’est pas seulement diplomatique, il est aussi économique : ses effets sur le prix des biens importés risquent de se compter en dizaines de pourcents pour les consommateurs.
La Fed peut donc tout à fait se prévaloir de sa mission de stabilisation des prix pour maintenir ses taux à un niveau élevé. Mais la situation économique du printemps 2025 n’est pas celle du printemps 2022 : cette nouvelle vague d’inflation ne sera pas provoquée par une surchauffe de l’économie – mais par un décrochage entre la demande et l’offre disponible, les produits importés se raréfiant.
Les USA de 2025 ressemblent fort à l’Europe de 2022, et la Fed joue la même partition que la BCE il y a trois ans : celle de l’asphyxie de la demande pour rétablir l’équilibre offre/demande. Comme sur le Vieux Continent, cette politique aura des conséquences dramatiques sur le pouvoir d’achat des citoyens et sur les bénéfices à venir des entreprises. Et, plus grave encore, alors que les hausses de taux d’intérêt post-COVID s’intégraient dans un mouvement partagé sur la scène internationale, la Fed fait désormais cavalier seul en maintenant des taux réels largement positifs.
En Europe, au Royaume-Uni et même en Chine, les initiatives des banques centrales pour faire de nouveau circuler l’argent se multiplient. Les politiques monétaires s’appréciant toujours par comparaison entre zones géographiques, l’avantage d’un accès au capitaux faciles qui a fait le succès des USA depuis la seconde guerre mondiale est en train de s’évaporer.
Pour les investisseurs qui avaient pris l’habitude de se diversifier aux USA pour profiter du dynamisme de cette économie bien financée et stable, ce début d’année est un véritable revirement de situation. Non seulement les entreprises américaines font désormais face à un risque politique comparable à celui qui pèse sur les économies émergentes, mais l’accès au capital va devenir plus difficile à New York qu’à Shanghai – un camouflet pour une administration qui se veut pro-business.
Quand (presque) toutes les Banques centrales facilitent l’accès aux capitaux
Ces derniers jours ont été riches en événements sur les marchés monétaires. Le 23 avril, les trois taux directeurs de la BCE ont été abaissés de 25 points de base. A 2,25%, ils ont diminué de moitié par rapport au mois de juin dernier.
Avec une hausse des prix qui s’établissait encore à 2,2% en mars, la Banque centrale européenne peut encore prétendre mener une politique monétaire sinon restrictive, du moins neutre. Mais cette rigueur, désormais toute relative, touche à sa fin avec de plus en plus de voix qui appellent à de nouvelles baisses de taux pour faire plonger les taux réels (les taux d’intérêt diminués de l’inflation) en territoire franchement négatif.
Les entreprises européennes retrouveraient alors les conditions monétaires qui prévalaient jusqu’en 2022, avec un coût réel négatif de l’argent et une incitation à emprunter, investir, et dépenser.
Après six mois de stagnation de l’économie du Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé à son tour un nouvel assouplissement monétaire jeudi dernier. Le taux directeur outre-Manche a été ramené de 4,5% à 4,25%, une décision motivée par « la baisse des pressions inflationnistes ».
En réalité, la BoE a privilégié le soutien à l’économie plutôt que la stabilité des prix. En passant de 2,8% en février à 2,6% en mars, la baisse de l’inflation est symbolique – ce qui explique pourquoi l’économiste en chef de la BoE, Huw Pill, a d’ailleurs voté pour maintenir les taux à 4,5%. Mais les craintes de récession ont fait plier les membres de la Banque centrale.
Malgré l’accord douanier signé en grande pompe avec Donald Trump, les prévisions de croissance du Royaume-Uni ont été revues le même jour à 1,2% pour 2025, contre 1,5% précédemment. Plutôt que de s’enferrer dans la stagflation, la BoE prend le risque d’une reprise de l’inflation – un prix à payer acceptable pour faire repartir le PIB.
A l’autre bout de la planète, la Chine en fait de même. Si l’Empire du Milieu est loin de subir une croissance aussi atone qu’en Europe (UBS anticipe une hausse du PIB de 3,4% cette année en Chine), Pékin espère ressusciter un allié économique disparu depuis cinq ans : le sentiment de richesse des ménages.
Pékin ouvre les vannes du crédit pour stimuler la croissance
Avant même l’ouverture des négociations commerciales entre Pékin et Washington, les autorités monétaires chinoises ont décidé d’ouvrir les vannes des liquidités.
La PBOC a décidé que le taux des réserves obligataires imposées aux banques baisserait d’un demi-point de pourcentage à partir de ce mercredi. Cela permettra aux banques commerciales d’octroyer plus de crédit aux entreprises et aux particuliers à quantité de dépôts égale.
Dans le même temps, la banque centrale diminuera le taux de rémunération au jour le jour des dépôts bancaires, qui passera de 1,5% à 1,4%. Et si ces mesures ne suffisaient pas à convaincre les établissements d’ouvrir en grand les vannes du crédit, la PBOC a annoncé la mise en place prochaine d’impression monétaire sous forme de facilités de prêt pour acheter des obligations d’entreprises dans le domaine des nouvelles technologies, du soin aux personnes âgées et de la consommation de services – tous les secteurs jugés comme offrant le plus de potentiel de croissance par Pékin.
Avec ces largesses monétaires, l’Empire du Milieu souhaite libérer le dernier rouage grippé de son économie : la consommation des ménages. Avec d’importantes surcapacité de production et une abondance de capitaux, les usines chinoises n’attendent que le retour des consommateurs optimistes pour tourner à plein régime.
Tétanisés par la baisse de l’immobilier, les ménages chinois ont réduit leur consommation de biens et services depuis deux ans. Dans le même temps, leur taux d’épargne n’a fait qu’augmenter. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de l’économie française. Ce ressort comprimé comme jamais ne demande qu’à se détendre pour faire repartir la croissance à la hausse, et la PBOC comme la BCE semblent prêtes à donner l’impulsion monétaire qui manque à l’économie pour que producteurs et consommateurs se retrouvent enfin.
Des politiques diamétralement opposées à celle de la Fed, qui se dirige vers un étouffement du pouvoir d’achat des entreprises et des ménages au nom de la stabilité des prix – une stratégie qui a coûté cher à l’Europe, et qui aura les mêmes effets outre-Atlantique.
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Le matérialisme rencontre nécessairement ses limites : Partout dans le monde, aux USA de Trump comme dans la Chine de Xi Jinping. Mais c’est toujours la guerre entre ceux qui ont plus et ceux qui ont moins.